L'humain au centre de l'action future

La réalité peinte en traits de l'absurde

On le connaît peut-être beaucoup plus en tant que cinéaste, hors pair, il faut le préciser, mais peu sous d'autres facettes. Et il en a et pas des moindres.

27 Mars 2009 À 16:50

Quand on survole son parcours, on se rend compte qu'il s'agit, tout simplement, d'un artiste complet. Cédons à l'emphatique : il est un artiste, avec un immense «A». Ne cherchez pas, c'est de Woody Allen qu'il est question. Cinéaste, musicien, compositeur, homme de théâtre et tout le reste. Un touche-à-tout qui réussit presque à tous les coups. Mais, passons. Le propos est ici relatif à une dimension à découvrir : Woody le nouvelliste. Et sur ce rayon, il y a une découverte à faire : « L'erreur est humaine». Un recueil de dix-huit nouvelles sur 222 pages de la version en langue française, sortie en 2007. Et c'est le Woody par excellence. Celui-là même qui, dès l'âge de 16 ans, a commencé à flirter avec l'écrit avant de passer à un tas d'autres choses, nous révèle l'insoutenable absurdité de l'être, la légèreté des situations gravissimes, la gravité du simple, l'impossible réconciliation des êtres avec leurs mystères…

En définitive, c'est le Woody dans ses débuts dans le septième art. Ceci se ressent, non seulement, dans les situations qu'il peint, les décors qu'il plante, mais aussi, et peut-être surtout, par le truchement d'un dialogisme où l'absurde, dans toute sa splendeur qui nous rappelle un Becket, se mêle à la dérision. Le plus, parce qu'il y en a toujours avec ce jazzman, c'est que l'on ne peut s'empêcher de rire. Et quand on fait de la résistance pour ne pas rire, il arrive, néanmoins, à nous soutirer un sourire. Un exemple parmi tant d'autres, on le retrouve dans la nouvelle qui ouvre le recueil : Recalé. Un couple, comme les autres qui ont les moyens, qui perd le nord parce que le fiston n'a pas été accepté dans la meilleure école maternelle. Du coup, Boris Ivanovich, le père du chérubin, est perdu à jamais. C'est toute la famille qui se retrouve sur le carreau. Comment ? Il faut aller lire.

Une autre illustration, assez éclatante autour d'un réel qui s'apparente à l'absurde, se trouve dans « Le chantier infernal». Une maison à refaire est c'est la catastrophe qui s'abat sur la famille. Ça commence par «Les frères Karamazov » pour se terminer dans l' «Inferno» de Dante non actualisé. Cherchez le lien ? Il n'est nulle part sauf dans un environnement et une société en perte de tous repères. Mais, une société qui se cherche dans une perpétuelle quête d'un Graal qui renvoie à un certain idéal. Sauf que ce dernier n'a rien de transcendant. Il est par trop terre-à-terre. L'histoire commence par une coupure de presse qui vante des découvertes à révolutionner le vécu des populations qui ont les moyens pour payer. Notre protagoniste de « Tu es au parfum, Sam ?» se retrouve pris au piège, et tente par toutes les voies de s'en tirer. Il y arrive, certes, mais à quel prix ? En onze pages, format poche, on vivra les mésaventures de notre bonhomme… Décapitant, drôle, mais très profond quand on creusen.
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Biographie

Allen Stuart Konisberg, de son vrai nom, est né le 1er octobre 1935 à Brooklin. Très tôt, il fait preuve de beaucoup d'autodérision mais surtout il apprécie le non sens. A 15 ans, il écrit quelques papiers humoristiques en utilisant le pseudo Woody Allen. Il vend ses sketches à la NBC et est le spécialiste des one-liners. En 1963, il collabore à un show télévisé et est remarqué par Charles Fieldman, un producteur qui lui commande un sénario. En 1969, on peut voir sa première réalisation. Il s'agit de « Play it again, Sam » (Tombe les filles et tais-toi, en français). Son premier film, «Take the money and run» (Prends l'oseille et tire-toi) est une sorte de film à sketches semi-autobiographique.
L'humour de Woody Allen ne fait plus de doutes, le film est vraiment très drôle. Ses cibles favorites sont les religions, la musique classique, les femmes et la bourgeoisie new-yorkaise.

Il réalise d'autres films comme «bananas» (1971), «Sleeper» (1973), «Everything you always wanted to know about sex, but were afraid to ask » (Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe sans jamais oser le demander –1972 et titre le plus long du cinéma). En 1975, il marque sa collaboration avec Diane Keaton dans le film « Love and death». Deux ans plus tard, ils obtiennent tous les deux un oscar pour le film «Annie hall». Woody Allen est un passionné de jazz. Il adore New York et son film "Manhattan” est un superbe hommage rendu à cette ville. Le public adore et il obtient sa reconnaissance. Woody Allen a un humour exceptionnel et est considéré en France comme un génie du cinéma.
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