L'humain au centre de l'action future

L'art de la transcendance

Sur le thème « Griffes de lumières », l'artiste-peintre Abderrahmane Ouardane continue son périple à travers le monde. Aujourd'hui, c'est à la galerie Bab Rouah,à Rabat, que sa caravane fait escale jusqu'au 14 décembre 2010.

28 Novembre 2010 À 13:04

Transportant pas moins de 30 toiles, l'artiste Abderrahmane Ouardane a entrepris en 2009 une aventure artistique assez singulière.
Se présentant sous la forme d'une tournée culturelle à travers le monde, le projet de l'artiste, portant le mon «Griffes de lumières», avait pour finalité de présenter et de donner à voir ses œuvres. Cette caravane, qui a commencé par parcourir la France? a fait escale à Tournon sur Rhône, Monaco, Antibes et Nice. Après avoir conquis les amateurs d'art de la Côte d'Azur, c'est vers la ville des lumières et plus exactement à la Porte de Versailles qu'elle est partie le 14 mars. Par la suite, c'était au tour de Marseille de découvrir les œuvres de l'artiste plasticien en mai et Montréal au Canada en juillet 2010.

Après un tel parcours, il était impossible de s'arrêter en si bon chemin. La caravane n'allait pas stopper sa marche sans faire escale dans son pays. Aujourd'hui, les toiles qui ont fait le tour de la France ornent fièrement les cimaises de la galerie Bab Rouah à Rabat. Elles y resteront jusqu'au 14 décembre. A côté de l'exposition de ces œuvres d'art, le peintre organisera des conférences et des débats autour de ses créations et de l'évolution des arts plastiques au Maroc. Une manière de les promouvoir et d'en faire connaître l'histoire à un plus grand public.

Celui qui n'a pas cessé de créer des décennies durant a mûri son œuvre. «Griffes de lumières» est, en fait, le fruit de plusieurs années de réflexion sur son art. « Tout mon effort aujourd'hui est de dépasser le visuel et le superficiel. Je désire profondément aller au-delà du sujet observé et de me délivrer des surfaces des êtres et des choses ! Et pour cela, j'ai besoin à chaque fois devant ma toile de me voir moi-même, au plus profond de mon être avant de donner à voir !
Ainsi donc, ma création aujourd'hui est une tentative de me détacher du sujet observé pour me projeter dans le monde de l'esprit et tenter un dépassement, une «transcendance» afin de donner un sens nouveau à mon œuvre !», déclare Abdarrahmane Ouardane.

Ce désir de transcender le réel à la recherche d'un idéal, comme le ferait un pur soufi, confère plus de lumières à ses toiles, épurées à l'extrême. Ne subsiste alors que cette envie prégnante de s'extraire de tout ce qui touche à ce bas monde pour s'élever en vu de toucher le firmament de la plénitude.
«Aujourd'hui, à la différence d'hier, créer pour moi, c'est avant tout se détacher du bassement matériel. C'est abolir cette aliénation au visuel et à l'apparent, c'est se projeter dans le merveilleux monde de l'esprit. De faire naître des charmes plus attractifs et d'aller vers l'élévation de l'âme ! », selon l'artiste.

L'appel de la lumière

Lauréat des Ateliers artistiques Thur de Paris, en 1980, Ouardane a consacré plus de vingt années à peindre la femme. Dans un style figuratif puis impressionniste, le « peintre des femmes » comme on le surnommait, les peint d'abord nues, puis voilées. Ses femmes d'Imilchil sont célèbres. Mais à l'aube des années 2000, la rupture avec la représentation figurative de la femme se fit dans la douleur et l'artiste se prit de passion pour le signe, le symbole et l'allégorie; il investit ensuite le champ de l'abstraction dans une démarche créative nouvelle et originale. Aujourd'hui, ce sont des vibrations spirituelles lumineuses qui l'appellent avec insistance et envahissent ses toiles. L'artiste expose au Maroc comme à l'étranger. En marge de son œuvre picturale, Ouardane est largement impliqué dans l'associatif. Il est président de l'association Arkane, secrétaire général de l'AMAP et trois fois commissaire de la Grande Exposition nationale des arts plastiques (GENAP).(Guide des artistes plasticiens marocains).
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