Naissance de SAR Lalla Khadija

La fête du sacré se poursuit à Fès

Les passionnés découvrent au fil du festival une mosaïque des chants sacrés du monde, expression de l'âme des peuples: arabe, perse, indou, africain, asiatique et européen.

08 Juin 2010 À 16:15

Les mélomanes des musiques sacrées ont vécu un véritable rêve avec la nuit de la Médina. Un véritable voyage musical et initiatique avec sept shows musicaux dans les plus beaux sites et pierres centenaires de la Médina. Les chants sacrés et populaires d'Anatolie des Turcs Gülay Hacer Toruk ont retenti la nuit du lundi à la Synagogue Ben Danan et racontent des histoires transmises oralement depuis des siècles, des steppes de l'Anatolie aux ruelles d'Istanbul où résonnaient autrefois les chants juifs en ladino.

Le chant populaire et la poésie mystique afghane où s'entrecroisent les traditions patchounes, tadjikes, balouches ou hazâras, remplissent cette nuit là, Dar Moqri et dar Tazi. Les spectateurs ont découvert, au travers des sonorités incisives, métalliques et mercuriennes du luth rûbab, l'univers montagnard des peuples à l'inspiration mystique et à la fierté guerrière, dont l'art s'inspire des premiers raffinements des cours de l'Inde. Ils ont aussi découvert le grand artiste Ustad Gholam Hossain, l'un des prestigieux maitres du rûbab et la ferveur qu'il témoigne dans l'interprétation des répertoires soufis.

Les chants nomades des steppes de Mongolie ont plongé de leur côté les spectateurs à Dar Adiyel dans les déserts de Mongolie où les chants diphoniques se font le prolongement et l'écho des éléments naturels, un hommage aux animaux, aux sources, aux vents des steppes et aux roches des montagnes. Rarement la voix de l'homme n'aura été si proche de la nature..Rajab Suleiman Virtuose du qanun de Tanzanie et directeur musical du légendaire Culture Musical Club de Zanzibar, a émerveillé le public avec sa musique, née d'une rencontre de l'Afrique et du monde arabe et d'un mélange de la musique égyptienne, turque au répertoire mélodique swahili, le ngoma et le style rural de Zanzibar. Au cœur de cette musique il y a la nostalgie poétique des airs romantiques de l'Egypte des années 50 et cette beauté insulaire, traversée par le sillage des fellouques pointant le ciel de leurs voiles hautes et fières. Le voyage du sacré se poursuit la nuit du lundi à Dar Tazi avec les musiciens du Nil de la haute Egypte. Et là les accents stridents du hautbois de l'artiste, le mizmar rappelle la ghaita marocaine qui traverse cœur et esprit.

Des sons qui accompagnent la danse soufie tanoura qui renvoie aux derviches tourneurs de Konya ou d'Alep et autres danses.

Les sons du Mizmar font voyager le public de Dar Tazi à travers l'Orient, les BalKans, l'Asie et le Maghreb. Au musée Batha, dans un écrin de verdure et de pierres centenaires, les frères iraniens Kiya et Ziya Tabassian font découvrir aux spectateurs une musique originale inspirée des répertoires du Moyen Age.
Fondateurs de l'ensemble Constantinople, leur duo au luth setar et au tambour se nourrit des musiques persanes, de la Méditerranée et de l'Europe. La découverte du sacré, se poursuit avec les ensembles Constantinople et Barbara Furtuna, quatuor Corse et leur mélange des polyphonies corses et les musiques persanes et anciennes.

Le public vivra aussi un véritable virement musical avec Camille et Clément Ducol de France avec leurs chants religieux traditionnels du monde entier et l'ensemble soufi Mtendeni Maulid de Zanzibar qui offre une autre facette du maulidi de Zanzibar.

Cette «Nuit de la Médina” est selon les organisateurs, une invitation à explorer un autre Orient : l'Orient nomade des steppes de Mongolie ou des plaines d'Anatolie, l'Orient festif des grands fleuves. L'occasion également de découvrir sous une nuit étoilée la musique des imposantes cités carrefours de grandes civilisations, comme Kaboul et de se perdre dans les ruelles d'une ville devenue universelle.

Du mellah, quartier juif de Fès Jdid, jusqu'au cœur de la médina avec le Riad Moqri au travers des ruelles tortueuses, le festival a incontestablement recréé l'atmosphère des anciens caravansérails où se croisaient les peuples voyageurs en quête du sacré et de spiritualité.

Les journées fassies du patrimoine

La 16ème édition du Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde abritera comme c'est devenu, coutume, des Journées Fassies du Patrimoine qui se tiendront les 11, 12 et 13 juin 2010. Elles se dérouleront au travers de trois circuits guidés, un voyage dans l'histoire pour découvrir les richesses architecturales de la Médina de Fès, carrefour de grandes civilisations.
Le voyage se décline en Circuit Palais et Belles Demeures: Dar Tazi (départ et monument), Palais Glaoui, Riyad Mokri (IFMTB), Palais Mokri, Ryad Alya, Circuit du Savoir:
Dar Tazi (départ), Medersa Bouanania, Bibliothèque Karaouiyne, Medersa Attarine, Medersa Chératine et Circuit Artisanat: Dar Tazi (départ), Bab Boujloud, Chrabliyen, Nejjarine, Debbaghine, Seffarine, Sebbaghine.
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