Nous le savons tous, les os donnent au corps sa structure, soutiennent et protègent les parties molles, et renferment la moelle, qui produit les cellules sanguines. Mais quand l'un des axes de cette «charpente» se casse brutalement, le traumatisme demeure insoutenable. Sport, accidents, chute, choc violent ou ostéoporose… les causes des fractures sont multiples. Comment réagir face à ces graves pathologies ? Zoom sur notre capital osseux. Définie comme rupture de continuité (cassure) d'un os des membres, la fracture des os laisse distinguer entre deux formes de casse: Les fractures fermées, sans plaie associée, et les fractures ouvertes où il existe une plaie qui communique avec la fracture et favorise l'infection. A noter que les fractures les plus fréquentes sont celles du poignet, du col du fémur (surtout chez les personnes âgées), de la cheville et de la jambe.
Toutefois, Les symptômes d'une fracture sont souvent évidents: «le sujet entend un craquement et ressent une vive douleur qui augmente lorsqu'il tente de bouger le membre atteint. Aussi, le gonflement et la déformation de la zone fracturée sont visibles. Dans d'autres cas, ce n'est que le bilan radiographique qui fera le diagnostic de fracture», explique le Dr Anouar Cherkaoui, professeur de traumatologie orthopédie.
Fracture des membres supérieurs
En effet, de l'avis des chirurgiens orthopédistes, le traitement des fractures des membres diffèrent d'une partie à l'autre. Ainsi, si la fracture de la clavicule se traite orthopédiquement (sans ouvrir) et sans trop de complications hormis quelques rares cas justifiant une chirurgie, la fracture du coude est plus délicate à traiter. La partie haute du cubitus pose également problème. Quant au poignet, il ne présente pas de caractère de gravité particulier en dépit de sa configuration particulière. Enfin, en ce qui concerne la main, il est clair que certains doigts comme l'index ou le pouce méritent un traitement de faveur, tant ils sont importants dans les gestes de tous les jours. La chirurgie vise ici à restituer la mobilité pour recouvrer l'usage de ses doigts dans les meilleurs délais.
Aussi, il faut souligner que la fracture peut être simple (deux fragments) ou complexe (plusieurs fragments). Elle est non déplacée si les morceaux de l'os restent en contact ou déplacée s'ils se sont écartés et ont changé de direction. Dans ce dernier cas, le traitement devra rétablir la continuité de l'os en "réduisant" la fracture. Cette opération peut se faire sans ouvrir (réduction orthopédique) ou au cours d'une intervention chirurgicale (réduction sanglante).
Ceci dit, la fracture peut spontanément être stable (les fragments n'ont pas tendance à bouger) ou instable et nécessiter des moyens externes (plâtre, attelle) ou internes (vis, plaques, broches, on parle alors d'ostéosynthèse). Le nombre de traits fracturaires mis en évidence à la radio oriente le médecin. Il faut soulager d'abord par un bandage, une attelle, traiter ensuite si besoin de façon chirurgicale en cas de fracture compliquée ou ouverte et ne pas négliger les risques infectieux et circulatoires qui constituent une priorité thérapeutique.
Fractures des membres inférieurs
En matière de fracture simple ou complexe, certains membres semblent être plus menacés (hanche et col du fémur) et exposent leurs victimes à des risques variables. D'autres, moins exposés (fracture de la cuisse), présentent un risque hémorragique. Lors d'un éventuel incident, les médecins évoquent l'urgence et la nécessité d'évacuation immédiate du patient en présence d'une fracture avec déplacement, avec ouverture cutanée (risque d'infection), avec risque d'ischémie ou de paralysie si des nerfs ont été endommagés. Dans ces cas extrêmes, le recours immédiat aux urgences accélère la prise en charge du patient. Il est à signaler que les causes de ces traumatismes ne résultent pas uniquement d'un contexte sportif avec choc direct sur la jambe, le pied ou la hanche. Certes, dans la vie courante, les accidents de la route, en particulier des deux roues, sont de grands pourvoyeurs de fractures, mais, les personnes âgées sont aussi sujettes aux fractures du col du fémur ou de la hanche.
Fragilisée par l'arthrose, les vertiges, une mauvaise appréciation des distances, cette population est souvent victime de fractures liées à l'ostéoporose. Comparativement aux adolescents, les personnes âgées tombent et «se cassent» davantage. Toutefois, ceci ne signifie pas qu'elles consolident moins bien leurs fractures après réparation. Col du fémur, poignets, vertèbres… l'ostéoporose est donc responsable de plusieurs fractures. Et les plus âgés ne sont pas les seuls concernés. Dès la cinquantaine, cette affection nous guette. Selon certaines statistiques, près d'une femme sur deux sera victime d'une telle blessure. L'ostéoporose veut littéralement dire "os poreux". Cette maladie rend donc les os fragiles, augmentant le risque de fracture lors de traumatismes minimes de la vie courante. Les conséquences de ces accidents ne sont pas anodines. Une femme de 50 ans a un risque de décéder d'une fracture de la hanche comparable à celui de mourir d'un cancer du sein.
Recours à la chirurgie
La chirurgie ne s'impose pas systématiquement. En effet, elle est réservée aux fractures déplacées. Pratiquée sous anesthésie, parfois à l'aide d'orthèses, de prothèses ou de broches, la chirurgie a pour buts de redonner une rigidité à la pièce osseuse fracturée, de supprimer les phénomènes douloureux résultant d'une malposition et de récupérer une mobilité permettant le mouvement. Ainsi, un genou ou une cheville pourront se plier au bout de 4 à 6 jours si la fracture n'a pas trop endommagé les cartilages voisins. Au-delà du soulagement procuré par les antalgiques, la nécessité de prévenir l'apparition des thromboses, des phlébites résultant de l'engourdissement des membres inférieurs placés dans l'incapacité de tout déplacement, est devenue une priorité thérapeutique.
Ainsi, le traitement comporte systématiquement deux volets: La stimulation musculaire grâce à un système de traction comportant poulies et contrepoids et la prescription de dérivés de l'héparine (anticoagulant) par voie orale. Quant à la surélévation des pieds du lit, elle vient compléter l'arsenal des mesures visant un rétablissement de la circulation.