Le groupe français Egis renforce sa présence au Maroc. Après les agences de Rabat et de Casablanca, il a inauguré jeudi dernier une nouvelle agence à Rabat. Cette dernière se chargera, en partenariat avec Ingema, de la maîtrise d'œuvre du génie civil de la Ligne à grande vitesse (LGV) reliant Kénitra à Tanger sur près de 87 Km.
De gauche à droite, M. Magnon-Pujo, directeur général de Egis Rail, M. Smouni, directeur du pôle développement de l'ONCF, et M. Cunin, président d'Egis Rail.
LE MATIN
04 Octobre 2010
À 18:07
Selon le directeur général d'Egis Rail, Hubert Magnon-Pujo, « c'est une nouvelle aventure humaine qui démarre avec l'ouverture de ces locaux. La maitrise d'œuvre du tronçon Kenitra-Tanger marque une nouvelle étape de notre partenariat avec l'ONCF».
M. Magnon-Pujo n'a pas caché, à cette occasion, sa fierté de pouvoir travailler sur l'un des projets structurants du Royaume, la LGV. « Nous sommes particulièrement fiers de pouvoir travailler pour la réalisation d'un des grands projets emblématiques du Maroc », a-t-il dit, insistant sur les relations de partenariat qu'Egis entretient avec des cabinets marocains afin de pouvoir mener à bien le projet de la LGV.
«Les cabinets d'ingénierie marocains sont fortement impliqués dans ce projet. 80% de la phase conception et 100 % de la phase travaux seront faits à Rabat. Nous n'hésiterons pas déplacer nos experts ici. Nous tablons sur un partenariat durable avec les cabinets locaux », a-t-il précisé. La LGV Kenitra-Tanger s'inscrit dans le cadre d'un vaste programme de développement des infrastructures ferroviaires qui s'est concrétisé le 1e février 2010 par la signature d'un contrat-programme entre l'ONCF et l'Etat. L'investissement global, de l'ordre de 20 milliards de dirhams (1.8 milliards d'euros), permettra de relier Casablanca à Tanger en 2 heures et 10 minutes contre les actuelles 5 heures et 45 minutes, grâce à des trains roulant à une vitesse avoisinant les 300 km/h.
«Le Maroc sera ainsi le premier pays du continent africain à se doter d'une LGV», a rappelé le responsable français. Selon les responsables du groupe Egis, les travaux de maîtrise d'œuvre du génie civil s'annoncent complexes. La construction de la ligne Kenitra-Tanger sera non seulement confrontée aux difficultés classiques d'acoustique et de végétation mais aussi à d'importantes contraintes topographiques et géologiques. Le tracé implique la gestion des ressources en eau, le respect des sites archéologiques, l'impératif de linéarité malgré le terrain. De plus, le caractère compressible des sols dans certaines zones nécessitera le déploiement des dernières techniques de stabilisation des plateformes. La traversée de zones habitées, notamment au sud de Tanger, impliquera la mise en place, pour la première fois au Maroc, de protections phoniques garantissant aux habitants une neutralité du projet.
Le projet de la LGV Kenitra-Tanger n'est pas le seul important projet ferroviaire que le Maroc connaitra dans les prochaines années. Un vaste chantier de modernisation du reste du réseau est prévu sur la période 2010-2015 pour un budget de près 13 milliards de dirhams. Il s'agit notamment de mettre à niveau les axes Kenitra-Casablanca (avec triplement des voies) et Settat-Marrakech, de l'électrification de la ligne Fès-Oujda, de la poursuite de la modernisation des gares et de la mise en place de gares logistiques. Et comme l'a souligné M. Magnon-Pujo, ces projets représentent autant d'opportunités de partenariat entre Egis et le l'ONCF.
Questions à: Hubert Magnon-Pujo • directeur général d'Egis Rail.
«45 % des activités liées à la LGV seront confiées à des cabinets marocains »
Les bureaux d'études marocains seront-ils impliqués dans ce projet ?
Depuis le début, les cabinets marocains sont nos partenaires dans ce projet. Déjà, au niveau de l'offre, nous nous sommes présentés en groupement avec un bureau d'études de la société Ingema. Nous allons travailler également avec un autre bureau d'études sous-traitant spécialisé dans le ferroviaire. Je puis vous dire que sur ce projet, plus de 45 % de l'activité sera réalisée par des bureaux d'études marocains.
Quelles seront les principales difficultés auxquelles la réalisation de ce tronçon sera confrontée ?
Le tronçon Kénitra-Tanger est un projet complexe. Les principales difficultés concernent les terrassements puisque nous aurons des terrains compressibles sur 13 km. Ce qui implique le recours à des techniques particulières. Mais cela n'aura aucune conséquence sur les délais puisque nous avons prévu tout cela dans nos études. Nous devrons livrer les plates- formes pour les installations ferroviaires avant la fin de l'année 2013.
Outre la LGV, quels sont les autres projets qui vous intéresseraient ?
A court terme, les projets liés aux équipements ferroviaires de la Ligne grande vitesse nous intéressent. Nous attendons encore la réponse de l'ONCF concernant les offres qui ont été soumises. Nous nous intéressons aussi aux consultations sur les aménagements de la ligne entre Kenitra, Rabat et Casablanca. Il y a aussi les études de signalisation et d'électrification ainsi que les études sur les tramways dans d'autres villes comme Fès. Sans oublier bien entendu le programme d'investissement lancé par l'ONCF (2010-2015).