De l'arnaque on-line

«Je suis harcelé quotidiennement au téléphone par une personne qui prétend être l'avocat de la fondation Bill & Melinda Gates», lance Ahmed.L, un jeune marocain. Ce dernier a reçu durant les dernières semaines des e-mails lui annonçant qu'il figure parmi les gagnants d'une loterie organisée par la fondation créée par le richissime américain, Bill Gates fondateur de Microsoft. «Nous avons le plaisir de vous annoncez que vous êtes l'un des heureux gagnants de la Bill Gates Fondation Lotery dont le siège social se trouve à Londres. Une loterie portant sur les adresses email des internautes », lit-on dans le message électronique reçu par Ahmed et de nombreuses autres personnes. Le principe du jeu tel qu'il est décrit par l'émissaire du message parait simple. Il s'agirait d'une sorte de loterie qui consiste à tirer au sort les adresses électroniques des internautes. Les ‘'heureux gagnants'' empochent par la suite la bagatelle de 250.000 euros.

Payer d'abord !
Si tous les ingrédients sont réunis pour indiquer aux personnes visées par les e-mails qu'il s'agit simplement d'une tentative d'escroquerie, certaines personnes y ont tout bonnement cru au début. Mais pas pour longtemps. Car une condition devait être remplie avant de recevoir son prix. En effet, les soi-disant représentants de la fondation établis en Côte-D'ivoire demandent aux personnes concernées d'effectuer un virement par le biais d'une multinationale spécialisée dans les transferts d'argent. Au total, la somme de 350 euro doit être envoyée par chaque gagnant, soit l'équivalent de 3500 dirhams. Et pour rassurer les victimes qui ont toutes commencé à ne plus donner suite à la demande des pseudo-représentants de la fondation américaine, un autre courriel fut envoyé. «Nous voudrions bien vous signifier que ces frais sont nécessaires pour garantir la sécurité de vos fonds car ces frais serviront à la législation de votre dossier de gagnant. Nous ouvrons donc dans l'intérêt des lauréats pour s'assurer qu'ils réceptionneront bel et bien leur gain dans les délais prescrits. Sur ce donc et après explication il est dans votre intérêt de vous acquitter de ces frais car sans ces frais votre dossier de gagnant ne pourra être déposé à la banque pour le paiement de votre gain», lit-on dans les messages électroniques destinés aux victimes.

Réaction
La tentative d'escroquerie qui a touché de nombreuses personnes a fini par interpeller les responsables de la fondation Bill & Melinda Gates mêlée dans cette affaire à son insu. L'organisation américaine a donc agi en diffusant un communiqué sur Internent. «Plusieurs e-mails frauduleux prétendant provenir de ou associé à la Fondation Bill & Melinda Gates circulent sur l'Internet en plusieurs langues. Ces e-mails, sites Web et les documents ne sont d'aucune façon associés avec la Fondation Bill & Melinda Gates. La fondation n'a pas sollicité et ne sollicitera pas des dons de toute nature. Nous recommandons de ne pas répondre aux courriels qui font de telles demandes», explique les responsables américains dans un communiqué disponible sur le sit-web officiel de la fondation. Ainsi, ces e-mails ne sont que de simples ruses utilisées par des personnes sans scrupules pour extorquer de l'argent à leurs victimes potentielles. Loin d'être un cas isolé, des tentatives d'arnaques similaires avaient eu lieu. Etrangement, ce n'est pas la première fois où des personnes basées en Côte d'Ivoire ciblent des citoyens marocains par leurs magouilles.

Quelques années auparavant, des courriels demandaient aux victimes d'envoyer leurs passeports ainsi que des sommes d'argents à une personne qui pouvait intervenir auprès des autorités consulaires canadiennes en Côte d'Ivoire pour obtenir facilement un visa longue durée pour le Canada. Effectivement, certaines personnes avaient accepté le deal avant de découvrir la vérité par la suite. De même, des spams et email frauduleux concernant la loterie américaine foisonnent également sur la toile. Il faut dire que des tentatives dans ce genre sont devenues une monnaie courante sur la toile universelle. Internent est aujourd'hui l'équivalent d'un univers numérique où les informations de tous genres peuvent circuler loin de tout contrôle selon des méthodes anonymes. Il est devenu de facto un champ fertile pour des actes de cybercriminalité. Même les grands organismes n'y échappent pas. Récemment, des responsables au journal le Matin avaient reçu des messages électroniques dont l'auteur prétendait être un correspondant régional du journal qui serait coincé dans un pays étranger sans le moindre sou et demandant aux responsables de lui transférer la somme de plus de 1000 euros. Après vérification, il s'est avéré que le correspondant en question se trouvait au Maroc et que le e- mail provenait d'une personne malintentionnée.

Banditisme électronique

En vogue ces dernières années dans les pays industrialisés au point de faire de l'ombre aux circuits classiques du grand banditisme, la cybercriminalité n'épargnent actuellement aucune zone géographique sur le globe.
Toutefois, la lutte contre la cybercriminalité n'est pas du tout facile. Plusieurs obstacles juridiques et surtout techniques se dressent devant les efforts menés pour lutter contre cette nouvelle forme de criminalité. Le caractère vaste des réseaux informatiques ainsi que la rapidité dans la commission des infractions, figurent parmi les principaux obstacles. Ainsi, un criminel résidant dans un pays donné peut faire des dégâts dans un autre pays de l'autre côté du globe en quelques minutes seulement. Actuellement, de nombreuses définitions existent concernant la criminalité en ligne. Selon la définition régulièrement retenue dans le web, la cybercriminalité regroupe «toutes les infractions pénales susceptibles de se commettre sur ou au moyen d'un système informatique généralement connecté à un réseau».