Casablanca abrite depuis hier une importante rencontre de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) destinée à dresser le bilan d'un des projets importants de cette organisation. Il s'agit du plan d'action quinquennal (2007-2011) de l'OCI pour le coton adopté en 2006 et qui vise à promouvoir le commerce, l'investissement et le transfert de technologie entre les Etats membres producteurs de coton, notamment en Afrique.
LE MATIN
27 Septembre 2010
À 17:04
A une année de son arrivée à échéance, le bilan de ce programme qui se veut être un exemple de coopération réussie entre les membres concernés de l'OCI, est plus que décevant. Même si les participants à cette rencontre évoquent cet échec avec des qualificatifs atténués, le résultat est sans appel : sur les 14 projets présentés, un seul a été réalisé, d'après Ismail Kalender, président du comité de pilotage de ce programme. «Nous sommes à une année de l'échéance du plan de l'OCI pour le coton et les résultats sont assez maigres, plusieurs projets n'ont pas pu voir le jour en raison du manque de financement ou bien de la non-pertinence aux yeux des bailleurs de fonds de ces projets du point de vue purement commercial», a expliqué Allal Rachdi, directeur général du Centre islamique pour le développement du commerce (CIDC), organe subsidiaire de l'OCI implanté à Casablanca. Or, ce programme de coopération est d'une grande importance, selon Ekmeleddin Ihsanoglu, secrétaire général de l'OCI, visant, entre autres, la réduction de la pauvreté dans les pays membres de l'OCI et ayant droit à d'intenses efforts.
Pourquoi donc cet échec ? «Il est très clair que les obstacles à la mise en œuvre rapide des programmes approuvés jusque-là sont particulièrement dus à un mécanisme de financement inadéquat et à l'absence d'une appropriation à l'échelle nationale de ces projets», affirme-t-il dans une allocution lue en son nom lors de cette rencontre. En plus de cette appropriation, il faudra, selon le SG de l'OCI, présenter des projets viables pour pouvoir bénéficier du financement des banques multilatérales de développement, telles que la Banque islamique de développement. Il est nécessaire également, ajoute-t-il, d'impliquer tous les partenaires nationaux, régionaux et internationaux.
«La BID à elle seule ne pourra pas financer tous les projets sélectionnés par le comité des projets», martèle A. Rachdi qui explique qu'il faut se tourner vers d'autres sources de financement notamment le secteur privé et les autres institutions multilatérales pour financer ces projets. Il a également mis en cause à cette occasion les subventions et autres formes de soutien accordés dans les principaux pays industrialisés producteurs. Par ailleurs, il est à noter que le plan d'action quinquennal de l'OCI pour le coton est adopté par la 22e session du Comité permanent pour la coopération économique et commerciale (COMCEC) de l'OCI. Une trentaine d'Etats membres de l'OCI participent à ce plan d'action qui a plusieurs domaines de priorités.
Il s'agit de l'amélioration de la productivité et les techniques de production, le renforcement des capacités structurelles et organisationnelles des pays membres, le développement du traitement et du marketing du coton, l'amélioration de la compétitivité internationale et du financement des activités. Pour ce faire, le programme se propose de regrouper trois parties, à savoir les producteurs de coton, les pays possédant l'expertise de la production de textiles ou d'articles vestimentaires et les institutions financières.
L'OCI et le coton
Le coton joue un rôle important dans le développement socioéconomique de plusieurs pays de l'OCI, notamment en Afrique Centrale et Occidentale, où plus de 16 millions d'individus vivent de la production du coton. Cette partie de la planète est ainsi devenue, récemment, le deuxième plus gros exportateur de coton après les Etats-Unis, avec près de 15% de parts du marché international. Le coton est également un important pourvoyeur de devises pour un nombre non négligeable de pays de l'OCI. Il revêt une importance cruciale en tant que source de revenus pour les gouvernements de pays comme le Bénin, le Burkina Faso, le Mali, le Tchad et le Togo, où il procure entre 5 et 10% du PNB et où les exportations de fibre de coton comptent pour près du tiers du total des recettes à l'exportation et pour plus de 60% des recettes des exportations agricoles.