Au douar de Larbi ben Msik à la périphérie du quartier d'Al Bernoussi, des centaines d'habitants ont été évacués de leurs habitations suite aux intempéries qui ont eu lieu la nuit du lundi au mardi.
Afin d'abriter toute la population touchée par les inondations, une salle a été mise à disposition bénévolement mais provisoirement par Lhaj Abdelouahed Rahal ami de Abdelaziz El Machichi, vice-président de la commune urbaine de Sidi El Bernoussi.
LE MATIN
02 Décembre 2010
À 17:15
Une centaine de familles éparpillées dans tous les coins d'une grande salle des fêtes. Des femmes au visage triste et au regard profond. Des hommes et des femmes âgés qui ne cherchent qu'à se réchauffer. Des handicapés qui pleurent. Des enfants qui regardent ce qui se passe autour d'eux avec un air d'incompréhension. Telle est la situation à la salle des fêtes qui se trouve à proximité du douar de Larbi ben msik à la périphérie du quartier d'Al Bernoussi. En effet, selon les autorités locales, quelque 500 personnes sont arrivées mardi à la salle les inondations qui ont touché leurs maisons. Une nuit de pluie et 178 millimètres d'eau ont été suffisants pour noyer tout le douar. «Nous pouvons nous estimer heureux puisque nous sommes toujours en vie. Nous sommes venus ici sans rien du tout.
Nous avons tout laissé derrière nous », témoigne une habitante du douar délogée à la salle des fêtes. Afin d'abriter toute la population touchée par les inondations, une salle a été mise à disposition bénévolement mais provisoirement par Lhaj Abdelouahed Rahal ami de Abdelaziz El Machichi, vice-président de la commune urbaine de Sidi El Bernoussi.
Ce dernier exprime son mécontentement face à l'attitude du Conseil de la ville. «Cela fait des années que ce douar se noie sans que personne ne puisse rien faire. Après la situation catastrophique du lundi, j'ai dû intervenir personnellement en parlant au propriétaire de la salle des fêtes pour abriter ces gens. Il s'agit de femmes, de personnes âgées, de malades et de bébés, qui n'ont même pas des vêtements chauds à porter. Pour cela, je m'adresse au wali de la ville pour trouver une solution rapide pour ces gens là», fustige-t-il. «Je voudrais également protester contre l'attitude du Conseil de la ville, commençant par le président jusqu'au petit employé. Les autorités locales sont là mais ne peuvent aider en rien. Mardi, le premier jour de l'arrivée des familles à la salle, le Conseil de la ville a apporté des couvertures et des matelas en éponge pour dormir en nous promettant de distibuer de la nourriture par la suite. Il nous a fallu attendre plus de 24 heures pour qu'on reçoive du lait, du thé, du fromage et des conserves de sardines.
Nous avons dû payer nous mêmes les frais de sucre, du pain, du gaz... Nous nous demandons où est le Conseil de la ville dans tout cela ?», ajoute El Machichi. Du côté des habitants du douar, ils se sont groupés hier jeudi vers 10h du matin pour protester. Pourquoi ? Ils ont faim. Ils n'ont commencé à se calmer qu'après l'arrivée de 150 rations de nourritures offertes par une association qui a préféré garder l'anonymat.
Concernant leur situation générale, ils ne sont pas satisfaits pour autant. Ils savent très bien que la solution de la salle de fête est provisoire surtout qu'il y aura un mariage demain samedi. «Maintenant nous sommes ici mais nous n'y resterons pas éternellement. Déjà là ce n'est pas vraiment confortable mais qu'est ce que nous allons faire après, alors que nous avons tout perdu ? Je dois payer 500 dirhams par mois rien que pour le lait de ma fille, sans parler de ma mère qui est malade ni de moi-même.
Et le comble c'est que nous n'avons plus ni meubles ni électroménager tout est «foutu». Tout en sachant que j'ai contracté plusieurs crédits pour les avoir et que je suis toujours en train de les payer. Je me demande comment je pourrai en avoir des nouveaux ?», raconte une habitante du douar furieusement avant que sa mère ajoute «Nous vivons chaque année la même catastrophe, c'est comme si nous avions les moyens de changer de meubles tout le temps. De plus, cette année c'est pire. J'ai failli mourir tout comme plusieurs personnes. Nous sommes submergés d'eau alors que l'hiver n'a pas encore commencé. C'est injuste ce qui nous arrive Il faut qu'on nous trouve une solution. Nous voulons des maisons qui ne se noient pas aux moindres averses». Solution et injustice sont les maîtres mots qui règnent dans la salle. Mais d'autres habitants du douar qui ont passé la nuit du mardi au mercredi dans la salle des fêtes ont choisi d'être plus réalistes et sont partis vider leur maisons submergées d'eau.
Selon eux, il faut une solution rapide mais connaissant le travail des responsables ils savent qu'ils devront rejoindre leurs maisons dès que possible même sans électricité, sans meubles ni même pas des vêtements secs. «Nous avons vécu cette situation plusieurs fois, mais cette année cela s'est passé tôt et ça a été plus grave. Nous nous sommes retrouvés avec plus d'un mètre et demi de hauteur d'eau qui remplit la maison. Je ne sais pas nager, je me suis accroché à mon grand fils et je tenais le petit par l'autre main en essayant de le soulever », confie une victime des intempéries. Des images incroyables décrites par les habitants. On dirait un film de science fiction. Des enfants et des vieilles personnes, des handicapés qui ne bougent pas et qui attendent ce que leur réserve leur sort...
Sauveurs et humeurs
Ce sont les jeunes qui se sont mis à sauver les vies. «Nous nous sommes mobilisés pour sauver les gens qui se noyaient dans leurs maisons. Nous n'avons reçu l'aide ni de la protection civile ni de personne. Torse nu, nous avons ramené les zodiacs et les bouées que nous utilisons pour la pêche pour aider les gens», affirment des jeunes du douar. Les vies ont heureusement été sauvées mais les dégâts matériels ont été très importants. Le matériel électroménager est complètement détérioré et les meubles ne servent plus. N'importe qui pourrait remarquer les montagnes de meubles jetés à la sortie du douar. Certains sont contents d'être vivants alors que d'autres auraient préféré être noyer.