Les dernières précipitations ont mis à nu la fragilité de cette infrastructure dont la construction a coûté 1,26 milliard de dirhams. La Wilaya et la société délégataire font le point.
LE MATIN
30 Décembre 2010
À 17:38
Construite et mise en service fin 2007 pour un coût de 1,26 milliard de dirhams, la décharge contrôlée d'Oum Azza (à 20 km de Rabat) fait l'objet aujourd'hui de plusieurs plaintes formulées par la population riveraine. Les dernières précipitations ont mis la décharge dans un état piteux. La fuite des eaux usées, la décomposition des ordures et les odeurs nauséabondes qui s'en dégagent ont causé de grands dégâts sur le plan environnemental. A en croire Teodem, la société délégataire, c'est une conséquence logique d'un certain nombre de problèmes techniques et financiers auxquels elle est confrontée.
La société française, filiale du groupe Pizzorno Environnement, a monté dernièrement au créneau pour dénoncer la situation délétère dans laquelle se trouve la plus grande décharge de la région de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër. Selon son directeur, les communes bénéficiaires des prestations n'ont pas jusqu'à présent payé les arriérés dus à la société. Cela a induit un retard du paiement des salariés et d'approvisionnement en gasoil nécessaire au fonctionnement de la décharge.
Outre ces difficultés financières, la société délégataire pointe du doigt un certain nombre de dysfonctionnements au niveau de la gestion de ce service public vital. En premier lieu, la pression qui augmente d'une année à l'autre sur la décharge d'Oum Azza, amenée à traiter des déchets ménagers en provenance de 12 communes urbaines et rurales de Rabat, Salé, Témara et Khémisset.
Rien qu'entre avril et octobre 2010, les quantités d'ordures réceptionnées se sont élevées à 380.500 tonnes. Depuis sa mise en service, la décharge a traité au total 1.670.200 tonnes d'ordures. Pour alléger la pression mise sur elle, deux centres de transfert et de tri des déchets ont été construits à Rabat, Akreuch tout précisément qui émet la moitié des déchets collectés sur toute la région.
Malheureusement, ces deux centres ne sont pas encore mis en service pour des raisons qui demeurent inconnues. Par ailleurs, Salé qui émet environ 35% des déchets destinés à la décharge d'Oum Azza, ne dispose pas jusqu'à ce jour de son centre de transfert. «Cela reste le plus grand défi à relever dans le futur», a reconnu le représentant de l'autorité délégante, lors d'une réunion tenue en date du 14 décembre dernier par la Wilaya pour discuter des problématiques liées à la gestion de la décharge d'Oum Azza et essayer d'y trouver des solutions concertées.
En ce qui concerne les odeurs infectes dégagées par les ordures, la société délégataire s'est engagée à en améliorer le traitement, moyennant des neutralisants d'odeurs. Et pour éviter toute contamination de la nappe phréatique, Teodem a fait savoir qu'elle procède systématiquement à un suivi de la qualité des eaux souterraines et superficielles. La Wilaya, de sa part, a affiché sa volonté de résoudre les autres problèmes en suspens, d'ordre financier et technique. Elle a émis à cet effet plusieurs recommandations.
En premier lieu, elle a exhorté les communes conventionnées avec Teodem à lui payer les sommes dues avant la fin de l'année en cours pour mettre sur pied son programme d'investissement. Ensuite, la Wilaya a appelé les autorités locales de Salé à accélérer le rythme de construction du centre de transfert des déchets localisé dans la ville, compte tenu de l'incapacité du centre d'Akreuch à gérer les grandes quantités de déchets provenant de Salé. De même, l'autorité délégante souligne la nécessité de mettre en service le centre de transfert de déchets d'Akreuch dont les travaux de construction ont été finalisés. Enfin, la Wilaya recommande le renforcement de l'infrastructure au niveau de la commune d'Oum Azza afin de gérer les potentiels dégâts environnementaux occasionnés notamment par les fuites des eaux usées.