Spécial Marche verte

Une véritable épidémie

L'hypertension artérielle (HTA) est un véritable enjeu de santé publique. Elle touche près d'un tiers des adultes marocains. Cette maladie peut être liée au mode de vie urbain. Entre autres, la sédentarité, le stress, l'obésité, l'âge, l'hérédité, sont des facteurs pointés du doigt par les médecins.

01 Juin 2010 À 15:47

Les mauvaises habitudes qui favorisent la survenue de cette maladie mortelle et handicapante sont légions aussi. Il existe aussi d'autres facteurs déclencheurs du HTA tels que le bruit, les troubles de sommeil, l'abus de l'alcool, le café, le tabagisme…

Une proportion non négligeable de la population est hypertendue, mais elle ignore son état. Il est donc opportun de présenter l'hypertension artérielle au grand public, car cette maladie provoque des atteintes organiques graves aux personnes sans parler des lourdes conséquences psychosociales et économiques.
L'hypertension reste pour longtemps asymptomatique. Elle s'installe sans se faire remarquer. Cependant ses répercussions sur la santé sont très graves.

La pression artérielle correspond à la force exercée par le sang contre les parois des artères. L'hypertension artérielle (HTA) est l'élévation permanente des chiffres de la pression artérielle (dite tension artérielle ou TA) au dessus de 16/9,5. La pression artérielle normale est inférieure à 14/9. La pression artérielle n'est pas fixe. Elle varie en permanence dans la journée et selon l'activité. Lorsque la pression est trop importante, les artères vieillissent plus vite et le cœur, plus sollicité, se fatigue. Malheureusement, le HTA peut être à l'origine des angines de poitrines, des maladies cardiovasculaires et même rénales.

Il est important de déceler tôt cette maladie qui constitue, non seulement un problème de santé publique, mais représente un grand facteur de risque. Les spécialistes parlent de certains signes qui font suspecter une hypertension artérielle. Les maux de tête, le matin surtout, sur le sommet ou derrière la tête, les étourdissements, les troubles visuels, la fatigue, le saignement de nez ainsi que les hémorragies conjonctivales, les crampes musculaires et la pollakiurie (l'envie fréquente d'uriner). Par ailleurs, les organes qui en souffrent le plus souvent sont le système nerveux, la rétine, le cœur, les reins et le pénis.

Et afin d'éviter toute complication, il faut absolument traiter l'hypertension artérielle, même si elle ne provoque aucun symptôme chez le patient. La maladie constitue un facteur de risque cardiovasculaire à part entière. Son diagnostic et son traitement sont l'occasion du dépistage des autres facteurs de risque cardiovasculaires.
A noter qu'avant d'affirmer une hypertension artérielle chez un patient, le médecin doit se donner un délai et s'assurer de la permanence des chiffres tensionnels en surveillant régulièrement le patient et en lui prenant la tension avec un manomètre à mercure, au repos en position couchée, au moins deux fois en 15 jours.

En effet, dans la majorité des cas, la cause exacte de l'hypertension artérielle n'est pas retrouvée. Des causes génétiques ont été récemment mises en évidence. Les spécialistes parlent d'hypertension artérielle permanente lorsque la TA est tout le temps élevé.
Le chiffre du minima est important car il traduit directement la souplesse et la résistance des parois artérielles. Lorsqu'ils découvrent une hypertension artérielle, ils la contrôlent à plusieurs reprises dans des conditions différentes : repos, effort, debout, couché, bras droit puis bras gauche...
ils s'assurent ainsi de sa permanence.

Apnées du sommeil

Depuis plusieurs années, les spécialistes s'intéressent aux conséquences respiratoires de certains troubles du sommeil. En effet, ils ont, découvert que de nombreuses personnes présentent, pendant la nuit, des arrêts d'une dizaine de secondes de la respiration (apnées du sommeil) sans même qu'elles ne s'en rendent compte et se réveillent. La qualité de leur sommeil en est altérée mais il peut en résulter des conséquences pour leur santé, notamment sur le plan cardiovasculaire. Des chercheurs du collège de médecine Hershey de l'université de Pennsylvanie ont analysé les relations entre troubles respiratoires du sommeil, ronflement et hypertension artérielle. Pour ce faire, ils ont interrogé par téléphone dans un premier temps 4.364 hommes et 12.219 femmes de 20 à 100 ans vivant dans le sud de l'Etat de Pennsylvanie. Ils ont ensuite étudié en laboratoire le sommeil des 741 hommes et des 1.000 femmes qui présentaient de fortes probabilités de troubles respiratoires associés au sommeil (excès de poids, somnolence pendant la journée…). Les résultats révèlent que la probabilité d'être hypertendu augmente chez les personnes présentant des troubles respiratoires associés au sommeil, mais également chez les ronfleurs "ordinaires”, ce qui était peu attendu.
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Explication Abdelatif Achiibet • Médecin généraliste

"Un ennemi qui tue sans trop de bruit"

Qu'est-ce que l'hypertension artérielle ?

L'hypertension est une maladie silencieuse qui se caractérise par une mesure excessive de la pression du sang sur la paroi des artères. C'est un véritable ennemi qui tue sans faire trop de bruit, d'où le surnom de tueur silencieux, car la maladie est chronique et peut entraîner des complications vasculaires très sérieuses partout en particulier cérébrales, cardiaques et rénales L'hypertension artérielle est une mesure de tension artérielle élevée en permanence à partir de 14/9 cm Hg chez l'adulte, toutefois, chez le diabétique, elle devrait être inférieure à 130/80 et encore plus bas lorsqu'il y a une insuffisance rénale sérieuse.

Qu'en est-t-il au Maroc ?

Le Maroc est un pays à grand risque cardiovasculaire ; le HTA est un fardeau non négligeable à cause de ses complications.
Une étude nationale réalisée en 2000 a constaté une prévalence de 33, 6% chez la population adulte à partir de 20 ans et 54 % chez l'homme de plus de 40 ans. Cependant, seulement 18% savent qu'il sont hypertendus et 12,7% des traités sont contrôlés. C'est une véritable épidémie, si on peut se permettre l'expression ; non seulement très fréquente mais sous diagnostiquée et mal contrôlée.

Quels sont les facteurs de risque ?

On peut citer le diabète, le tabagisme, l'alcool, la sédentarité et l'excès de cholestérol.

Existe-t-il un traitement efficace ?

Tout d'abord, il faut informer et sensibiliser sur l'hygiène alimentaire en corrigeant les erreurs diététiques tout en préconisant la diminution du sel et en luttant contre le surpoids et en consommant moins de sucrerie et produits gras et encourager une alimentation riche en fruits et légumes.
Eliminer les facteurs de risque tels que le stress, le tabac, l'obésité abdominale (ventre), la sédentarité et l'excès du cholestérol. Il est fortement recommandé de faire du sport, la marche active régulière entre autres. Les traitements médicaux efficaces existent et s'imposent à vie pour contrôler et gérer la majorité des HTA. On a recours de plus en plus aux associations (les campagnes de dépistage, sensibilisation) pour un meilleur contrôle, le choix dépend des cas de figure et le médecin adapte le traitement idéal. Malheureusement le traitement et couteux et l'observance n'est pas toujours respectée d'où l'intérêt de la communication; de l'information, l'éducation et la simplification des traitements.

Comment prévenir ?

Il est souhaitable de sensibiliser contre les facteurs de risque et promouvoir un mode de vie sain. Si la maladie est dépistée à temps et prise en charge correctement, le malade peut éviter les graves complications. Il faut organiser des campagne de sensibilisation, de dépistage au profit de la population. Rien qu'avec l'éducation et la prévention, on réduit 50 % les complications mortels de HTA.
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