Naissance de SAR Lalla Khadija

Les voix du Gospel font vibrer le public

Les voix du Gospel ont retenti, dimanche à Bab Al Makina, clôturant en beauté neuf jours de musique et de mosaïque des chants sacrés du monde: arabes, perses, indous, africains, asiatiques, corses…

Avec les Gwo Ka Masters de Guadeloupe, l'artiste Murray a selon lui, choisi de se rapprocher de la «pulsation africaine, qui pré existe au jazz».

15 Juin 2010 À 17:52

C'est avec un Gospel enflammé et toute l'énergie américaine que les ''Blind Boys of Alabama'', ont clôturé en beauté la 16ème édition du Festival de Fès des Musiques sacrées du monde. Ces mythiques vétérans de musique gospel et soul des États-Unis d'Amérique, ont fait vibrer Bab Al Makina et ont ravi le public avec leur musique et chant d'inspiration religieuse, mélange de contemporain et Gospel traditionnel, soul et blues du Mississippi. Un voyage musical, poétique et sensible au cœur de l'Amérique noire depuis les années 30, à l'époque de la Grande dépression, des films muets, d'une ségrégation sans espoir et d'un quotidien sans avenir, jusqu'à aujourd'hui.

Les légendaires Blind Boys Of Alabama qui chantent depuis plus de 60 ans aux côtés des grands artistes comme Elvis Presley, Al Green, Mavis Staples, Aaron Neville ou Little Richard…, ont prolongé à Fès, une musique religieuse issue du monde rural du Mississipi et d'une Afrique autrefois prisonnière des champs de coton du sud. Une musique qui chante l'histoire du peuple africain déporté, vers le Nouveau continent. Arraché à ses cultures et à sa terre natale et soumis à un cruel esclavage. Une musique racontant la vie et la mort, la souffrance et la tristesse, l'amour et le jugement, la grâce et l'espoir et la justice. Le Gospel, musique spirituelle noire, débute au XVIIe siècle, sur la côte occidentale africaine, et raconte en somme la condition des noirs exploités, discriminés et marginalisés mais croyant en un lendemain meilleur. Son expression musicale évolue et s'inspire d'autres genres de musiques comme le blues, le jazz et même le rock. Elle s‘est traduite lors de la dernière soirée du Festival de Fès des Musiques sacrées du monde par la brillante prestation de Sista Kee, dont le gospel reste imprégné de Blues de la pure tradition sud américaine et inspiré des autres genres musicaux tels le Jazz ou le Hip-hop, couvrant ainsi tout le registre d'une culture américaine noire nous renvoyant à l'Afrique.

Et ce, dans une atmosphère chaleureuse et joyeuse. L'artiste originaire de San Francisco a chanté en première partie des Blind Boys of Alabama, son amour pour Dieu, rap et invoque des Alleluia en piano voix sur des airs hip-hop, soul ou gospel. Elle a aussi accompagne dans l'après-midi, le saxophoniste David Murray au Musée Batha qui a présente sa création avec les Gwo-ka Masters de Guadeloupe et son "professeur", le grand Archie Shepp him self. Un concert exceptionnel où s'entremêlent la musique africaine et celle afro-caribéenne, de Cuba à la Jamaïque, de la côte colombienne à la Guadeloupe. Un concert où le public a découvert un mélange de musiques noires naviguant entre le blues, le jazz, afro-beat, samba et tradition gwo ka.

Avec les Gwo Ka Masters de Guadeloupe, l'artiste Murray a selon lui, choisi de se rapprocher de la "pulsation africaine, qui pré existe au jazz" alors qu'avec Archie Shepp, élève de John Coltrane, il a appris l'enseignement de la musique et celui de la spiritualité dans la musique pour donner naissance à une mosaïque musicale, symbole de liberté et d'espoir, de respect et de tolérance. Des valeurs universelles que porte d'ailleurs le Festival de Fès des Musiques sacrées du monde depuis son lancement il y a près de 16 ans.
Et qu'il continuera sans nul doute à promouvoir dans ses prochaines éditions.

Le festival est un succès malgré quelques couacs

Organisé sous le signe du voyage initiatique, le Festival de Fès des musiques sacrées du monde dans sa 16ème édition s'achève avec une belle soirée afro-américaine animée par les voix du Gospel et après 9 jours de spectacles et de concerts musicaux : voyage musical aux couleurs multiples…Il y a eu certes au chapitre des déceptions quelques couacs au niveau de l'organisation et de la communication de la part de la nouvelle direction de la Fondation esprit de Fès, ainsi que le désistement en raison des problèmes de santé de deux artistes internationaux qui devaient faire partie de la programmation, Ben harper des Etats Unis et de Sabah Fakhri de la Syrie. Mais cela n'a pas beaucoup gâché le plaisir du public aussi bien des spectacles exclusifs que celui du festival dans la ville, de vivre de multiples voyages à travers la musique représentant différentes tendances du chant sacré.
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