Unifiée par le même thème de l'artisanat marocain, l'exposition « Mille et un doigts » met en exergue la spécificité et l'ingéniosité combien méconnue de l'artisan marocain. Celui du cuir en majorité avec quelques potiers et ferronniers, dont les 16 photographes ont fixé, à travers leur objectif, le travail méticuleux et très méthodique. Une démarche des plus astucieuses qui a ancré à jamais ces métiers d'une manière artistique et professionnelle, mais avec des visions différentes.
LE MATIN
04 Janvier 2010
À 17:00
Car chacun des jeunes photographes a émis son point de vue personnel et ses propres sentiments. Des prises très diversifiées rendant l'exposition aussi intéressantes que porteuse de créativité. Selon Jaâfar Akil, président de l'AMAP, « les photographies de l'exposition participent, à différents niveaux, à la représentation du sujet de l'artisanat avec une acuité visuelle sans égale, distincte des approches photographiques précédentes. Cette prestation est le résultat de différents ateliers que j'ai effectués avec mes élèves et d'autres jeunes étudiants. C'est la qualité artistique et technique de certaines photographies qui m'a donné l'idée d'en faire une exposition collective, afin de les encourager et faire valoir leurs efforts ». En effet, ces jeunes étudiants de l'Institut Supérieur de l'Information et de la Communication ont tous voulu sortir de l'ordinaire en innovant dans leur travail où sensibilités et goût ont fait partie des démarches appliquées afin d'avoir un produit unique et de valeur esthétique. Ils se sont évertués à nous offrir un artisan dans son vrai milieu et sa vraie dimension sociale, dévoilant, ainsi, sa méthode d'exercer son métier et son vécu quotidien dans son modeste atelier. Un point très important qui nous rapproche, en tant qu'observateur, du lieu où cet artisan passe la majorité de son temps à répéter les mêmes gestes appris par ses prédécesseurs.
«A travers cette prestation, les participants ont produit un nouvel acte photographique mettant en valeur l'artisan marocain en tant qu'être universel et non en tant que profession », souligne M. Akil. Une nouvelle approche qui nous enseigne, aussi, sur un homme resté, longtemps, dans l'ombre de ses réalisations qui nous ont, à plusieurs reprises, représentés honorablement dans de grandes festivités et salons à l'étranger. Cette initiative de la part de l'Association marocaine d'art photographique est vraiment à saluer. Elle a, d'une part, permis de rendre honneur à ces hommes constituant la fierté du Maroc par le biais de leurs doigts d'or qui manient parfaitement des formes et des couleurs faisant l'éloge de l'artisanat marocain. Et, d'autre part, de promouvoir de jeunes talents dans l'art de la photographie. Benyounes Amirouche, Plasticien et critique d'art, nous livre une lecture des plus précieuses sur ce travail d'historien qui confronte les diverses générations de notre artisanat.
«Dans cette exposition, nous assistons, d'une part, à l'illustration de la génération des vieux artisans dans la photo d'Amina Sriri qui traduit le regard pensif et douloureux du maître artisan, et d'autre part, à la représentation d'artisans plus jeunes par la photo de Sanae Zouine qui décrit le regard ambitieux et avide d'apprendre de l'apprenti. Ces deux visions complémentaires cernent l'histoire d'un métier entre le passé et le présent tout en suggérant l'attente de l'avenir. Dans les photos d'Afaf Bouchikhi et Mohamed Elaji, l'artisan est considéré comme un corps dynamique qui ne réalise son inscription physique que dans le mouvement au sein d'un atelier où l'on prend un soin particulier de la décoration », explique-t-il, tout en soulignant le type de cadrage et prises des angles des photographes, l'espace, la profondeur et les couleurs privilégiés par chacun. Une belle critique dénotant de l'intérêt du sujet et du talent des photographes choisis. ----------------------------------------------------------------------
Promotion de jeunes talents
Organisée conjointement par le ministère de la Culture et l'Association marocaine d'art photographique, l'exposition «Mille et un doigts» rassemble une pléiade de jeunes photographes, tous des étudiants à l'Institut Supérieur de l'Information et de la Communication où la formation à la photo journalistique fait partie de leur cursus d'études. Seize jeunes photographes furent choisis pour accomplir ce travail sur le thème choisi par l'AMAP. Il s'agit de Aïcha Alwaqaf, Zhor Baki, Rim Battal, Afaf Bouchikhi, Salma Bounjara, Karima Chakiri, Mohamed El Aji, Mounia El Aboudi, Fatima Ezzohra Ennda, Chafik Faiz, Imane Lahrach, Badr Lebnioury, Oussama Rhaleb, Amina Sriri, Zarah Zeroual, Sanae Zouine. Ils ont tous fait montre d'une grande sensibilité et d'une appréciation vis-à-vis du sujet de l'artisan marocain.