Josh Hilbrand >Assistant de programmes pour le National Council on US-Arab World Relations.
LE MATIN
02 Mai 2010
À 10:52
Forte de son double objectif - soutenir les étudiants et favoriser la connaissance et le rapprochement avec le monde arabe, la Model Arab League (Ligue arabe modèle, ou MAL) attire quelque 2.000 étudiants américains à 14 conférences dans tous les Etats-Unis. Megan Geissler, coordonnatrice de la MAL et organisatrice des ces conférences, dit que l'effort en vaut bien la peine: "Nous donnons à de futurs ambassadeurs et chefs d'entreprise la possibilité de se mettre dans la peau d'une personne qu'ils ne pourraient jamais comprendre autrement".
La MAL s'inspire de la Ligue des Etats arabes, la plus ancienne de toutes les organisations régionales, créée six mois avant les Nations unies. Chaque étudiant consacre plusieurs mois à des recherches sur le monde arabe, en ciblant l'un des 22 pays membres de la Ligue. Leur tâche consiste à endosser le rôle d'un diplomate travaillant avec d'autres "diplomates" dans le cadre de la conférence pour étudier les principaux problèmes qui se posent au monde arabe aujourd'hui.
La plus grande conférence de la MAL aux Etats-Unis, la National University MAL, s'est tenue en mars de cette année à l'Université de Georgetown à Washington, avec le concours de plus de 300 étudiants venant de 26 collèges et universités. Les participants ont estimé qu'il s'agissait là d'un des rassemblements les plus performants et les plus réalistes de la MAL, les participants s'attaquant à une foule de sujets brûlants depuis l'occupation américaine en Irak jusqu'à des questions telles que les droits de l'homme, les libertés individuelles, le chômage et, bien sûr, le problème lancinant de la Palestine. "Ce qui fait tout l'intérêt de la MAL, c'est de voir les étudiants en situation en tant que diplomates.
On peut entendre des étudiants américains des quartiers huppés employer des expressions comme "mes frères arabes", des juifs américains représentent la Palestine, tandis que des étudiants du Texas, du Michigan et de la Caroline du Sud s'expriment en bloc au nom du Conseil de Coopération du Golfe (CCG). "Tous ces jeunes s'enflamment et se prennent au jeu", dit Chelsey Boggs, ancienne de la MAL et collaboratrice du National Council on US-Arab Relations (NCUSAR), l'organisation de Washington qui organise les conférences de la MAL. C'est avec cette passion que les étudiants de la MAL formulent et proposent de nouvelles idées et de nouvelles solutions aux problèmes chroniques du monde arabe. Bien qu'ils s'efforcent de rester fidèles à la politique et à l'idéologie des gouvernements qu'ils représentent, la MAL a les coudées franches pour proposer des solutions qui n'auraient pas droit de cité dans les milieux politiques du monde réel.
M. Hussein Hassouna, l'ambassadeur de la Ligue Arabe aux Etats-Unis et ardent défenseur de la MAL, donne lecture des résolutions adoptées chaque année à l'issue de la National University MAL. Lors de la cérémonie d'ouverture de cette année, M. Hassouna a déclenché les rires de la salle lorsqu'il a affirmé que si des étudiants étaient vraiment à la tête de la Ligue, les problèmes seraient plus vite résolus. Cette année, les commissions ont proposé des solutions audacieuses aux problèmes dont l'étude leur avait été confiée.
La tendance dominante pour le bloc représentant les Etats du Golfe à été d'offrir un financement à tout-va, depuis les soins de santé pour les réfugiés de la planète jusqu'à l'éducation des filles, en passant par l'organisation des J.O. dans le monde arabe. Mais les commissions n'ont pas toutes été capables de s'entendre pour proposer des solutions de progrès. Ainsi, au sein du Conseil des questions palestiniennes, les délégués n'ont pu trouver de terrain d'entente. Un article du NUMAL Daily News, publication gérée par les étudiants du Service de Presse de la MAL, demandait ironiquement la constitution d'une commission pour "gérer la crise humanitaire que constitue le Conseil des questions palestiniennes à lui tout seul".
"La qualité des débats et des résolutions cette année a été bonne, même s'il a été parfois difficile de cerner les problèmes. Mais il faut croire que c'est ainsi que fonctionne la vraie Ligue Arabe", dit la Secrétaire Générale en exercice, Petra Alsoofy, de L'Université d'état de Grand Valley dans le Michigan, évoquant les difficultés rencontrées tant par les diplomates arabes que par leur émules estudiantins. Petra Alsoofy avait l'honneur insigne d'incarner le très populaire Amr Moussa, actuel secrétaire général de la Ligue des Etats Aarabes. Des étudiants comme Petra Alsoofy démontrent que l'intérêt pour le Proche-Orient et le monde arabe augmente parmi les étudiants américains. A mesure que grandit cet intérêt, le Conseil national des relations arabo-américaines espère que les programmes de la MAL se développeront aussi.