Depuis hier, la ville du détroit vit au rythme du Festival ''Tanger Crea''. Les lumières d'un cinéma, aux couleurs et aux saveurs espagnoles, font briller de leurs plus beaux éclats plusieurs endroits de la ville.
LE MATIN
17 Décembre 2010
À 16:21
Fort d'une expérience de trois années, durant lesquelles il a confirmé sa notoriété, cet événement revient avec autant d'ambitions et de promesses. Des promesses que tente de tenir un programme riche en projections de films espagnols sélectionnés parmi les meilleurs, en rencontres avec des artistes du 7e art lors d'ateliers scénarios, réalisations, nouvelles technologies et ''Stop Motion'', organisés à l'Institut Cervantès au profit des jeunes étudiants de cinéma et de l'audiovisuel et des enfants de l'association ''DARNA''. Au menu également une table ronde sur le thème «Cinéma et littérature, deux langues et la même signification» animée par Juan Madrid, Alejandro Gallo Y Mohamed Bouissef Rekab.
Et comme il est de coutume dans tout festival qui se respecte, des hommages seront rendus à des personnalités qui ont marqué le 7e art de leurs empreintes. Aussi, cette quatrième édition sera marquée par la remise des Prix Hercules à la réalisatrice marocaine Farida Belyazid et au cinéaste espagnol Imanol Urbide. Avec tous ces volets, le Festival ''Tanger Crea'' ambitionne de créer de l'animation dans la ville, tout en jetant des ponts entre les cinémas du Maroc et de l'Espagne. «L'objectif principal du festival est de créer des liens entre cinémas et cinéastes. Si, d'un côté, il y a une série de projections de films relativement récents de production espagnole, de l'autre, il y a des ateliers qui se veulent surtout un espace pour échanger aussi bien les idées que les techniques. Notre ambition n'est autre que d'ouvrir une voie de communication dans le domaine du septième art », affirme Cecilia Fernández Suzor, directrice de l'Institut Cervantès de Tanger.
Initié par l'AECID, l'Institut Cervantès de Tanger et la Fondation Globalon,''Tanger Crea'' propose au public tangérois une autre vison du cinéma, une nouvelle façon de percevoir le monde et une esthétique propre aux créateurs espagnols. Aussi, la variété et la diversité des thématiques abordées par les films programmés sont susceptibles d'intéresser un large public parce qu'étant proches de sa sensibilité. Il y est question de quête de liberté et de bonheur, d'amour, de nostalgie, de solitude, de solidarité, d'hypocrisie sociale…
Il est, tout de même, dommage que les films espagnols ne soient pas sous-titrés en arabe ou en français pour qu'ils puissent être accessibles à un plus large public. A ce reproche, la directrice de l'Institut Cervantès répond que les organisateurs se pencheront certainement sur cette question et y réfléchiront profondément. « Peut-être qu'il faudra faire des efforts pour que les films soient sous-titrés à l'avenir en arabe ou en français. Quoique, encore, l'espagnol est parlé assez couramment dans cette ville ». Quant aux ateliers, bonne nouvelle pour les non-Hispanophones, « tous les assistants sont Marocains, en provenance de la filière cinéma de l'Institut des Beaux-arts de Tétouan et de différents ciné-clubs ou simplement, des Tangérois intéressées par le processus de fabrication de films».
Questions à: Cecilia Fernández Suzor • Directrice de l'Institut Cervantès de Tanger.
«Pour cette édition, nous revenons au cinéma pur»
Pourquoi un festival du film espagnol à Tanger ?
Tanger est une ville à longue tradition espagnole avec un public ouvert d'esprit qui s'intéresse à ce que font ses voisins immédiats dans le domaine.
Quel bilan (provisoire bien entendu) faites-vous des trois années du festival ?
Il me semble difficile pour l'instant de dresser un bilan digne de ce nom : le festival a changé d'optique ou de forme entre les premières éditions, celle de l'année dernière et celle-ci. Les premières éditions étaient plus consacrées simplement à montrer le cinéma espagnol . La dernière édition, quand le festival a adopté le sous-titre « Tanger Crea » (Tanger crée), il était question d'ouvrir l'éventail et c'est ainsi qu'il y a eu des ateliers sur différentes disciplines : arts plastiques, cuisine, musique... Pour cette édition, nous revenons au cinéma pur.
Comment voyez-vous son évolution dans le futur ?
J'espère surtout que cette initiative évolue dans le sens de créer de vrais liens entre les cinémas espagnol et marocain: peut-être est-ce un petit grain de sable apporté pour que dans l'avenir, il existera plus de coproductions hispano-marocaines de films.