«L'Oriental, un écosystème favorable aux entrepreneurs»
Titulaire d'un diplôme d'ingénieur «systèmes et réseaux» de l'Ecole des techniques avancées de Paris (1992), Driss Moulay Rachid est natif de Casablanca en 1968 mais d'une famille originaire d'Oujda. Il a occupé plusieurs postes de responsabilité aussi bien dans le secteur public que privé. Depuis octobre 2008, jusqu'au 1er mai, date de sa nouvelle nomination à la tête du CRI de l‘Oriental, il a occupé le poste de directeur du pôle programmes à la wilaya de la région du Grand Casablanca.
Driss Moulay Rachid
LE MATIN
11 Juin 2010
À 17:13
Centre régional d'investissement, Moukawalati, Centre des jeunes dirigeants, AFEM, Associations des femmes chefs d'entreprise, Fonds d'investissement régionaux, sont autant de structures d'aide et d'accompagnement des entreprises et des entrepreneurs apportant cette impulsion du «départ» au moment de la création d'une entreprise. L'aide peut aller du montage d'un dossier de financement au soutien quant aux démarches à effectuer, à l'organisation à mettre en place…au soutien moral. Force est de constater que ces structures d'appui à la création d'entreprises se sont multipliées et ont gagné en qualité, en structuration. Ils regroupent aujourd'hui des acteurs qui s'investissent, s'impliquent dans leur mission d'aider à la création d'entreprises, moteur de la richesse.
Aujourd'hui, l'un des objectifs des Centres d'investissement régionaux, aidés par les walis très attentifs, et pilotés pat des jeunes et moins jeunes managers bien formés, c'est de remettre les entreprises et les entrepreneurs au cœur de la société et de l'activité économique. L'entreprise est en effet le moteur de la croissance et le fer de lance de l'emploi. Les recrutements à la fonction publique se faisant de plus en plus rares, il faut réduire au maximum tous les obstacles à la création de l'entreprise et surtout créer un réflexe PME des politiques publiques, utiliser tous les créneaux et les nouvelles opportunités, par exemple celles créées par l'économie verte et les nouvelles technologues. Les dirigeants de ces structures sont eux-mêmes de bons managers qui ont une vision globale du marché. Ils sont souvent à la pointe de l'innovation, savent gérer des équipes, communiquer, animer, maîtriser les outils financiers et orienter. Ils savent être proactifs pour créer de la valeur dans un environnement économique et humain difficile. Ils sont aujourd'hui en poste à Casablanca, Tanger, Agadir, Fès, Oujda et dans d'autres villes et sont nombreux à se battre pour avancer dans un environnement souvent miné par la crise. Driss Moulay Rachid est l'un d'entre eux.
Titulaire d'un diplôme d'ingénieur «systèmes et réseaux» de l'Ecole des techniques avancées de Paris (1992), Driss Moulay Rachid est natif de Casablanca en 1968 mais d'une famille originaire d'Oujda. Il a occupé plusieurs postes de responsabilité aussi bien dans le secteur public que privé. Depuis octobre 2008 jusqu'au 1er mai, date de sa nouvelle nomination à la tête du CRI de l'Oriental, il a occupé le poste de directeur du pôle programmes au sein de la wilaya de la région du Grand Casablanca. La visite royale du CRI d'Oujda et l'inauguration royale récente du nouveau Centre régional d'investissement de Nador sont autant de messages significatifs quant à l'importance qu'il faut donner à la création de l'entreprise. D'ailleurs, dans un entretien accordé au Matin, Driss Moulay Rachid revient sur le potentiel de développement de la région de l'Oriental. Le directeur du CRI trouve le mot juste en qualifiant cette région d'un "écosystème favorable aux entrepreneurs". Un environnement d'autant plus favorable qu'il dispose de tous les atouts qui rende la région à la fois attractive et plus visibilité. Le vivier est là, encore faut-il le capitaliser.
Entretien avec Driss Moulay Rachid, directeur du CRI de la région de l'Oriental
LE MATIN : Avez-vous pris la mesure de l'immensité de la tâche qui vous attend à un moment de transformation de la région de l'Oriental ?
Driss Moulay Rachid : Oui, et j'ai pu durant ces dernières semaines mesurer la formidable dynamique enclenchée depuis le Discours Royal du 18 mars 2003. Il y a eu tout d'abord une très forte implication de l'Etat dans tout ce qui est infrastructure de base et de communication pour le désenclavement de la région. Il y a l'autoroute Fès Oujda qui sera prête en juin et qui va complètement changer l'approche de la région. Avant la région était connue pour être une économie de contrebande caractérisée par des échanges avec le pays voisin malgré une fermeture de frontières. Maintenant on se rend compte qu'il y a de fortes potentialités dans cette région géostratégique qui se trouve au cœur du Maghreb. Depuis 2004, la région a drainé 46 milliards de DH d'investissement publics qui seront suivis à court et moyen termes par les investissements privés dont on sent déjà l'impulsion. 70% des investissements publics ont été consacrés au tourisme : les stations de Saida, de Ras El Maa et de Marchiqua à Nador en sont une bonne illustration; la territorialisation du plan Emergence avec la technopole d'Oujda et une zone franche dédiée à l'énergie renouvelable, l'agropole de Berkane ainsi que le parc de Salouane où l'on prévoit un investissement qui dépasse 5 milliards de DH. Ce sont des zones de nouvelles génération Tout cela c'est de l'investissement, la création de richesse et la création de quelque 70 000 emplois directs dans la région d'ici 2014.
Nous sommes à la veille des grandes vacances et la station de Saida risquerait d'attirer un grand rush malgré les problèmes d'assainissement dont on a fait état ?
La nappe phréatique est à 50 cm et il y a eu un problème d'étanchéité. Le problème est pris à bras le corps et il sera résolu dans sa globalité. Ces incidents ne doivent pas nous faire oublier que Saida est un site d'exception qui bénéficie non seulement d'un climat idyllique toute l'année, mais d'infrastructures de qualité :grands hôtels et enseignes internationales comme l'hôtel Barcelo et Iberostar, des très nombreuses installations et équipements de loisirs et de sports, un centre commercial qui s'étend sur 43500 M2 comprenant des boutiques des restaurants et des commerces, des résidences touristiques, près de 3000 appartements et 12 villages de vacances avec une marina et un resort qui en feront dans les prochaines années l'un des ports de plaisance le plus important de la Méditerranée avec celui de Tanger. Nous assistons là à la naissance d'un grand pôle balnéaire qui va transformer toute la région avec un arrière-pays remarquable, avec notamment l'Oasis de Figuig et toutes les richesses du Zegzel, avec prochainement ce grand projet de Marchica près de Nador , qui donne la mesure des transformations de la région. Le projet est mené tambour battant par une équipe dynamique pour transformer ce site unique au monde, une lagune de 25 km s'étendant sur une superficie de 4000 hectares ! Cette future station balnéaire est composée de 7 zones de complexes, d'hôtels de centres de sport et de loisirs, port de plaisance, académie de golf.. ; qui seront réalisés dans le plus grand respect de l'environnement et du développement durable avec une priorité pour les énergies renouvelables, éolienne et solaire, et le recyclage des eaux usées grâce à la nouvelle station d'épuration, l'une des plus modernes de la région qui a été tout récemment inaugurée par Sa Majesté le Roi. Le premier projet sera suivi par d'autres, comme la Cité de la mer, un village marina, le village des pécheurs, la baie des flamands et les vergers de Marchica tous situés à proximité du futur grand port Med West de Nador.
Il y a aussi le parc industriel de Nador, qui accueille des incubateurs d'entreprises partenaires et qui est jumelé avec Malaga l'un des centres les plus modernes. Un mot sur ce projet ?
Le projet de la zone industrielle de Selouane est situé à 12 km de Nador et s'étendra à moyen terme sur 142 hectares. La cadence de sa réalisation s'est accélérée. Il sera un des parcs pionniers en matière d'innovation institutionnelle et de partenariat puisqu'il est piloté par une filiale de la CDG MedZ, en partenariat avec le ministère de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies, l'Agence de l'Oriental, la province ainsi que la Chambre de commerce, d'industrie et de services de Nador. C'est une territorialisation du plan Emergence puisque l'objectif de ce parc est de moderniser le tissu industriel, à travers divers moteurs de croissance comme l'offshoring, l'électronique, ou encore l'aéronautique dans une région qui est totalement désenclavée et remarquablement bien desservie à proximité de la rocade méditerranéenne, à proximité des aéroports d'El Aroui et d'Oujda Angad, des ports de Beni Ansar et de Mellilia, ainsi que de la gare ferroviaire de Nador. Le parc offrira aux industriels une pépinière d'entreprises et accompagnera en termes de conseils et de moyens les jeunes promoteurs. Et là nous serons tout à fait dans le rôle du CRI décliné dans la Lettre Royale portant création des CRI qui doivent être un guichet d'aide aux investisseurs.
Vous avez été nommé à la tête du CRI de l'Oriental, après avoir été directeur de programme à la Wilaya de Casablanca, cela vous change-t-il ?
J'ai été nommé le 1er mai, le jour de la Fête du travail et c'est un bon signe. Dés le premier jour, à la première réunion j'ai été signataire d'une convention qui portait sur 2,5 milliards de DH et sur la requalification du centre ville d'Oujda en tant que président du Comité de pilotage. Le jour qui suit, j'ai eu l'insigne honneur de présenter le bilan devant Sa Majesté après avoir fait le tour de la région, Saida, Berkane …J'ai été impressionné par le changement opéré dans la région qui se traduit entre 2003 et 2009 par quelque 100 milliards de DH d'investissements dans la région, dont 50 milliards déjà injectés dans des mégaprojets. Toutes les conditions sont là pour faire de cette région un pole de compétitivité. Il n'y a pas que l'axe de Casa Rabat et il faut dire à l'ensemble des opérateurs économiques du Maroc et du monde que la région de l'Oriental est appelée à changer de prisme. En tant que CRI nous allons tout mettre en œuvre pour accompagner les PME et PMI depuis leurs phases de montage jusqu'à la réalisation.
L'environnement est aujourd'hui excellent, il faut en profiter pour multiplier les partenariats et renforcer la visibilité et l'attractivité de la région, d'une région qui bénéficie d'une formidable vitalité 57% de la population a moins de 25 ans. Le potentiel humain est là bien formé et renforcé par les compétences de la diaspora qui sont nombreuses car vous savez que l'Oriental est la première région d'émigration en Europe et nos compétences émigrées sont aujourd'hui porteuses de modernité, de savoirs et de performance A coté de tous ces atouts il y a un autre aiguillon, le plus important, c'est la détermination de sa Majesté le Roi très attentif au pilotage et au suivi de ce chantier de transformation d'une région. Celle-ci est un élément déterminant pour l'aménagement du territoire, et sera demain au cœur du Maghreb.