La ville ocre n'a rien à envier aux grandes capitales du septième art. Cette conclusion préalable est à retenir, à juste titre, tout de suite après une brève visite de l'Ecole supérieure des arts visuels (ESAV).
LE MATIN
12 Mai 2010
À 11:40
Après l'initiation d'un festival international du cinéma qui a réussi à graver une grande renommée dans les annales des grandes festivités du cinéma. Voilà que la cité de Jamaa El Fana, se dote de la première école francophone sur le continent africain pour répondre aux besoins de formation initiale des arts visuels. Sis en plein Marrakech, l'établissement accueille des dizaines d'artistes en herbe qui veulent perfectionner leurs talents en matière de graphisme et de communication visuelle. Ces faiseurs de rêves viennent de tout le Royaume et même de l'étranger. Ils sont à la recherche du savoir dans des métiers qui peuvent être la clé du développement du secteur cinématographique. Dans cette perspective, et sur la question de savoir comment un potentiel humain, bien formé, peut contribuer au développement d'un secteur cinématographique national qui bat de l'aile, Vincent Melili, directeur général de l'ESAV explique, « l'art visuel sous toutes ses formes est créé pour refléter une image. L'image d'une culture, d'une société. Tel un miroir le cinéma aide à rectifier les hiatus et les manques. Projeter les défauts d'une société sur écran c'est être capable de les voir et de les changer.
Si ce mouvement de mise au point est répété, adéquatement, pour former un cumul et un héritage, il ne peut que changer les vertus négatives d'une société, et automatiquement conduire à l'essor d'un secteur producteur de vertus artistiquement positives. ». Vincent Melili n'oublie pas de lier ce futur développement à des professionnels engagés. Par ailleurs, dès le seuil de l'ESAV et une fois dans l'enceinte de l'école, le regard est accroché par le mouvement inlassable des étudiants. Quelques-uns se regroupent en des niches autour des tables du réfectoire les yeux rivés sur l'écran d'un ordinateur. Ainsi, lorsqu'ils détournent leur regard de l'écran, ils se livrent à des discussions à voix basse.
C'est presque la fin de l'année scolaire et le temps des résultats est arrivé. En effet, l'ESAV s'apprête à honorer la première promotion de ses lauréats. Cette formation de jeunes passionnés qui a pu convaincre à l'international, avant même d'achever les années d'étude. A titre d'exemple, l'œuvre primée de Mahassine El Hachadi, récemment à la sélection officielle du festival international du court-métrage de Clément-Ferrant, avec son film «Passion courte». La même distinction a été décernée à El Mehdi Azzam en 2008 au festival international de San Sébastien. « Le Bal des suspendus », ce court métrage de 13'30 a obtenu le premier prix. Outre les travaux des étudiants en la filiale de la réalisation, l'ESAV a pu avoir une notoriété grâce notamment à la participation de ces étudiants qui ont choisi le film documentaire. Ainsi, à peine en première année, Saida Janjague vole la vedette lors de sa participation à la dernière édition du festival international du film de l'étudiant à Casablanca, grâce notamment à son film « Peaux de chagrin ».
De son coté, le jeune, Abderrafia El Abdioui, invité actuellement à la 10e édition du Festival international du film d'animation de Meknès, voit grand avec son film « Who am I ? » et espère mettre sur le même pied d'égalité le cinéma d'animation et celui de la fiction. Cette dynamique relevée chez les étudiants est due, entre autres, à l'ambiance motivante de la formation au sein de l'ESAV. L'établissement embrasse une approche d'échange. L'étudiant est habitué à corriger les lacunes de son œuvre, grâce à cet échange avec le public et les professionnels du métier.
Il est, constamment, en quête de la perfection artistique. Il s'agit, en fait, d'un espace de référence pour les professionnels. L'école dispose de 2 plateaux de tournage et d'un studio d'enregistrement. Equipé des derniers cris en matière d'enregistrement et de montage de son, ce studio est ouvert pour tous les professionnels. Cet échange entre les étudiants et l'extérieur s'appuie sur la tradition qu'a initiée l'école de programmer chaque soir, gratuitement, un film. Ces films sont projetés dans une salle de cinéma qui peut recevoir jusqu'à 300 spectateurs. D'ores et déjà, cette interaction prépare ces générations de futurs artistes aux défis de discuter pour progresser.
ESAV ou l'enfant de Dar Bellerj
L'Ecole supérieure des art visuels forme aux métiers du cinéma, de la télévision et de la communication visuelle, graphisme et multimédia. L'ecole ouverte à l'international incarne une volonté et un esprit de mixité culturelle et sociale et met en œuvre cette politique. Initiée est financée par la Fondation Susanna Biederman, en partenariat avec l'Université Cadi Ayyad de Marrakech, cette institut privé reviendrait à l'état d'ici 35 ans. Elle a une mission d'intérêt général à but non lucratif. En effet, Sussanna Biederman et Max Alioth sont les fondateurs de cet établissent qui a ouvert ses portes en 2007. Ces deux professionnels de l'art visuel sont au même temps les fondateurs de Dar Bellerj, institut qui a veillé sur le financement et la réalisation du projet.