L'humain au centre de l'action future

«End», un film sans fin

Projeté en compétition officielle au Festival, le long métrage de Luis Sampieri pèche par sa longueur et son rythme ennuyeux. Retour sur une séance de torture interminable.

10 Décembre 2010 À 16:11

Un film qui démarre lentement et dans lequel le réalisateur prend tout son temps pour planter les décors et installer la trame n'est pas toujours qualifié d'ennuyeux ou de mauvais. Ce rythme, peu soutenu, peut découler d'un choix esthétique et technique. Mais quand le film s'achève sans qu'il ne se passe rien et que le spectateur se retrouve durant la projection à passer son temps à compter les minutes dans l'attente d'une délivrance ultime qui mettrait fin à une interminable séance de torture, cela devient de la maladresse de la part du réalisateur. Sur ce chapitre, le cinéaste Luis Sampieri en sait quelque chose. Il peut même être sacré champion du genre.
Projeté en compétition officielle, « End », qui met en scène trois adolescents qui viennent de faire connaissance, a du mal à démarrer et encore moins à tenir la route. Deux Espagnols et une Arabe (Marocaine d'après son dialecte) se retrouvent, ici et maintenant et puis… rien. Le jeune homme conduit les deux jeunes filles en voiture dans une forêt pour on nesait quelle raison. La tension monte petit à petit et ne cesse de planer sur les relations entre les protagonistes, auxquels la « Seat », qu'on voit dans tous ses états, vole la vedette. On la voit rouler, s'arrêter, ronronner, sale et puis propre…

Et pourtant, le synopsis du film, véritable attrape-nigaud, ne laisse rien transparaître, ou presque. Il est présenté comme suit dans le catalogue du Festival : « Tout se passe lors d'une seule journée durant laquelle trois adolescents, qui se connaissent seulement via Internet (Merci pour cette information que tout le monde ne pourra pas deviner), se donnent rendez-vous. Tout arrive en douze heures. Douze heures pendant lesquelles ils se retrouvent dans un état de tension extrême, seuls au monde dans un silence absolu, chacun suivant son propre chemin… mystère, mystère !

D'après ce pitch, les cinéphiles avertis devaient s'attendre à un rythme assez monotone pour marquer le désœuvrement et le degré de perdition de ces jeunes. Mais ils étaient à cent lieues d'imaginer que cette volonté de marquer le manque de communication, qui sévit parmi ces jeunes, aurait pour résultat ce chef-d'œuvre de l'ennui, ennemi juré et péché capital de toute œuvre cinématographique.
S'il est vrai que les jeunes sont dépeints comme des individus qui n'ont d'existence que dans le monde virtuel, le réalisateur, lui, est bien ancré dans le réel. Alors que ses antihéros, espèce de zombies ambulants, se vautrent dans un mutisme assassin, lui, avec sa fibre écologique, se balade avec sa caméra pour capturer toutes sortes de plantes, d'animaux et d'insectes.

Il prend tout son temps, probablement pour marquer le décalage qui existe entre cette nature bien vivante et ces jeunes agonisants qui passent à côté de la vie. La symbolique est forte, mais n'en reste pas moins maladroite et tronquée. Les interminables 90 minutes ne justifient en rien la fin du film. Dix minutes auraient suffi au réalisateur pour transmettre ses messages. Résultat. Très peu de parole, pas d'action. Beaucoup d'ennui. Une heure et demi de supplice que certains spectateurs frileux et un tantinet schizophrènes ont essuyé du début jusqu'à la fin.
Pas facile d'être cinéphile. Les moins aguerris ont pris le parti de quitter la salle pour vaquer à une autre occupation. Quant à ceux qui ont ponctué cette séance de moments de sommeil (Ils sont nombreux à l'avoir osé), ils n'ont certainement pas été dérangés dans leur entreprise. Le silence qui planait sur la salle favorisait ce repos amplement justifié. C'est probablement là le seul mérite de ce film. « End ».

Bio express

Luis Sampieri est né le 25 mai 1971, à Tucumán, en Argentine. Il a étudié la photographie à l'Université nationale des arts de Tucumán et a exposé ses oeuvres dans plusieurs manifestations nationales et internationales. En 1994, il s'installe à Buenos Aires et y étudie le cinéma. Sampieri a également participé à des cours de comédie basés sur les techniques et la méthode de l'Actor's Studio. Il vit aujourd'hui à Barcelone, où il travaille comme directeur de film, scénariste et commercial. Le jeune cinéaste a à son actif plusieurs films : La Maquina del Humo (court métrage) 1994, Irène (co-directeur), 1998, Cabecita Rubia 2001, Te Acompañamos (With You, court-métrage) 2006.

End/Fin 2010. A rappeler que ce dernier figure parmi les films en compétition au Festival international du film de Marrakech, laquelle compétition regroupe 15 films et met à l'honneur le cinéma de demain avec 10 premiers films et 3 seconds films sélectionnés, représentant 15 nationalités différentes.
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