Fête du Trône 2006

Petits pas pour un bond géant

17 Janvier 2010 À 14:27

L'association d'amitié et de coopération Brésil-Maroc (AACBM), créée il y a quelques semaines à Rio de Janeiro, finalise depuis quelques jours un ambitieux programme de travail dont on peut d'ores et déjà annoncer qu'il sera porteur et prometteur. A l'image de l'ambition partagée par les deux pays, les deux gouvernements et les deux peuples, les responsables de l'Association Brésil Maroc ne cachent pas leur désir d'en faire un vecteur de rapprochement et de promotion. Annoncée il y a deux mois, l'AACBM a franchi un pas décisif et concrétisé aussi un premier contact. Composée de Samuel Anidjar , vice-président et président de la communauté juive marocaine du Brésil, Jalil Sefraoui, vice-président et secrétaire général de l'Association, Madame Claudine Bichara, vice présidente , chef d'entreprise et sœur de Carlos Goshn, président de Renault International , Maître José Francisco Gouvéa Viera, vice-président et consul général honoraire du Maroc à Rio, une délégation a été reçue mercredi 30 décembre 2009 par le Maire de Rio, Eduardo Païs.

Cette audience avait pour objet, entre autres, d'informer officiellement les hautes autorités de Rio de la création de l'AACBM et de tracer une « feuille de route » devant le Maire. Attentif, celui-ci a exprimé sa grande satisfaction de voir se créer une association d'amitié entre les deux peuples, à un moment où le Brésil s'ouvre de plus en plus de l'autre côté de l'Atlantique. Et la nomination – avec le soutien du Brésil - de Nawal Moutawakil en qualité de présidente de la Commission des Jeux Olympiques de Rio en 1916 s'inscrit dans la droite ligne de l'amitié entre les deux pays. Après avoir écouté avec intérêt les exposés faits par les membres de l'AACBM sur le programme d'activités et d'échanges prévu, Eduardo Païs s'est dit en effet disposé à accorder son soutien à l'association et la ville de Rio accueillera pour sa part tout événement, économique, culturel et sportif susceptible de renforcer les liens entre sa ville et le Maroc. Aussi bien Jalil Sefraoui, à son titre de secrétaire général que Samuel Anidjar à celui de natif du Maroc et de président de la Communauté juive marocaine, que Claudine Bichara, amie du Maroc et José Francisco Gouvéa Viera, consul général honoraire à Rio, ont tour à tour souligné l'opportunité de l'initiative devant le maire.

Ils ont également exprimé leur irréductible volonté de s'inscrire dans une nouvelle dynamique : renforcer la singularité d'une relation porteuse entre le Maroc et le Brésil. Moyennant quoi, l'exposé fait devant Eduardo Païs sur l'évolution politique, économique et sociale du Maroc met en exergue la convergence géographique, notamment l'Atlantique comme lien de rapprochement, civilisationnelle et humaine entre les deux peuples, ainsi que leur vocation à assumer un futur commun.
Car, au-delà des vicissitudes et des temporalités, un destin commun rapproche les deux peuples. Peut-être, en effet, convient-il de rappeler qu'au cours de la lointaine année…1754 déjà un premier groupe de Marocains, des Juifs originaires de Asilah notamment, débarquait à Belem Do Pra, dans le nord du Brésil après une longue et périlleuse traversée qui avait duré des semaines, confrontés aux tempêtes et aux intempéries.

Les relations humaines, impériales aussi puisque le Brésil demeura un Royaume jusqu'à 1812, s'inscrivent donc en filigrane dans un horizon commun. Le recentrage du Brésil sur l'Atlantique, sa volonté affichée de se rapprocher du monde arabe n'en sont que les caractéristiques qui militent en faveur du projet de l'Association d'amitié et de coopération Brésil-Maroc. L'histoire nous rattrape inéluctablement et on ne saurait la changer, sous peine de paraître imposteurs. La communauté juive d'origine marocaine, implantée au Brésil depuis près de trois siècles, fière de ses origines et de ses attaches, active aussi ne cesse de forger cette mémoire que les enfants et les petits enfants reprennent à leur compte au fil du temps. Eduardo Païs, tout à sa curiosité féconde de jeune Maire de l'une des plus grandes villes du monde, a écouté attentivement les démonstrations fournies dans ce sens. Et dans la foulée, il s'est dit convaincu de la portée plus que symbolique d'une relation privilégiée, comme il a donné son accord à une proposition de jumelage entre Rio de Janeiro et l'une des villes similaires marocaines, en l'occurrence Casablanca.

Les membres de l'Association ont exprimé leur souhait d'organiser une Quinzaine du Maroc au Brésil, qui pourrait avoir comme cadre la ville de Rio et Manaus, ville amazonienne qui concentre la plus forte communauté juive marocaine, un séminaire en coopération avec l'Institut brésilien des relations internationales (IBRI), la Maison du Savoir (Casa do Saber) et la Fédération des industries de Rio de Janeiro. Ils ont également décliné une série de projets de rencontres, politiques, économiques et culturelles.

Projet d'un Congrès des Brésiliens juifs originaires du Maroc

Des visites de délégations brésiliennes - accompagnées de colloques et séminaires - pourraient être organisées au Maroc même, elles porteraient, outre la dimension historique, sur le renforcement de la coopération économique, sociale, culturelle ou simplement humaine. Les membres de la communauté juive marocaine, avec le soutien de l'AACBM, s'emploient enfin à mettre sur pied le projet d'un Congrès des Brésiliens juifs originaires du Maroc en 2011, le premier du genre qui marquera d'une pierre blanche le processus de redécouverte entre le Brésil et le Maroc. Un tel événement constituerait pour les uns et les autres une manière de renouer avec la mémoire séculaire du Royaume du Maroc dont l'histoire se nourrit de la diversité et le multiculturalisme.

Il illustrerait également le brassage ethnique, la coexistence religieuse, l'altérité dont le Maroc et le Brésil restent les exemples, voire même les parangons. Le soutien de M. Eduardo Païs à l'initiative de l'Association d'amitié et de coopération Brésil-Maroc a été d'autant plus explicite et spontané qu'il a clairement proclamé son désir de se rendre au Maroc.
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