Des travaux, fête de baptême ou mariage, scène de ménage… les bruits du voisinage n'en finissent pas. Un peu de courtoisie s'impose. L'été, la situation s'empire, lorsque la métropole reçoit davantage de visiteurs d'ici et d'ailleurs. Le topo presque immuable.
LE MATIN
28 Juillet 2010
À 14:39
Sept heures et trente minutes. Un dimanche matin. Un sursaut d'un très profond sommeil. Que se passe-t-il? Petit à petit, une prise de conscience des choses environnantes. Qu'est-ce c'est que ce vacarme assourdissant ? Nulle crainte. Ce n'est que le voisin d'à côté qui effectue des travaux chez lui. Il est bien en vacances et il lui faut refaire son petit monde avant la reprise. Combien d'entre vous n'ont-ils pas vécu ce cauchemardesque réveil pour différentes raisons ? Engueulade et des cris à ne plus en finir, ou encore des éclats de joie auxquels s'ajoute un orchestre philharmonique en pleine répétition. En saison estivale, on en a plein les tampons avec ces fêtes de mariage qui durent jusqu'à l'aube. D'ailleurs, il est courant dans nos villes de subir des nuits blanches à cause d'un mariage dans l'immeuble d'en face, d'une simple soirée entre amis ou des talons aiguilles de la voisine d'en haut qui reçoit du monde... Les situations sont multiples et le résultat est le même : les bruits du voisinage empoisonnent la vie. Constat devenu de plus en plus présent avec la nouvelle formule d'habitat en copropriété. «Je ne me sens bien chez aucun de mes enfants. Ils habitent dans des boites bruyantes, c'est comme s'ils vivaient sous le même toit avec leur voisins !
Je préfère rester dans ma maison, vieille certes mais tranquille», s'exclame Hadj Soulaymane, habitant au quartier Binlemdoune à Casablanca. Moussa est chauffeur de taxi, il travaille la nuit et habite au quartier Attacharouk. «J'ai l'impression de devenir fou, je ne dors plus. Depuis trois mois le voisin d'en face fait des travaux chez lui. C'est du martelage de 8h du matin jusqu'à 22h le soir», se lamente Moussa qui s'interroge s'il n'y a pas de loi qui réglemente ce rayon d'activités. Trois mois, c'est tout de même long pour de simples travaux. «J'ai essayé de lui parler, il m'a bien sûr répondu que ce n'est pas tous les jours qu'il fait ça et que je dois être patient ! Mais là je n'en peux plus. Même les autres voisins ayant des horaires normaux ne branchent même pas. Je ne sais plus quoi faire», ajoute t-il la rage au cœur. Nezha aussi vit un vrai calvaire, elle est téléopératrice dans un call-center. Sa journée de travail démarre à 4h du matin et se termine à 16h. Tous les jours à l'heure où elle rentre morte de fatigue, les enfants des voisins d'au-dessus jouent soit aux billes soit au football dans leur appartement.
«A chaque fois que je monte voir leur maman pour la prier de les envoyer jouer dehors elle fait exprès de crier et d'ameuter tous les autres voisins. Même quand c'est ma mère qui essaye de lui parler elle se permet de lui dire qu'elle est chez elle et libre de faire ce qu'elle veut», nous confie cette habitante d'El Oulfa. C'est vrai après tout qui la contredirait, elle est libre de ses actes étant chez elle. «Non, pas tout à fait libre, rétorque un juriste. Certes la propriété confère des attributs mais à condition de ne pas dépasser la limite des droits et tomber dans les abus. Dans ce cas précis des bruits du voisinage, c'est un abus intellectuel ou moral pour lequel on peut lancer un recours en justice.
C'est au niveau de la preuve où ça se complique un peu». Cela ne semble pas être un réflexe chez les gens de recourir à la justice quand il s'agit de problèmes de voisinage. Dans un commissariat à Casablanca, un inspecteur le confirme, «on ne reçoit pas de plaintes pour le bruit même pas pour le tapage nocturne, c'est généralement quand il y a des bagarres sérieuses ou encore des dégâts matériels». C'est le même constat au niveau des circonscriptions. Est-ce par ignorance, ou par égard à nos usages et coutumes qui insistent sur les principes du bon voisinage ou encore par appréhension devant la lourdeur de notre appareil juridique ? Difficile à dire.
Article 9 de la loi n° 18-00
Le règlement de copropriété comporte obligatoirement les éléments suivants: •la destination des parties privatives et communes et les conditions de leur usage; •la définition des règles relatives à l'administration des parties communes et le droit de jouissance y afférent; •la définition des règles de gestion du syndicat et de la tenue de l'assemblée générale ainsi que les critères de désignation du syndic et de son adjoint et, le cas échéant, du conseil syndical. Toutefois, cette dernière disposition n'est pas obligatoire si le nombre des copropriétaires est inférieur à huit; •la répartition des quotes-parts d'indivision relatives aux parties communes à chaque fraction divise. Est considérée comme nulle, toute condition contraignante au droit des copropriétaires d'user de leurs fractions individuelles, à l'exception de l'affectation, de la caractéristique et de l'emplacement de l'immeuble en copropriété.