L'offensive majeure annoncée depuis plusieurs jours dans un fief des talibans dans le sud de l'Afghanistan constituera le premier véritable test de la stratégie du président américain Barack Obama pour mettre un terme à la guerre et passer la main aux autorités afghanes.
AFP
09 Février 2010
À 15:19
L'opération Mushtarak - "ensemble" en dari - doit permettre de reprendre aux talibans la zone de Marjah, dans la province du Helmand, l'une des principales régions productrice d'opium, une source importante de revenus pour les insurgés. Puis d'en confier de nouveau des rênes aux militaires afghans et ensuite aux autorités civiles, dans le droit fil de ce que les Etats-Unis, principal bailleur de fonds et pourvoyeur de troupes, veulent réaliser dans tout le pays pour retirer leurs troupes le plus rapidement possible, à partir de la mi-2011 comme l'a promis M. Obama.
La bataille de Marjah, une plaine agricole dans la vallée de la rivière Helmand, serait donc selon des analystes une sorte de laboratoire pour tester la stratégie de contre-insurrection dessinée par le général américain Stanley McChrystal, commandant des forces américaines et de l'Otan en Afghanistan, et dont l'un des objectifs est de "gagner le cœur et l'esprit" des Afghans. Une stratégie qui se combinerait avec celle avancée par le président afghan Hamid Karzaï, avec la bénédiction de la communauté internationale, consistant à proposer aux talibans argent et emplois pour réintégrer la vie civile. "Cet assaut vise à prouver la force du gouvernement, montrer aux talibans qu'ils ne peuvent se mettre à l'abri nulle part et qu'il n'y a d'autre issue que la réconciliation", estime Ahmad Saedi, un politologue afghan.
Les talibans assurent qu'ils se battront pour Marjah, mais des experts rappellent que lors des offensives des forces internationales par le passé, les insurgés n'ont jamais offert une grande résistance, se repliant dans les montagnes pour poursuivre les actions de guérilla. Une stratégie qui leur a permis, ces deux dernières années, de intensifier considérablement leur insurrection et de l'étendre à la quasi-totalité du pays, infligeant des pertes toujours plus lourdes aux forces étrangères. "Les talibans veulent se battre mais ils ne le feront pas frontalement parce qu'ils savent qu'ils subiront de lourdes pertes", analyse ainsi Waheed Mujda, ancien haut-responsable du régime des talibans (1996-2001).