Cela fait un bon moment que la rumeur circulait autour de la mort de l'actrice Aächa Manaf. Après la diffusion d'un reportage par la 2e chaîne où la jeune femme a été montrée en proie à un cancer qui a rongé son corps, les rumeurs sont parties bon train.
Solide comme un roc, Aïcha n'a jamais rien perdu de sa joie de vivre et de son amour pour la vie même dans les moments les plus difficiles.
LE MATIN
31 Août 2010
À 16:07
La fausse nouvelle de son décès se répandit comme une trainée de poudre accentuant la douleur et le chagrin de la malade. Alors qu'elle s'attendait au soutien de ses proches et de ses fans, ces derniers ont décidé de l'achever avant le terme.
Le 30 août, la nouvelle tomba comme un couperet sur la tête de tous les fans de l'actrice. Aïcha Manaf n'est plus, mais cette fois-ci, c'est pour de bon. La même chaîne qui avait annoncé sa maladie, annonça sa mort.
Et la compassion qui a animé les cœurs des Marocains lors de sa maladie a cédé la place à un profond chagrin. Celui de constater de quelle manière notre pays traite ses artistes et omet de prendre soin d'eux au moment où ils ont le plus besoin de son attention. Celle que le public marocain a suivi, aimé et apprécié dans la série qui l'a rendue célèbre, «Hdiddane», méritait beaucoup mieux que ce qu'elle a eu. Celle qui a donné sans relâche à son art n'a rien reçu en retour. Du haut de ses 32 ans, la comédienne a combattu seule, pendant plus d'une année, la maladie.
Mais plus que la souffrance physique et l'insuffisance, sinon l'absence de moyens, l'ingratitude et l'abandon l'ont accablée et achevé de l'affliger. N'ayant même pas de quoi assurer les premiers soins de sa maladie, elle s'est retrouvée face à une affliction lourde en charges pour affronter un sort qu'ont connu bien d'artistes avant elle. Toutefois, cette épreuve, aussi dure soit-elle, n'a pas réussi à entamer la foi et encore moins le courage de la dame. Solide comme un roc, elle n'a jamais rien perdu de sa joie de vivre et de son amour pour la vie même dans les moments les plus difficiles. Du témoignage de ses amis et proches, Aïcha n'a jamais courbé l'échine ni renoncé à son beau sourire. Celui-là même qui a rayonné son visage jusqu'à son dernier souffle.
Aujourd'hui, si la jeune actrice n'est plus parmi nous, son souvenir sera toujours aussi vif dans nos mémoires. A chaque fois qu'on aura l'occasion de la voir dans l'une des séries télévisées auxquelles elle a participé, on dira « Aïcha était une bonne comédienne, une amie affable, un être avec de grandes qualités humaines ». Que Dieu ait son âme en paix.
Le métier de tous les dangers
L'art au Maroc est, parait-il, un métier à haut risque. Sans rentrée d'argent régulière et permanente, l'artiste est en butte à une précarité qui lui colle à la peau. Sans couverture sociale, qui reste l'apanage de certains privilégiés, nos comédiens se retrouvent face aux pires épreuves quand la santé leur fait défaut. L'exemple de la regrettée Aïcha Manaf qui vient de nous quitter des suites d'une lourde maladie (cancer) n'est pas isolé et ne constitue pas une exception. Il est, par contre, une occasion pour que l'on se pose, de nouveau, des questions sur la situation des artistes au Maroc. Que font les responsables et le ministère de tutelle pour les protéger ? Quel rôle jouent réellement les syndicats des artistes ? L'artiste est-il condamné à vivre dans la tourmente en l'absence d'une couverture sociale décente ?