Le PNUD veut mettre à profit l'expertise marocaine
Le travail avec le gouvernement marocain sur l'amélioration de l'IDH serait l'un des principaux axes des activités du PNUD dans les années à venir >2010-2011.
L'IDH face aux inerrogations de sa pertinence.
LE MATIN
13 Juin 2010
À 13:24
Le PNUD semble convaincu plus que jamais de la nécessité de revoir les critères qui président à l'élaboration de l'Indice de développement humain (IDH). Bruno Pouëzat, nouveau coordonnateur du système des Nations unies et représentant résident du PNUD au Maroc estime en effet que cet indice est perfectible et que le Maroc, de par son expertise, pourra enrichir le débat mondial sur cette question. Offusqué par son classement sur l'échelle de développement humain, le Royaume avait émis l'année dernière des réserves sur la pertinence de cet indice qui ne reflète pas les avancées réelles qu'il a engrangées. L'argumentaire du Maroc avait eu un écho positif auprès des hauts responsables du PNUD, à telle enseigne que Alison Kennedy, directrice de l'unité des statistiques au bureau du rapport mondial sur le développement humain à New York, en visite au royaume, avait déclaré qu'il était peut-être temps de revoir les critères permettant d'élaborer l'IDH.
M. Pouëzat vient de corroborer ce point de vue vendredi dernier à Rabat. Un mois après sa nomination à Rabat, il a déclaré que « le Maroc a fait un progrès remarquable en matière de développement humain et l'on comprend dès lors la frustration des autorités marocaines qui, malgré tous leurs efforts, voient que l'indice de développement humain évolue lentement et ne reflète certainement pas la qualité des efforts fournis ». Mieux encore, le nouveau représentant résident du PNUD s'est dit intéressé par la perspective de travailler étroitement avec le Maroc afin de pouvoir améliorer la définition du concept de développement humain. « Je serais très intéressé de discuter avec les autorités marocaines comment on peut justement élaborer des indicateurs qui reflètent une définition plus vaste du développement humain et utiliser l'expérience du Maroc pour alimenter le débat mondial autour de cette question », a-t-indiqué.
Et d'ajouter que « le Maroc a beaucoup à apporter à ce débat par son expérience, par la qualité de ses cerveaux, les instituts de recherches qui travaillent dans ce domaine et la qualité de sa base de données ».Selon le même responsable, il serait peut être possible « d'utiliser le Maroc comme démonstration d'une définition de développement plus vaste et qui permette d'encourager d'autres pays à investir leurs ressources nationales et à diriger leurs politiques de développement pour mieux tirer profit du développement humain ». M. Pouëzat a affirmé que le travail avec le gouvernement marocain sur l'amélioration de l'IDH serait l'un des principaux axes des activités du PNUD dans les années à venir 2010-2011. « Je crois que nous pouvons avoir des résultats rapides et positifs ». Se gardant toutefois de désavouer les résultats de l'IDH en vigueur, le haut responsable a indiqué que le débat sur l'amélioration de l'IDH ne remettait pas en question les anciens classements du PNUD.
Pour lui, si le Maroc se trouve en queue de peloton, c'est qu' « il continue à faire face à des défis comme l'alphabétisation, où hélas les changements prennent du temps ». Mais, le haut responsable onusien n'en demeure pas moins convaincu que « la réalité du développement humain au Maroc est fidèle à l'image d'un Maroc en mouvement, le développement humain s'améliore pour une partie très importante de la population ». Bruno Pouëzat a souligné par ailleurs qu'il était extrêmement valorisant pour le PNUD de fonctionner au Maroc, un pays qui a érigé le développement humain en priorité nationale. « Le Maroc a annoncé que le développement humain était la priorité nationale depuis 18 mai 2005 date à laquelle S.M. le Roi Mohammed VI a lancé l'initiative nationale pour le développement humain. ».
Coopération Sud-Sud
Selon Bruno Pouëzat, « il va falloir changer nos ambitions pour l'avenir ». Pour lui, depuis 2005, le Maroc a changé de manière extrêmement rapide, voire accéléré. « C'est un défi pour tous les partenaires du Maroc de maintenir leur soutien à un niveau qui le rend utile. Il faut continuellement réviser nos ambitions, nos cibles en concertation avec nos partenaires pour s'assurer que nos offres de services demeurent pertinentes vis-à-vis des besoins du Maroc ». Le haut responsable onusien a souligné dans le même ordre d'idées que le Maroc bénéficie « d'un stock d'expérience qui pourrait être mise à profit dans le cadre de la coopération Sud-Sud notamment en l'Afrique subsaharienne avec laquelle le Maroc a, historiquement et politiquement des liens forts ». « Donc nous nous proposons de travailler avec les institutions marocaines pour les aider à vendre leur expérience et leur compétence au sein de pays qui seraient intéressés par le modèle marocain. Il y a déjà des discussions assez avancées dans le domaine de l'eau où le Maroc a développé une véritable expertise, y compris dans le domaine de la formation. Nous allons explorer avec nos partenaires au sein du gouvernement les domaines qui pourraient faire l'objet de projet de coopération Sud-Sud ».