Un nouveau statut du personnel attendu pour fin 2010
Il viendra corriger les lacunes contenues dans l'actuel texte.
Amine Benjelloun Touimi
LE MATIN
08 Juillet 2010
À 19:12
Désormais, Poste Maroc mise gros sur la motivation et l'intéressement de son capital humain à ses performances. Un nouveau statut du personnel est, à cet effet, en cours de préparation. Censé énoncer les grandes lignes de la politique des ressources humaines, le futur texte permettra de préciser clairement les devoirs et les obligations aussi bien de la direction que du personnel. Les concertations sont déjà entamées avec les différentes parties concernées pour atteindre rapidement les objectifs escomptés. « On projette de réunir le consensus souhaité autour de ce statut avant fin 2010 », estime Amine Benjelloun Touimi, directeur général de Barid Al Maghrib.
La décision d'adoption d'un nouveau statut du personnel n'est, d'ailleurs, pas anodine. Elle vient corriger les lacunes contenues dans l'actuel texte dont certaines dispositions sont aujourd'hui dépassées et inacceptables. A titre d'illustration, en vertu du texte en vigueur, le système de récompenses ne profite pas à l'ensemble des salariés. Une lacune qui pèse lourdement sur l'ambiance du travail et donc sur la motivation des employés. Rien que mercredi dernier, un sit-in a été observé par quelques postiers en guise de protestation «contre la distribution des primes à quelques salariés seulement». Or, à en croire le directeur général qui promet l'ouverture d'un dialogue avec les protestataires, l'octroi des primes s'est fait dans la transparence et n'a pas dérogé à la règle pratiquée par Barid Al Maghrib depuis une quinzaine d'années. «Le système actuel récompense les salariés qui ont pu relever des «challenges» lancés par la direction. Cette fois-ci, ce sont ceux qui ont travaillé assidûment pour le lancement d'Al Barid Bank depuis de longs mois qui ont été sélectionnés», a-t-il précisé. Au total, ils sont quelque 70 salariés porteurs de projets dans divers domaines qui ont pu se distinguer.
Il s'agit notamment d'une équipe de hauts cadres, qui s'est chargée de la préparation de l'obtention de l'agrément bancaire et d'une autre qui a œuvré pour l'optimisation du budget alloué au projet. « On a, ainsi, pu économiser 40% sur le budget qui était fixé à 300 millions de dirhams au lancement», a-t-il renchéri. D'autres salariés pourront prochainement bénéficier de ce système d'encouragement actuellement possible avec le nouveau statut. En effet, l'institution prépare d'autres grands projets auxquels diverses équipes pourront contribuer. L'objectif est de pouvoir donner un coup d'accélérateur à Poste Maroc dont la filiale Al Barid Bank est sur la bonne voie. Les premiers résultats dont elle fait état sont encourageants. Pour preuve, 47.000 comptes ont été ouverts en un mois seulement dont 32.000 comptes-chèques.
L'année 2010 s'annonce ainsi de bon augure pour l'institution postale. «Depuis le début de l'année, quelque 274.000 comptes ont été ouverts. Ce qui présage d'une année de plus de 500.000 comptes», considère Amine Benjelloun Touimi qui s'était fixé au départ un objectif de 400.000 comptes par an.
Entretien avec Amine Benjelloun Touimi, DG de Barid Al Maghrib
«Le système d'encouragement est basé sur les challenges»
LE MATIN : Al Barid Bank est opérationnel depuis un mois. Pouvez-vous nous dresser un premier bilan ? Amine Benjelloun Touimi : Barid Al Maghrib a obtenu son agrément en juin 2009. Des équipes ont travaillé assidûment sur le projet. Ce qui lui a permis d'être opérationnel en juin 2010. Les premiers chiffres sont on ne peut plus encourageants. On a, en effet, ouvert un nombre important de comptes. Il s'agit de 47.000 comptes en un mois, dont 32.000 comptes-chèques. On a pu ouvrir depuis le début de l'année, quelque 274.000 comptes. Ce qui présage d'une année de plus de 500.000. D'ailleurs, j'avais déjà signalé que nous sommes capables d'augmenter le nombre des comptes. On s'était fixé un objectif de 400.000 par an. On va pouvoir dépasser ce chiffre, selon les indicateurs du premier semestre.
Mais comment expliquez-vous qu'un mois après la mise en place de votre banque, un sit-in a été organisé par quelques postiers pour manifester leur mécontentement du système des primes ?
Barid Al Maghrib est un établissement public qui dispose de procédures assez figées. Depuis une quinzaine d'années, indépendamment du système de rémunération classique, on organise des challenges internes. Nous avons deux types de challenges. Les premiers sont d'ordre commercial à l'instar de ce que font les banques pour booster leurs produits : vente des produits de consommations, de cartes monétiques… Cette pratique est rentrée dans les mœurs de Barid Al Maghrib depuis longtemps. Le deuxième type de challenge est relatif aux projets sur la base d'objectifs fixés. A titre d'exemple, on a récemment reçu la certification de qualité A pour le courrier. L'équipe qui avait travaillé d'arrache-pied sur les procédures a, ainsi, été récompensée. Nous avons également renouvelé la base de données d'adresses. Nous avons motivé nos équipes pour faire un travail supplémentaire en la matière. Souvent, on se fixe des objectifs que le personnel devra effectuer pendant le temps libre. Al Barid Bank est un projet de grande envergure sur lequel on a travaillé pendant plus d'une année et demie.
On a essayé de relever le défi grâce aux porteurs de projets qui sont de l'ordre de 70. Quelque 50 projets ont été identifiés ayant trait à la mise en place d'un plan comptable des établissements de crédit, à la rédaction spécifique de la partie bancaire… Chacun a travaillé dans son domaine en plus de ses missions quotidiennes sur la base de délais précis. Une équipe de hauts cadres s'est chargée de la préparation de l'obtention de l'agrément bancaire. Une autre a œuvré pour l'optimisation du budget alloué au projet. On a, ainsi, pu économiser 40% sur le budget qui était fixé à 300 millions de dirhams au lancement. Un autre challenge a porté sur le système d'information qui a été amélioré et sécurisé. Ce genre de challenge concerne une population réduite qui fait des efforts supplémentaires sur un projet. Cet effort ne peut pas toucher tout le monde.
Mais, pourquoi vous n'avez pas communiqué autour des critères de sélection au niveau interne ?
Comme c'est un projet qui a démarré depuis de longs mois, le challenge ne date pas d'aujourd'hui. Il est vrai qu'en fin de cycle, on n'a pas fait une communication suffisante. On a toujours organisé des challenges dans différents domaines sans pour autant que ce système ne pose aucun problème. Quelques récompenses ont été attribuées même en 2010. On s'est dit que nos salariés ont l'habitude de ce système d'encouragement.
Comment allez-vous à présent procéder pour calmer les salariés pour que le malaise ne se répercute pas sur la qualité du travail ?
On a toujours été partisan du dialogue qui est la meilleure approche pour gérer les problèmes. Nous allons expliquer ce qui a été fait aux concernés. D'ailleurs, nous allons à l'avenir lancer d'autres challenges auxquels d'autres équipes pourront participer.