La Roja est, pour la première fois de son histoire, sacrée championne du monde. >
LE MATIN
12 Juillet 2010
À 17:00
Le pays du Barça et du Réal, les deux célèbres clubs les plus huppés et capés du monde et la nation qui a enfanté de fabuleux joueurs tels Gento, Amancio, Santamaria, Gordillo, Butraguéno et autres Pirri, Zubizaretta sans pouvoir inscrire pour autant son nom sur les tablettes de la Coupe du monde vient, enfin, d'atteindre la consécration suprême et ce, sur le continent le plus proche de l'Espagne, l'Afrique en l'occurrence. Nous en sommes d'autant plus contents pour nos amis ibériques car le Maroc et l'Espagne entretiennent des relations séculaires dans tous les domaines et que quelques uns de nos plus grands footballeurs ont porté le maillot du Réal Madrid, de Malaga, de Granada dans un passé lointain ou de La Corogne, Betis ou Compostelle, il y a quelques années !
Nous citerons Larbi Benbarek, Abdallah Malaga, Abdesslam Jdidi, Youssef Chiba, Salaheddine Bassir, Camacho, Noureddine Naybet ou encore Mohamed Timoumi. Sous la férule du sympathique et impassible Del Bosque, la Roja a entrepris il y a quelques années un véritable travail de fond dans la plus stricte discrétion alors que le championnat espagnol continuait son bonhomme de chemin, devenant l'une sinon la compétition la plus médiatisée et la plus suivie de la planète. Champion d'Europe la saison écoulée, le Barça incarnait à lui seul tout le renouveau du football espagnol. Et c'est à partir de cette légendaire formation que Del Bosque a constitué sa force de frappe car c'est avec les éléments clés du club catalan qu'il a réussi à atteindre les sommets.
Auparavant et plus précisément lors du dernier Euro, l'Espagne sous la conduite de Luis Aragones avait remporté le trophée européen, le premier de l'histoire de la Roja. En Afrique du Sud, les coéquipiers de Casillas sont arrivés sans grand tapage et ne se targuant d'aucune espèce de supériorité par rapport aux autres sélections. Bien au contraire, ce sont le Brésil de Dunga, l'Argentine de Diego Maradona ou encore l'Allemagne de Joachim Loew qui faisaient figures de favoris. Pire les Espagnols ont même entamé la Coupe du Monde sous de mauvais auspices lorsqu'ils ont raté leur première sortie face à la Suisse.
Mais les coéquipiers d'Andres Iniesta ont su faire bon cœur contre mauvaise fortune et ont réussi à se ressaisir et à aller en s'améliorant au fil des rencontres. Après avoir battu le Honduras (2-0) puis le Chili (2-1), les Espagnols ont par la suite sorti successivement le Portugal (1-0), l'Allemagne (1-0) et les Pays- Bas (1-0).
Comme on le voit donc, la Roja s'est contenté du strict minimum durant les quatre dernières rencontres démontrant ainsi une grande solidité en défense avec un Puyol conquérant et un Casillas au summum de son art. Au milieu et en attaque les Iniesta, Xavi, Villa ou encore Ramos abattaient un travail énorme alliant condition physique, technique et complémentarité qui faisaient des hommes de Del Bosque un ensemble homogène, difficile à perturber. En finale, la Roja a patiemment attendu son heure de gloire et a, à l'image d'un matador, porté l'estocade, à un moment décisif par l'intermédiaire d'Iniesta qui a permis aux Espagnols de rentrer dans l'histoire de la Coupe du monde par la grande porte après qu'ils eurent atteint les sommets en Europe s'adjugeant le titre de champion du vieux continent. Désormais la Roja est sur le toit du monde.
QUESTIONS À: Jamal Sellami, technicien national
«C'est la confirmation de la suprématie du football espagnol»
Quel regard portez-vous sur le Mondial 2010 ?
Je crois franchement que le Mondial africain n'a pas atteint une grande qualité technique, surtout lors du premier tour où toutes les équipes ont joué la prudence pour ramasser le maximum de points possibles. Lors du second tour, tout le monde pariait sur la force des équipes d'Amérique Latine mais finalement ce sont les trois meilleures équipes européennes qui ont démontré leurs grandes qualités et repris le dessus en atteignant le carré d'or.
Que pensez-vous du sacre de l'Espagne ?
C'est la confirmation de la suprématie du football espagnol depuis la dernière Coupe d'Europe. Les Espagnols ont ciblé la formation des jeunes et les principaux éléments de l'équipe actuelle ont vécu des moments de triomphe à travers les équipes nationales des cadets ou des juniors. C'est-à-dire qu'ils ont géré des moments de pression auparavant. En Afrique du Sud, la majorité de ces joueurs constitués d'ailleurs d'un fort pourcentage du Barça étaient forts mentalement ; ce qui leur a donné un plus par rapport aux autres formations.