Spécial Marche verte

Le système LMD sous la loupe

Les épreuves de rattrapages du semestre du printemps viennent de commencer. En fin d'après- midi, des étudiants mécontents sont regroupés devant l'administration.

15 Juillet 2009 À 12:58

Pour motifs: certains évoquent le droit de passer les rattrapages alors que d'autres pointent du doigt une mauvaise évaluation d'un professeur. l'un d'eux s'insurge: «Les rattrapages ont commencé et mon problème n'a pas été réglé. Je suis sûre qu'il ne s'agit pas de ma note. J'ai déjà formulé mon recours auprès de l'administration pour une rectification, mais jusqu'à maintenant, je n'ai pas reçu de réponse. Ce système modulaire porte préjudice aux étudiants». Le doyen de la faculté rétorque que le nouveau système ne doit pas être critiqué pour cela, et que seul le professeur a le pouvoir pour évaluer ou rectifier les notes. «Les étudiants ne comprennent pas que l'administration ne peut rien faire pour eux sur cette question. Nous nous faisons qu'informer le professeur de l'objet du recours et attendre sa décision. Par ailleurs, c'est lui qui refait la correction et donne une nouvelle note», souligne le doyen de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales (FSJES) Ahmed Salmi Idrissi. Et de poursuivre: «Les étudiants sont bien adaptés à ce système modulaire. Ils savent calculer leurs notes avec les coefficients, quand demander une dérogation et quand il ne faut pas. En revanche, la majorité des professeurs se contentent d'enseigner sans adhérer à la dynamique de la réforme, sans s'impliquer d'une manière fiable au processus d'accompagner les étudiants dans le système LMD (Licence, Master, Doctorat).

Il faut leur expliquer comment délibérer? Comment racheter? Et comment calculer les coefficients. Et notamment tout est sur le dos de l'administration qui peine à répéter à chaque fois à ceux qui ne comprennent pas comment procéder.
Là il faut vraiment un coup de fouet». Voilà déjà quelques années que l'Université marocaine est passée au système LMD, mis en place par le ministère de l'Enseignement supérieur depuis 2003, et que les difficultés sont monnaie courante, à la fois chez les professeurs et chez les étudiants. Apparemment personne ne semble bien comprendre les ficelles et les rouages de cette réforme, sauf l'administration bien sûr. «Le nouveau système n'a rien apporté de nouveau», renchérit Touria, étudiante en sixième semestre, section Droit public. «Au contraire, les handicaps sont légion. Le problème le plus frappant n'est autre que la carence au niveau de la gestion optimale des périodes transitoires, examens, rattrapages et validations retardés», poursuit-elle.

Même son de cloche chez un professeur en sciences économiques: «Ce système est défaillant. Les échéances sont entachées de lourdeur. Et il y a une gestion inadaptée de l'administration». Et d'ajouter sur le même ton: «Le choix et la cohérence de l'organisation des modules, l'évaluation des objectifs moyens, le classement des étudiants, les méthodes pédagogiques, la formation des enseignants-chercheurs, sont les difficultés majeures». Même impression et même constat chez un autre professeur de Droit: «La gestion de la période transitoire ainsi que la gestion des redoublements, des rattrapages et des validations différées font défaut. Ce nouveau système nécessite beaucoup de moyens et une vraie mobilisation de part et d'autre». Concernant cette difficulté de la gestion optimale du temps et l'élaboration d'un calendrier fiable, le doyen n'a pas démenti cette état de fait. «La lourdeur des échéance, correction, examens, délais de rattrapage porte préjudice à notre travail et ça offusque.

C'est pour cela que nous envisageons de créer des filières nouvelle génération, dites FNG, au niveau de la licence fondamentale en droit et en économie, après une initiative de toutes les facultés du droit afin de consolider la formation de base en droit et en sciences économiques». Toujours selon ses propos, «ce système de FNG tend à rectifier et à remédier aux carences dans les années à venir. Pour un produit de qualité, il faut une mobilisation globale de toutes les composantes qui veillent sur l'enseignement supérieur, ministère de tutelle, universités, professeurs...pour une mobilisation tous azimuts pour un enseignement supérieur de qualité».
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Les moyens de la réforme

Tout pourrait être pensé avec plus de souplesse. Les étudiants sont grands et souvent assez intelligents, et qu'ils pourraient avoir le droit de dire leur mot dans les réformes. Ils sont tout de même usagers, et que c'est leur bien qu'on veut alors pourquoi ne pas au moins les consulter. Leur exclusion du dialogue au sein des instances décisionnelles ne peut que porter préjudice à la qualité d'apprentissage. Nombreux sont les étudiants qui pointent du doigt le manque d'échange avec le corps enseignant. Et ce n'est pas tout. Un problème cache un autre. Les professeurs ne cachent pas leurs mécontentements. Ils donnent souvent leurs à la manière d'une course à la montre. Par ailleurs, il faut trouver une solution pour pallier le problème de leurs absence et leur indisponibilité, car certains enseignants semblent de plus en plus préoccuper par les propres affaires, la majorité, entre eux, donne des cours dans des écoles privées. Et l'enseignement à l'université passe en second lieu. Si les professeurs étaient mieux payés, ils seraient plus motivés pour s'intéresser à des réformes qui ne leur apportent qu'un surcroit de travail.
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