Samedi se tiendra la soirée de clôture de «Hip-hop Madrassa». Les participants aux ateliers y feront la démonstration de leur talent, avant le concert de Scred Connexion.
LE MATIN
17 Juin 2010
À 17:25
Du hip-hop oui, mais pas seulement. Dans la vaste notion de «culture urbaine», il y a de la danse, de la musique, mais aussi du graff, de l'écriture et du graphisme. C'est tout ce panel qui est à l'honneur depuis lundi, et jusqu'à samedi soir, à l'Institut français de Meknès. L'événement est le fruit de la collaboration de deux associations, Art d'Waz et Urban Style. La première est française, l'autre marocaine.
«Hip hop Madrassa» («L'école du hip-hop»), premier événement du genre, n'est pas un festival. C'est plutôt un projet, doté d'une semaine festive, mais surtout créative et formatrice, dont le produit restera dans le temps. Le chantier est participatif et libre. «Tous les jeunes seront acceptés dans la formation, gratuite. Il faut pallier le côté éphémère de tant de festivals, approfondir le volet instructif», expliquent les organisateurs. Dans cet objectif, plusieurs ateliers ont été mis en place : la danse, ou plutôt du break-dance ; le MAO, c'est-à-dire la création musicale assistée par ordinateur ; la pratique du mix et du scratch sur des platines de DJ ; l'occupation scénique, le graff et le graphisme. Encadrés par des professionnels, parmi lesquels les membres du groupe français «La Jonction», le compositeur français Sayd des Mureaux (collaborations avec Kery James, Diam's…), le danseur Keskya, les jeunes se verront remettre une attestation.
Et bénéficieront d'un beau tremplin. «Le but, c'est d'accompagner tous ces jeunes groupes qui émergent dans leur carrière, pour leur éviter de tomber dans des pièges. On leur donne quelque chose sans rien demander en retour », explique Othman Benhami, coordinateur de la manifestation et membre de Urban Style. Les morceaux composés serviront d'instrumentaux lors d'une semaine d'enregistrement en studio à Meknès. Concrètement, les résultats des ateliers seront utilisés lors de la soirée de clôture, le 19 juin. Avant que le collectif de rap français Scred Connexion n'entame le concert final, les groupes amateurs assureront la première partie. Les danseurs participeront à une «battle», et les fresques de graffiti serviront de décor de scène. Mais les principales têtes pensantes du projet, ce sont les responsables de Urban Style. Ce sont aussi les rappeurs du groupe H Kayne, fondé à Meknès en 1996.
Ils figurent parmi les pionniers du mouvement hip-hop au Maroc. «Cela fait quinze ans qu'on est sur scène. On est parti de rien. On a vécu et appris beaucoup de choses, qu'on essaie de transmettre et d'apprendre.»
Au travers du duo Urban Style-Art d'Waz, il s'agit d'associer les talents et les héritages des artistes marocains et français issus de cette culture. Si les hip-hop français et marocain sont associés dans cette manifestation, c'est car «la mentalité est la même», commente Othman Benhami. «C'est une façon de montrer qu'il n'y a pas de barrières, pas de frontières dans le hip-hop. Au Maroc ou en France, le fonctionnement est le même. C'est toujours une culture qui se démarque des autres. L'énergie y est toujours positive, elle amène à quelque chose quoiqu'il arrive». Si le courant français possède un passé plus riche, le mouvement marocain a fait des émules depuis quinze ans. Awdellil et d'autres ont imposé leur nom.
La ville de Meknès s'est également imposée. H Kayne y est pour beaucoup, avec Urban Style. Par le passé, l'association a participé à l'organisation du «Parkour Day», composé de démonstrations de break dance, de «parkour» (art du déplacement, rendu célèbre par les Yamakasi).
Scred Connexion
Fondé au milieu des années 90, le collectif «Scred Connexion» (en verlan, «connexion discrète») est un cas unique dans le paysage du hip-hop français. La formation est originaire du quartier Barbès, doté d'une forte communauté maghrébine, dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Elle est composée de cinq rappeurs indépendants : Haroun, Koma, Mokless, Morad et Fabe. Ce dernier a quitté ses camarades en 2001. Sous le slogan « Jamais dans la tendance, toujours dans la bonne direction », ils se veulent engagés. Scred Connexion, qui se refuse d'être un groupe, a toujours fui la médiatisation. «Ils sont au plus proche du public. Ils sont devenus un phénomène en France, et ont créé une émulation auprès des jeunes », revendique le manager du groupe, Abdel Aderdour. Ils ont signé plusieurs albums, le dernier étant «Ni vu… ni connu».