Naissance de SAR Lalla Khadija

«Liberté», un immeuble historique !

Unique gratte-ciel de son époque, l'immeuble «Liberté» se dresse encore majestueusement pour témoigner de l'âge d'or de l'architecture contemporaine à Casablanca. Dessiné en 1949 par Léonard Morandi, architecte suisse, «Liberté» est le 1er immeuble africain de grande hauteur.

Fierté des Casablancais, cet immeuble reste un repère fondamental dans la ville.

04 Novembre 2009 À 13:33

Situé sur le boulevard Zerktouni au niveau de l'ancienne place de «la Révolution française», rebaptisée «Lemaigre Dubreuil», l'édifice plane telle une passerelle de navire. Immeuble historique à plus d'un titre, «Liberté» est reconnaissable par une élégante «silhouette» aux lignes de paquebot. Lors de sa réalisation, Léonard Morandi a exploré le thème de la mixité. Son souci principal fut la souplesse des espaces intérieurs ainsi que la modernité recherchée de la façade. Aujourd'hui, il demeure un exemple d'architecture incontournable et jouxte les villas et les jardins de Mers-Sultan, les quartiers 2 Mars, Habous…. D'une manière plus détaillée, l'immeuble compte 17 étages sur une hauteur de 78 mètres. A chaque étage, 6 appartements, allant du studio aux 5 pièces. Aux 16è et 17è étages, des appartements avec terrasses jardins. Au-dessus, un vaste jardin suspendu avec pergola.Il est desservi par quatre ascenseurs rapides et des escaliers menant aux entrées et aux balcons et des services situés à son l'intérieur. Et à l'intérieur des appartements, les couloirs sont séparés des pièces principales. Celles-ci peuvent donc aussi être affectées à un appartement contigu, si l'on souhaite agrandir ou diminuer la surface des logements mitoyens.

Chaque chambre est équipée d'une salle de bains ou d'un cabinet de toilettes. Et si certaines pièces sont petites, elles sont servies par des annexes. Tout est bien pensé pour offrir un réel niveau de confort. L'isolation thermique et acoustique est excellente. Ce qui n'est pas le cas, actuellement, pour bon nombre de bâtiments. Par ailleurs, fierté des Casablancais, cet immeuble reste un repère fondamental dans la ville. Ce nouvel édifice symbolise à son époque la modernisation de Casablanca et du Maroc. Il est un aussi un prélude à la rénovation du quartier Benjdia. Lors de son inauguration, un bidonville ''s'étendait encore à ses pieds''.

Même si l'actuel marché de ce quartier avait été construit 20 ans avant lui. L'immeuble a suscité même un grand nombre d'interrogations en 1951, année de son inauguration. Les Casablancais se demandaient avec un temps humoristique : "Peut-on vivre avec plaisir aussi haut, en ayant autant de voisins ?”. Ces premiers habitants étaient fiers d'habiter dans un confort aussi élaboré. La forme en ''V'' du terrain, dont la pointe est orientée sud, permet une excellente orientation du bâtiment, les pièces principales sont abritées des brises marines, souvent chargées d'humidité.

La construction a été étudiée en fonction de l'infrastructure du sol qui comporte au niveau ''des semelles'' soit du calcaire dunaire, soit des formations gréseuses et à une quinzaine de mètres de profondeur du schiste dur. Elle constitue un excellent soubassement capable de supporter la charge totale de 13.000 tonnes. Son taux de travail est de 2.56 kg par cm2…
Avec de telles qualités, pas étonnant que «Liberté» continue de séduire les regards...
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Création et influence

L'image d'une «ville nouvelle» attire à Casablanca de nombreux architectes aux origines les plus diverses. Aux débuts des années 20, on compte 3 fois plus d'architectes à Casablanca qu'à Tunis.
D'une manière générale, quelle que soit la démarche qu'ils décident d'adopter, tous vont être largement influencés par l'art et l'artisanat marocains.
La modernité architecturale à laquelle ils se sont tous adonnés va être contrebalancée par l'emploi d'ornementations traditionnelles. L'utilisation des arts décoratifs marocains va se combiner aux motifs Art nouveau et Art déco donnant ainsi naissance à un style original, caractéristique des premières années du protectorat.
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