Il va sans dire que la plupart des fumeurs reconnaissent les dangers du tabac sur la santé. Plusieurs d'entre eux veulent bien arrêter de fumer afin d'éviter davantage de dégâts. Malheureusement, une grande partie d'entre eux tente le coup, mais rechute aussitôt dans la dépendance.
LE MATIN
14 Avril 2010
À 13:35
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) confirme que la plupart des fumeurs continuent de fumer, non pas d'une manière délibérée, mais parce qu'ils sont «accros» à la nicotine. Cette accoutumance est une maladie chronique, avec risque de rechute.
L'étude ''STOP'' (Smoking, The Opinion of Physicians) ou (Tabagisme, l'avis des médecins) est une enquête parrainée et financée par les laboratoires Pfizer et menée, en 2009, au Moyen-Orient et en Afrique par IMS Health. C'est l'une des plus vastes études jamais réalisées sur les attitudes des médecins envers le tabagisme et le sevrage tabagique. 699 médecins ont été interrogés dans sept pays à travers la région, notamment au Maroc, Algérie, Egypte, Afrique du Sud, Tunisie, Arabie Saoudite et Emirats Arabes Unis. Explorer les attitudes, les perceptions et les habitudes des médecins qui fument et ceux qui ne fument pas était la mission des chercheurs. Il en ressort que la plupart des médecins qui fument ont eu besoin de plus d'une tentative pour cesser de fumer: 71% des médecins qui fument actuellement ont essayé d'arrêter le plus souvent entre 3 à 5 fois.
Si la plupart des médecins interviewés pensent que l'arrêt du tabac est lié à la volonté de l'individu, d'autres pensent que le tabagisme est un comportement de dépendance. Dans le même sens, 59 % estiment que c'est la responsabilité des patients de s'aider eux–mêmes à arrêter de fumer. La part de responsabilité des médecins est estimée uniquement à 14%. Selon les résultats de ''STOP'', un quart des médecins interrogés ne se sent pas bien formé pour traiter la dépendance au tabac. Pourtant, les études montrent que le soutien d'un médecin peut énormément aider les fumeurs à arrêter de fumer.
Selon le professeur Hicham Aouina, pneumologue, une brève intervention de la part d'un médecin peut suffire pour avoir un impact positif. Une simple question ou une brève discussion sur les dangers du tabagisme sont un bon début. Si le fumeur souhaite cesser de fumer, il existe beaucoup de traitements pour l'aider, y compris ceux que seul un médecin peut prescrire. Aussi, lorsqu'il a été demandé aux médecins d'examiner le facteur commun de risque pour la santé, ces derniers ont classé la dépendance au tabac comme le facteur le plus difficile à traiter. Il est difficile pour la plupart des consommateurs du tabac de cesser de fumer par leurs propres moyens et beaucoup ont besoin d'aide et de soutien pour surmonter leur dépendance. Pour y parvenir, les personnes qui veulent cesser de fumer devraient demander conseil à un professionnel de la santé, comme leur médecin ou leur pharmacien.
L'enquête ''STOP'' montre définitivement que la communauté médicale reconnaît l'importance de traiter le tabagisme comme un facteur de risque de maladies graves. Au vu de la nature de la dépendance au tabac, il est difficile d'arrêter de fumer, mais avec l'aide et le soutien d'un professionnel de la santé, les patients motivés peuvent réussir à arrêter de fumer. Malheureusement, la dépendance au tabac est une condition physique et psychologique chronique, récurrente et qui rend le fait de cesser de fumer à la fois nécessaire et difficile à réaliser. En impliquant un médecin, un fumeur améliore ses chances de réussite grâce à une évaluation, au traitement et au soutien appropriés.
Rapport de l'OMS
Chaque année, l'épidémie du tabagisme tue 5,4 millions de victimes du cancer des poumons, des maladies cardiaques et d'autres maladies. Non confirmé, ce chiffre augmentera pour dépasser le cap des huit millions par an d'ici l'an 2030. Le tabagisme constitue un facteur de risque pour six des huit causes principales de décès dans le monde L'épidémie se déplace tragiquement vers les pays en voie de développement où 80% des décès dus au tabagisme surviendront dans quelques décennies. Ce déplacement est dû à une stratégie globale de marketing de la part de l'industrie du tabac qui cible les jeunes et les adultes dans les pays en développement. De plus, la plupart des femmes n'étant pas consommatrices de tabac, l'industrie du tabac déploie des efforts «pour les démarcher et puiser dans ce nouveau marché potentiel».