L'humain au centre de l'action future

Taxi 36 versus l'AMDT

Hicham et Rachid, deux jeunes humoristes sont revenus cette année, ils dans Taxi 36, diffusée par 2M pendant le Ramadan.

10 Septembre 2010 À 16:32

C'est toujours l'idée de la caméra cachée, mais cette fois-ci avec des gens ordinaires et non avec des stars. Sauf que cette année, 2M aura des comptes à régler avec l'Association marocaine des droits des téléspectateurs (AMDT). Cette dernière a porté plainte contre 2M à cause du refus de celle-ci d'interrompre la diffusion du programme de caméra cachée Taxi 36. Selon l'AMDT, ce programme constitue une violation du code de la route d'une part car sa réalisation bloque la circulation surtout dans une grande ville comme Casablanca. D'une autre part, Taxi 36 expose la vie des gens à de grands risques et appelle à la discrimination raciale et la violation des libertés individuelles.

L'association estime que ce programme contient des incitations explicites et implicites à la violation des exigences du nouveau code de la route qui entrera en vigueur le 1er octobre 2010, au moment où les préoccupations actuelles des Marocains se focalisent sur celui-ci. En outre, l'association a pu remarquer qu'il y a un déficit au niveau du contenu des programmes des chaînes publiques en général, chose qui porterait atteinte aux engagements des opérateurs publics. Quant à la qualité des programmes diffusés, celle-ci laisse à désirer, et les promesses de rénovation ne cessent d'être violées, et de cette manière, l'audiovisuel au Maroc ne cesse de ''basculer''. Il faudrait signaler aussi que l'Association marocaine des droits des téléspectateurs considère que cette émission n'a pas bien été ficelée, vu qu'elle ne prend pas en considération la sécurité des citoyens, et qu'elle les expose à des risques physiques et moraux en les impliquant dans des situations un peu délicates qui n'ont rien à voir avec le fun. Taxi 36 et sa société de production 2M ont mis les citoyens dans de nombreuses situations critiques, portant atteinte à leur honneur, dignité, vie privée et libertés individuelles que leur garantit la loi estime-t-on.

Sans oublier les incitations explicites à la discrimination raciale en raison de l'appartenance à une race particulière. C'est la cause principale qui a mené l'Association marocaine des droits des téléspectateurs à recourir à la justice espérant un nouvel élan à la réforme de l'audiovisuel et l'amélioration de ses services.

Quant aux concernés, Hicham et Rachid, ils n'ont pas manqué de nous donner leur avis sur cette plainte, d'abord en remerciant l'association pour la publicité qu'elle leur a fait sans même payer un sou. Selon les vedettes de Taxi 36, cette association ''a bien su se cacher'' les années précédentes, au point qu'on n'en a jamais entendu parler. Certes, c'est un grand plaisir d'avoir une association qui défend les intérêts des téléspectateurs, mais d'où détient-elle ce privilège ? Et d'où est-ce qu'elle est née réellement? Hicham et Rachid ignorent la réponse mais sont sûrs que le public « aime » et « veut » Taxi 36. D'ailleurs, selon eux, c'est incontestablement l'émission la plus regardée pendant ce mois de Ramadan.
Leur réponse ne s'arrête pas là, puisqu'ils estiment que les accusations de l'AMDT sont fausses.

Pour eux, en effet, il n'y a ni violation du code de la route ni blocage de circulation, vu qu'ils ne s'arrêtent que lorsqu'ils sont sûrs qu'il n'y a aucune infraction. Hicham donne l'exemple d'un épisode où le véhicule est prétendu être en panne, cela, selon lui, ne causerait en aucun cas son arrestation car c'est un arrêt accidentel... et pas plus. Quant aux risques physiques et moraux, il est vrai qu'il ne voudrait pas qu'un ami ou un membre de sa famille soit exposé à un risque quelconque, de même pour un citoyen ordinaire, c'est pour cela que les concernés arrêtent leurs farces dès qu'ils sentent la panique de leurs « victimes ». Ceci sans omettre qu'ils sont toujours accompagnés de deux motards de police ainsi qu'un secouriste pour la sécurité des passagers, argue notre interlocuteur.

Malgré toute cette polémique autour de Taxi 36, 2M se la coule douce et continue la diffusion du programme tel qu'il est, serait-elle en train de conspirer quelque chose ''au sein de sa cuisine'' ? La réponse est négative, car estime-t-on, aucune convocation juridique n'a été envoyé aux concernés.

*Journaliste stagiaire
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QUESTIONS À : Hicham Masrar .
«On aura tort si on disait qu'on ne peut pas être humoriste si on est journaliste»
Pourquoi « Taxi 36 » et pas « Caméra Noujoum » ?


C'est pour la seule raison que «Caméra Noujoum» est un produit déjà consommé à deux reprises, donc « une 3e saison serait ennuyante et perdrait sa qualité, comme toute chose trop utilisée ». Par contre « Taxi 36 » est une idée nouvelle qui n'a jamais été traitée au Maroc, où l'on utilise un déguisement pour ne pas être reconnu du premier coup. Cette expérience nous a permis à moi et à Rachid d'avoir un contact direct avec le public : des gens ordinaires et non pas des stars.

On dit que c'est du copié-collé d'un programme d'une chaîne algérienne. Qu'en dites-vous ?
On ne peut pas dire que c'est du copié-collé, car le concept de la caméra cachée est utilisé dans le monde entier, sauf que chaque pays use de son propre langage, ses propres blagues … Chacun selon son background. Si c'était du copié-collé, on aurait même parlé l'accent algérien. Je voudrais juste éclaircir une chose: cela fait 4 ans qu'on pense à ce concept, et on n'a pu le réaliser qu'en cette année avec «des idées typiquement marocaines».

• Qu'elles sont les différentes réactions de vos « victimes » ?

Je peux dire que la plupart ont apprécié et avaient des réactions normales, d'ailleurs 90% des scènes sont diffusées à la fin de chaque épisode, seulement 10% de ces dernières n'ont pas été diffusées pour des raisons claires : le refus des passagers, leur colère qui reste passagère. Cette dernière ne nous affecte surtout pas, mais pousse la « victime » en revanche à refuser d'être filmé encore une fois. D'ailleurs, lorsqu'on sent que les choses pourraient mal se dérouler, on renonce, en révélant tout de suite que c'est une caméra cachée.

Quel rapport entre l'humour et vos études en journalisme ?

On aura tort si on disait qu'on ne peut pas être humoriste si on est journaliste, et vice-versa. Un journaliste peut lui aussi avoir le sens de l'humeur. De plus, la plupart des gens ignorent que j'ai eu une formation de 6 ans en théâtre, avec mon ami et collègue Rachid, c'est-à-dire qu'on a le même parcours, mais surtout les mêmes idées propres à nous. On a intégré 2M en tant que journalistes, on avait proposé nos idées, mais 2M n'avait pas encore confiance en nos capacités artistiques, et c'est avec le temps qu'on a pu réaliser nos idées.
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