La justice libère le père de la bombe atomique
MAP
06 Février 2009
À 16:07
La justice pakistanaise a ordonné vendredi la libération du scientifique Abdul Qadeer Khan, le père de la bombe atomique au Pakistan, qui vit depuis cinq ans en résidence surveillée après avoir reconnu s'être livré à des activités de prolifération nucléaire. "Le demandeur (M. Khan) est déclaré citoyen libre", selon un arrêt de la Haute cour d'Islamabad, la capitale pakistanaise. Le président de cette juridiction, Sardar Mohammad Aslam, avait reçu vendredi en audience à huis clos les avocats de A.Q. Khan et ceux du gouvernement pakistanais.
Le scientifique a immédiatement remercié le président pakistanais Asif Ali Zardari et le Premier ministre Yousuf Raza Gilani, depuis sa résidence d'Islamabad. "Compte tenu de ce qui m'a été dit, je pourrai me rendre n'importe où au Pakistan, sans aucune restriction, entouré des mesures de sécurité dont je disposais précédemment", a-t-il dit à des journalistes.
"Si je veux voyager à l'étranger, il me faudra demander la permission du gouvernement", a-t-il toutefois précisé. M. Khan était placé en résidence surveillée au Pakistan depuis février 2004, lorsqu'il avait admis à la télévision avoir mené des activités de prolifération nucléaire en vendant la technologie pakistanaise à des pays étrangers comme la Libye, l'Iran et la Corée du Nord. Il était toutefois revenu par la suite sur ses déclarations. Vendredi, devant une forêt de caméras, M. Khan, opéré pour un cancer en 2006, a assuré qu'il ne craignait rien pour sa vie: "Personne ne voudrait me faire du mal", a-t-il déclaré.
En juillet dernier le juge Aslam de la Haute cour d'Islamabad avait autorisé le scientifique à voyager dans son pays pour rendre visite à ses proches, mais lui avait interdit de s'exprimer dans la presse sur le dossier de la prolifération nucléaire.
Il avait obtenu en 2004 le pardon de l'ancien président du Pakistan, Pervez Musharraf, mais était confiné depuis dans sa maison, sous bonne garde de soldats et d'agents secrets. La décision de la justice de le libérer intervient trois semaines après l'annonce par le département d'Etat américain de l'imposition de sanctions à l'encontre d'une douzaine de personnes et d'entreprises liées à M. Khan. "Nous pensons que le réseau de A.Q. Khan n'est plus en état de fonctionnement, mais les pays devraient rester vigilants et s'assurer que les associés de A.Q. Khan et ceux qui cherchent à se livrer à des activités similaires de prolifération ne deviennent pas une source future d'informations ou d'équipements nucléaires sensibles", avait alors expliqué la diplomatie américaine.
"Nous pensons que ces sanctions aideront à empêcher que ces entités se livrent à de futures activités liées à la prolifération et qu'elles serviront d'avertissement à d'éventuels candidats à la prolifération", avait encore dit Washington.