C'était très prévisible. Sans grande surprise, c'est Miloudi Moukharik qui a été élu à la tête de la plus ancienne centrale syndicale marocaine, l'Union marocaine du travail (UMT). En effet, au terme de ses travaux (dimanche soir), le Congrès, qui a eu lieu les 11 et 12 décembre, a permis de renouveler les instances de l'Union.
Miloudi Moukharik a été élu à la tête de la plus ancienne centrale syndicale marocaine, l' UMT.
Brahim Mokhliss
13 Décembre 2010
À 16:54
Après l'adoption du rapport général et des différents rapports proposés par onze commissions programmées au Congrès, les congressistes ont élu la nouvelle commission administrative composée de 163 membres. Cette structure s'est réunie, le soir même et a élu le nouveau secrétariat national composé de 15 membres en plus d'une commission d'arbitrage, une commission de contrôle financier et une commission disciplinaire.
Ainsi que le prévoient les nouveaux statuts adoptés lors de ce Congrès, le secrétariat national a procédé à la répartition des tâche en désignant le secrétaire général, son adjoint, le trésorier et son adjoint… Les deux hommes forts de la centrale, qui s'imposaient déjà du temps de Mahjoub Benseddik, se sont imposés à la tête du syndicat. Miloudi Moukharik, qui vient du syndicat de l'OFPPT, a été élu secrétaire général et Farouk Chahir (du syndicat des banques) a été élu secrétaire général adjoint. Il faut le dire, ce sont les syndicalistes qui avaient du poids au sein de l'UMT durant les dix dernières années de l'UMT qui ont pu accéder au secrétariat national. C'est le cas du puissant Ahmed Khalil Bensmail (qui dirige depuis longtemps les COS de la Lydec et de l'ONE…) qui est, désormais, le trésorier de l'UMT.
Son adjoint n'est autre que Brahim Karfa, dont le nom est lié au syndicat de l'ONCF. Parmi les anciens de la centrale qui ont également accédé au secrétariat national figurent Ahmed Bahnis (santé), Amal Elamri (banques)… Dans les nouveaux profils ayant accédé à la nouvelle direction figurent surtout des Rbatis (même si la majorité des membres du secrétariat national est issue de Casablanca). C'est le cas de Abdelhamid Amine (secrétaire général de l'Union syndicale des fonctionnaires), Abderrazzak Idrissi (agriculture) et Noureddine Soulaik (Poste et télécommunication). Parmi les jeunes qui ont accédé à la direction figure un cadre de 2M en la personne de Mohamed Elouafi.
Ainsi, les efforts entrepris par l'Union marocaine du travail et l'accélération des préparatifs depuis le début du mois d'octobre dernier pour tenir, les 11 et 12 décembre, son Congrès national, ont permis de renouveler les instances de la centrale. Mais cela n'a pas empêché les membres du syndicat de parler de quelques failles. Au niveau de l'organisation, des commentaires ont été émis par plusieurs militants qui ont imputé cela au manque d'expérience. « Cela fait 16 ans que l'UMT n'a pas tenu un Congrès national. En plus, les dirigeants de l'UMT ont marginalisé, à ce niveau, les syndicalistes de Rabat qui excellent dans la direction des meetings. Ils les ont utilisés dans la préparation des différents rapports, puis ils les ont écartés de l'organisation en préférant associer les syndicalistes de Casablanca… », commente un militant de l'UMT. Or, s'il ne s'agit là que de simples questions d'organisation, des militants ont dit avoir été choqués par d'autres failles. A ce niveau, différents militants venus des régions reculées du Maroc ont déploré la non remise aux congressistes du plus important projet de document, qui devait permettre l'instauration de la démocratie interne, le projet des statuts.
«On a eu l'impression qu'il s'agit de la volonté des organisateurs de nous imposer, d'en haut, les statuts qu'ils souhaitent, en nous privant de les examiner au préalable », nous avait confié un congressiste de Kalaât Sraghna. Un autre document qui a fait défaut, c'est le rapport financier. « Dans tout congrès, trois documents doivent être examinés : le rapport général, le rapport moral et le rapport financier. Parmi les documents qu'on nous a remis, il n'y a pas de document financier», souligne un autre militant.
Par ailleurs, cela n'a pas empêché le bon déroulement du Congrès. Une présidence du Congrès a été choisie samedi dans l'après- midi. Les 1.732 congressistes (nombre recensé par la commission des élections alors que le nombre prévu initialement ne devait pas dépasser 1.253 personnes) se sont répartis pour participer aux onze commissions thématiques. De même, des séances plénières ont eu lieu et ont permis d'adopter le rapport général présenté au début du Congrès. Ensuite, les congressistes ont adopté une dizaine de rapports qui ont touché à différents secteurs (femmes, jeunes, fonction publique et privatisation, retraités…).
Feu Benseddik
Plusieurs militants participant au Congrès de l'UMT ont fait la remarque selon laquelle feu Mahjoub Benseddik, fondateur de la centrale et qui a fait sa renommée, n'a pas été honoré bien comme il faut lors de ce rendez-vous. « On aurait voulu que de grandes photos de lui soient affichées lors de la séance d'ouverture… », disent-ils. Par ailleurs, un documentaire qui a été réalisé sur l'histoire du syndicat a souligné amplement le rôle joué par le principal fondateur du syndicat dans la vie syndicale marocaine.