Spécial Marche verte

Un moyen de transport pas comme les autres

Les triporteurs pour passagers se présentent comme une alternative sûre aux charrettes.

01 Novembre 2009 À 10:21

Le triporteur… vous connaissez ce genre de moto? Ce petit véhicule à trois roues, une devant et deux derrière, avec une coffre pour des marchandises. Oui, bien évidement! Ceux distribués dans le cadre de l'Initiative nationale pour le développement humain sont bien connus dans tout le pays. Il y en a aussi depuis peu une autre variante, qui se répand dans nos villes. C'est une invention qui vient tout droit des firmes asiatiques. Cette moto avec 4 à 6 sièges pour passagers s'impose déjà comme une véritable alternative aux moyens de transport existant dans plusieurs villes. En particulier à Casablanca, dans le quartier populaire de Hay Hassani, l'un des plus peuplés, où cette moto commence à remplacer les moyens traditionnels comme les grands taxis et les dangereuses charrettes à cheval.

Le triporteur est, de ce fait, en train de remplacer la charrette. Telle est la remarque que se font des habitants de Hay Hassani. Ils semblent même soulagés de voir un autre moyen de transport qui concurrence enfin les charrettes à cheval. Jamal, un père d'une famille nombreuse, a vendu ses trois vieilles charrettes, pour acheter d'un coup trois triporteurs à 4 sièges. «J'ai compris que ce n'est plus le temps des charrettes. De plus, elles peuvent être actuellement la cause de beaucoup de problèmes: elles entravent la bonne circulation et provoquent des accidents de la circulation», précise-t-il. Il est aussi content d'avoir accordé le repos à ses chevaux, vendus à un paysan d'Azemmour. Et d'ajouter: « Mes fils et moi avons eu beaucoup de problèmes à cause des maudites charrettes. Car ces dernières années, la circulation s'est densifiée. Les risques d'accidents ont de facto augmenté car les chevaux ont souvent peur. J'ai préféré donc abandonner les charrettes et acheter les triporteurs pour mes fils et moi-même».

Transport à haut risque
Il est vrai que les charrettes sont dangereuses à plusieurs égards, surtout pour les passagers. Monter ou descendre d'une charrette est une opération difficile et délicate. En roulant, un enfant peut tomber, et se faire très mal. Pour ''obliquer à gauche, il faut bien quitter le bord droit protecteur de la chaussée... et c'est une transition très délicate''. Cependant, les conducteurs des charrettes ne sont pas toujours très disciplinés. Par exemple, sur l'avenue du petit souk, qui est en fait l'artère principale du quartier, dans la section où elle est relativement large, peu de conducteurs de charrettes respectent les normes de sécurité. En résumé, pour les passagers, le trajet en prenant la charrette n'est pas très rapide, ni vraiment confortable. Il est plutôt risqué.

Désormais, les triporteurs font véritablement partie du décor et tentent de prendre la place des charrettes, avec pour l'instant un succès encore mitigé. Nous étions témoins d'un accrochage entre un chauffeur de grand taxi et un conducteur de charrette, qui a tourné à la confrontation verbale. «Une scène courante», commente un habitant du quartier. Au fil de la discussion, une personne a indiqué: «Le triporteur apporte une solution adaptée au manque chronique de moyens de transport pour les liaison entre le grand souk de Hay Hassani et les quartiers Wifak II et III ainsi que celui de l'ancien cimetière ». D'ailleurs, il est également propriétaire de triporteur. Il a vendu il y a trois mois sa charrette et l'a acheté pour assurer la liaison entre les quartiers périphériques et le centre de Hay Hassani. «J'ai été pas mal de fois témoin des problèmes causés par certains conducteurs de charrettes, des nouveaux dans le métier, qui se bagarrent pour rien. ‘Hamdo lil Allah', jusqu'à présent je n'ai pas eu d'accident.», souligne-t-il.

Et d'ajouter : «Nous rendons des services aux usagers dans la mesure où les coûts du transport pèsent de plus en plus sur les budgets des ménages et les nécessités de se déplacer augmentent». A noter que les tarifs des grands taxis varient entre 3 et 4 DH par personne, suivant la distance, alors que les charrettes sont à 2,50 DH par personne, mais n'acceptent pas d'aller aussi loin. Quant aux triporteurs, le tarif est fixé à 3 DH par personne et leurs conducteurs peuvent vous déposer à proximité de votre maison. Les habitants du quartier semblent donc donner la préférence aux triporteurs par rapport aux grands taxis et aux charrettes pour des motivations assez différentes mais qui aboutissent au même choix. «Ce moyen de transport permet la liaison entre le centre de Hay Hassani et ses zones périphériques que les grands taxis n'assurent pas », souligne Kamal. Il habite à la résidence Khaled, à proximité du quartier Wifaq III, où seul jusqu'à récemment, les charrettes garantissaient la liaison. « Je n'aime pas trop prendre ces charrettes, et j'interdis fermement à toute ma famille d'utiliser ce moyen de transport dangereux», ajoute-t-il, avant de préciser : «Les charrettes sont la cause principale des altercations et les accrochages dans le quartier».
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Le triporteur pour aller au stade

Il est à noter également que ces motos sont aussi utilisées comme moyens de transport pour rejoindre des destinations plus lointaines comme les quartiers ‘Mâarif', ‘Beauséjour' ou le centre-ville. Par ailleurs, les jours des grands matchs de foot-ball au complexe
sportif Mohammed V, il n'est pas étonnant de voir des supporters qui arrivent par groupe, entre autres, soit par des motos triporteurs à sièges soit par des camionnettes.
Les supporters réguliers préfèrent toujours un moyen sûr pour aller au stade. Un choix motivé surtout par le prix raisonnable.
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