Fête du Trône 2006

Le Maroc et l'intégration régionale en Afrique

30 Mai 2010 À 13:54

A la Conférence de la Cnuced, réunie il y a quelques jours sur le thème de l'intégration régionale et les politiques économiques, le Maroc a porté haut sa voix. C'est le moins que l'on puisse dire, en effet, parce que l'ambassadeur, représentant permanent du Royaume à Genève, a choisi un thème d'une actualité brûlante qui nous interpelle : «L'intégration régionale en Afrique et rôle du Maroc». Omar Hilale s'est inscrit d'emblée dans l'esprit de la célébration du Cinquantenaire des indépendances des Etats africains.
Il convient de rappeler, à cet effet, que notre pays avait largement contribué depuis 1956 à la lutte pour l'émancipation des pays d'Afrique encore sous le joug colonial. Cofondateur de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), devenue l'UA, il n'avait de cesse de préconiser et de mettre en œuvre l'impératif d'une intégration économique intercontinentale, capable de promouvoir le développement économique et social des pays d'Afrique, sur les plans interne et externe.
Cinquante ans après la vague des indépendances, le même critère persiste : l'intégration des économies du continent demeure l'objectif unique.

Le représentant du Royaume du Maroc s'est fait l'avocat « pro domo » de cette vision incontournable, en soulignant « qu'elle traduit un choix stratégique et constitue un défi majeur pour les peuples et les économies d'Afrique, dans un monde globalisé et étroitement interdépendant ». Cependant, tout en mettant l'accent sur une telle nécessité, il n'a pas omis, comme s'il fallait nous mettre en garde, de souligner que « ces atouts peuvent être compromis par la persistance des conflits internes et interétatiques, ainsi que par des foyers de tension et d'insécurité dont les conséquences ont été dramatiques pour le continent ». Les dernières décennies portent, en effet, la marque quasi indélébile des atrocités et des déchirures de conflits, ethniques ou territoriaux, qui ont eu pour conséquence de ralentir, quand ce n'est pas freiner la croissance du continent et de mettre à mal ses peuples. Du Biafra au Rwanda, qui illustrent les cas extrêmes, au conflit latent mais aberrant du Sahara, en passant par d'autres crises en germe, l'Afrique semble passer à côté de l'Histoire. D'où l'appel pressant du représentant du Maroc à Genève qui souligne que « l'intégration régionale reste inéluctablement tributaire de la prévalence d'une culture politique de la paix, de la sécurité collective, du bon voisinage, de respect de l'intégrité territoriale des Etats et de l'engagement sincère en faveur du règlement des conflits par le dialogue et la négociation ».

Nous sommes en face d'une réalité constante : la causalité avérée du déficit politique et, conséquence logique, de la paralysie économique. La gravité des menaces qui pèsent sur la croissance des pays africains, ne fait aucun doute. En revanche, elle plaide pour la nécessité de mettre en place des mécanismes et un plan cohérent  pour rétablir les bases d'un développement. Il faut donc rétablir le pouvoir de l'économie par celui de la démocratie et de la stabilité. Y parviendrait-on ? Les éléments de réponse se trouvent dans le projet irénique, certes, mais plausible et en tout cas unique, celui de l'intégration régionale qui, entre autres obstacles, devrait surmonter celui de la fermeture des frontières persistante ici et là. Omar Hilale, tout à son exigence intellectuelle de diplomate patenté, au fait des questions de développement, estime que « la fermeture des frontières est antinomique avec la culture de l'intégration et de ses exigences objectives de libre circulation des biens, des personnes et des capitaux ». C'est peu dire que la fermeture de frontières entre des pays voisins constitue, dans le monde du XXIe siècle, une aberration et une loi contre-nature ! Il n'est que de voir ce qu'il en coûte aux économies du Maroc et de l'Algérie, pour constater le gâchis causé et le désespoir qu'il nourrit au sein des deux peuples.

Comme le représentant du Maroc à Genève le précise avec lucidité, la « fermeture des frontières aggrave le coût humain, social, économique et sécuritaire, déjà énorme, de la simple absence d'intégration de la région et pénalise injustement les populations frontalières ». Pis : elle favorise la contrebande en tous genres, la prolifération de commerces illicites et des manques à gagner pour les Etats. « La fermeture des frontières est tout simplement la négation de l'intégration régionale » ! Et de nous prévenir que le Fonds monétaire international (FMI) considère que l'absence du Maghreb, par exemple, « coûte à la région 2 à 3 points de croissance par an » !
Le constat, lancé du haut de la tribune de la Cnuced, interpelle tous les responsables du continent, quelles que soient leurs positions et leurs compétences. Le Maroc, pays africain et arabe, ne cesse de militer en faveur de l'unité et du développement des pays du continent. Quand bien même il aurait quitté en 1984 les instances de l'OUA pour dénoncer les manigances d'un certain Edem Kodjo, alors secrétaire général de l'organisation panafricaine, notre pays a tissé des relations bilatérales fructueuses et porteuses avec la totalité des pays africains et, de ce fait, mis en œuvre une coopération exemplaire d'Etat à Etat, qui confirment sa vocation africaine et renforcent sa position dans le continent.

C'est si vrai que Sa Majesté le Roi Mohammed VI, depuis son accession au Trône et aujourd'hui, a effectué-comme jamais aucun autre chef d'Etat dans le monde ne l'a fait-pas moins d'une dizaine de visites dans plusieurs Etats d'Afrique. Sous son règne, comme le souligne encore Omar Hilale, « la coopération et la solidarité agissante avec les pays africains sont érigées en priorité stratégique de la politique étrangère du Maroc, tant sur le plan bilatéral que multilatéral ».
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