L'humain au centre de l'action future

«Les Colonialistes» de Omar Mounir

Impressionné par ce thème qui a accompagné toute l'histoire de l'humanité, Omar Mounir n'a pu s'empêcher de l'étaler dans son ouvrage «Les Colonialistes » paru dans les éditions Marsam, à travers lequel l'auteur décortique, des références et extraits à l'appui, tout l'historique de ce mal devenant plus dangereux que jamais. «Ce qui m'a aussi encouragé à développer ce travail, c'est qu'à chaque fois que j'en parle, je trouve que les gens sont conscients de cet état de fait », précise-t-il.

05 Mars 2010 À 17:04

Avec son style simple et très clair, Omar Mounir nous mène dans une péripétie d'événements historiques depuis les premiers colonisateurs, qui sont les Européens, jusqu'au 21ème siècle où une recolonisation de la planète s'annonce plus dangereuse, plus complexe et plus coûteuse dans tous les sens.
Avec des idées, fruits de son observation et de ses recherches personnelles, l'auteur a essayé de se départir du langage dominant fait par les Occidentaux et à leur service, qui finit par forger des raisonnements faux. « Quand on falsifie le langage à la base, nous aboutissons à des conclusions fâcheuses.

En ce qui concerne le colonialisme européen, si vous enlevez l'Europe, vous obtiendrez le reste de la planète qui est constitué d'anciennes colonies européennes. Les Européens sont parvenus en quelques siècles à coloniser toute la planète. Nous sommes en train, actuellement, d'assister à une reprise de cette colonisation sous les auspices des Etats-Unis», souligne Omar Mounir qui définit le colonialisme comme une procédure qui n'a jamais changé depuis les nuits des temps. « Il y a un seul type de colonialiste. Il vient sur une terre et veut se l'approprier en évacuant les populations autochtones. Ces derniers continuant à revendiquer leurs territoires, sa seule manière de procéder est de les éliminer physiquement. Par conséquent, le colonialisme n'a jamais été autre chose qu'une entreprise génocidaire pure et simple. Lorsque les évangélistes anglo-saxons sont arrivés au continent nord-américain, ils avaient parfaitement conscience qu'ils devaient éliminer sa population. Ils avaient programmé cette élimination en toute conscience.

Il y a beaucoup d'ouvrages historiques où ils attestent eux-mêmes de cela. Cela a duré trois siècles. A un moment donné, et après avoir éliminé à peu près 40 Nations dans ces territoires, ils ont décidé d'arrêter pour garder quelques spécimens comme souvenirs de ce massacre.
C'est dans la conférence de Berlin, en 1884, qui a rassemblé toutes les puissances coloniales où s'est effectué le partage du « gâteau », c'est-à-dire tous les territoires conquis. Mais, l'idéal pour cette colonisation était l'Amérique du Nord où les colonisateurs voulaient arriver au même résultat ».
Omar Mounir relate, également, dans son écrit, les plus terribles des massacres qui sont ceux des populations de l'Afrique australe par les Allemands. «Ils se sont avérés des champions dans le génocide ». Cela continuera de cette manière et les génocidaires trouveront toujours un prétexte pour éliminer des peuples.
Mais, avec l'avènement du droit international qui a été appliqué un tant soit peu grâce à l'Union Soviétique, la rage du colonialisme s'est calmée pour un bout de temps.

« C'était uniquement une astuce pour tromper l'ennemi. Car dès qu'ils ont disloqué l'Union Soviétique, ils ont écarté ce droit international et reviennent à leur tâche de colonisateur parfait. C'était un moyen d'arbitrage entre les Etats-Unis et l'Union Soviétique. Tout était calculé depuis le début du 20ème siècle ».
Nous nous trouvons, ainsi, en présence d'un colonialisme génocidaire en action. C'est une évolution spectaculaire bien planifiée que nous ne trouvons pas dans les écrits historiques les plus réputés.

« Quand le premier obstacle (Union Soviétique) a été éliminé, il leur restait le second qui est l'Allemagne. Ces derniers étaient de mauvais perdants dans le butin du colonialisme. Ils étaient mécontents du partage. Il fallait, donc, les affaiblir. Puisque les obstacles sont écartés, le colonialisme a repris en bonne et due forme : un autre génocide planétaire. De l'ancien génocide pratiqué avec des techniques bestiales, nous assistons à un colonialisme avec des armes sophistiquées allant jusqu'à l'emploi du nucléaire.

Une entreprise qui n'a jamais cessé de fonctionner, allant, depuis les années 60, jusqu'à la limitation du gênant progrès démographique dans les pays de l'Afrique et du tiers monde, à travers un planning familial qui lui a valu des millions de dollars, en donnant même de l'argent à ces pays et en leur distribuant des contraceptifs de tous genres ».

Expliquant par des faits tangibles le colonialisme d'hier, le colonialisme américain d'aujourd'hui et de demain, ainsi que ses prévisibles évolutions futures, l'auteur conclut avec une démonstration bien ficelée sur la crise économique qu'il qualifie de crise voulue. «Car, pour lui, si l'argent manque, c'est que quelqu'un l'a pris. Et ce quelqu'un ne peut être que le banquier ou le gangster quand l'un n'est pas l'autre ».

Un chercheur assidu

Avec « Les Colonialistes », Omar Mounir renforce une carrière, assez fructueuse dans l'univers de l'écriture, comptant plusieurs essais, anthologie, romans, romans historiques et autres récits biographiques. Juriste de formation, Omar Mounir a été enseignant à la Faculté de Droit de l'Université Hassan II à Casablanca. Après son installation en République Tchèque, Omar Mounir intègre Radio Prague en tant que journaliste spécialisé dans les émissions internationales, tout en entretenant, à titre individuel, une activité de recherche sociale par la littérature.
Ses écrits reflètent bien l'image d'un chercheur assidu qui possède une clairvoyance étonnante et un bon sens de résolution.

Editions Marsam, 239 pages
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