L'humain au centre de l'action future

On n'oublie pas ses racines

Dans son récit «Le lit dans la valise» paru à Asteria éditions, Aziz Hasbi se livre à une gymnastique inhabituelle, celle de nous embarquer tel un navigateur dans un monde où le temps et l'espace, où le monde urbain et rural s'entremêlent avec âpreté.

12 Novembre 2010 À 17:35


Issu d'une fratrie de huit enfants, le jeune Aziz Hasbi naît juste après "âm l'boune” au moment où le Maroc subit les pires aléas climatiques de son histoire, les sécheresses répétées et une terrible famine qui a fini par ravager l'homme et le bétail .
Très jeune, il fréquente l'école coranique, haut lieu d'apprentissage et de sévices corporels. Il vit avec la peur au ventre : peur du manque de nourriture, du fquih, d' Aisha Kandisha , d' Haddaoua …. Très tôt, la préoccupation spirituelle occupe une place centrale dans son enfance et son adolescence. D'où dans son récit, les multiples histoires sur les veillées dans des marabouts (Ziyara) surtout à ‘'Moul Bergui ‘' réputé par ses bienfaits sur la santé et la prospérité.

A l'âge de sept ans, l'auteur quitte son douar dans lequel il a évolué auprès d'une famille qui subissait les affres de la vie avec résignation et fatalisme pour cohabiter avec ses frères ainés à la « cité », Hay Mohammadi "véritable laboratoire social”. C'est dans ce microcosme qu'il sera confronté à des situations intenses, des rencontres, et des rendez-vous ratés. C'est dans les rues de la ‘'cité'' que l'éducation se fait, où les liens se tissent et se défont au gré des humeurs.
Tout au long , de son itinéraire , l'auteur nous plonge dans sa région d'Abda , son espace géographique et ses ramifications ( tribus et fractions de tribus) , ses marabouts et nous rappelle le rôle prédominant du'' caïd'' Issa Ben Omar dit El Abdi , agent efficace du makhzen qui sème la terreur dans la région. l'auteur relate également les multiples événements politiques et socio-économiques qu'a connus le pays et dont il a été témoin.

L' adolescent se souvient, entre autres , de ses camarades du collège et du lycée, des instituteurs , de sa maladie , de ses escapades au centre ville , de son voyage en Europe et rend hommage plus particulièrement à son père Allal , «homme sobre et sans problèmes» sans oublier Khdija, sa maman avec laquelle il a eu une grande complicité. A l'âge adulte, Aziz Hasbi a toujours su garder le contact avec un groupe d'amis de Hay Mohammadi , avec qui il retrouve une certaine chaleur et une solidarité humaine sans commune mesure et surtout avec le regretté «Kira» source intarissable de blagues irrésistibles .
Après des études interrompues, un rapide passage dans monde professionnel, le narrateur poursuit son chemin bien déterminé à franchir toutes les frontières de la ‘' cité'' et du pays et à vaincre la résignation et la fatalité.

Aziz Hasbi ‘'L'Aroubi‘' adopté par Hay Mohammadi fait partie de ces gens qui ont su s'adapter, contre vents et marées, à leur environnement en se forgeant leur propre personnalité à la force du poignée ? C'est ainsi que le "l'aroubi" se dépasse pour occuper des postes importants dans l'administration.
En dépit de cette réussite, l'auteur reste très attaché à sa cité et à ses amis d'enfance. Cette rétrospective est un témoignage d'une philosophie : lorsque l'homme sort de la misère , son ombre y reste.

A propos d'Aziz Hasbi

Aziz Hasbi est aujourd'hui professeur de relations internationales à la faculté de droit de Rabat Agdal. Cet éminent juriste est professeur à L'Université Mohammed V-Agdal. Il fut nommé à des postes stratégiques (ancien ministre, ancien représentant permanent du Royaume aux Nations Unies, ancien président de l'Université Hassan II Aïn -Chock et ancien président du bureau international d'éducation) et doté d'une formation de « l'école » très réputée de Charles CHAUMONT, l'un des pionniers des relations internationales en France. Aziz Hasbi est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages et études en relations internationales et en droit international.
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