Avec celle d'Essaouira, la plage d'Aïn Diab est labellisée «Pavillon bleu» depuis cinq ans. Reportage sur la plage la plus célèbre de Casablanca.
Perchés sur leur mirador, les maître-nageurs surveillent les accidents de baignade.
LE MATIN
13 Juin 2010
À 11:22
Une des premières, avec celle d'Essaouira, à obtenir le label «Pavillon bleu», Aïn Diab est la plage par excellence des Casablancais. S'étendant sur deux kilomètres de long, elle est de plus en plus propre et de mieux en mieux organisée. Depuis 2005, elle fait partie du club très prisé des plages qui arborent fièrement le Pavillon Bleu, le label qui garantit la qualité de l'eau, la sécurité, la propreté et une éducation à l'environnement. Nous sommes au début du mois de juin. Il fait très chaud et les gens font déjà leur première sortie à la plage. Littéralement noire de monde en juillet-août, la plage est encore relativement calme ce jour-là, vers 15h30. Il est encore possible d'étendre sa serviette et planter son parasol sans empiéter sur l'espace vital de son voisin. Certes, le temps n'est pas au beau fixe, mais l'animation est déjà là. Nombreux sont les groupes de garçons et de filles qui ont déjà investi le sable, lunettes de soleil légèrement baissées, scrutant les allées et venues.
Certains, plus sportifs, improvisent une partie de football ou s'affrontent aux raquettes. C'est aussi le début des balades en famille. Dans un mois, ils seront rejoints par une masse de touristes de tous horizons. A vue d'œil, le sable et l'eau sont propres. Plusieurs poubelles à rayures blanche et orange sont bien visibles, situées au milieu de l'étendue de sable. Le début de la corniche est moins irréprochable, les ordures y sont encore nombreuses. L'Association marocaine pour l'éco-tourisme et la protection de la nature (AMPEN) approuve d'ailleurs le drapeau bleu et blanc. « Ce label est une assurance pour la qualité. Seules 20 plages des 57 candidates ont reçu ce label, ce qui montre bel et bien que les critères ont été rigoureusement vérifiés et les services bien évalués».
Pour la baignade, une armée de petits hommes jaune fluo veille. Les maître-nageurs sauveteurs sont formés par la Direction générale de la protection civile. Amine, sauveteur l'été dernier, témoigne. «C'est un examen difficile. Il faut être un très bon nageur pour être sélectionné». La baignade à Aïn Diab n'est pas toujours sûre. Le principal danger vient des courants sur certaines zones, balisées et déconseillées aux baigneurs. «Il y a des courants qui «retirent». D'après lui, les rares accidents qui surviennent encore, impliquent «des gens qui ne savent pas nager et qui s'aventurent trop loin». Mbarek, vendeur de pains au chocolat depuis 22 ans sur la plage, a bien vu les «efforts fournis» depuis quelques années. «Il y a des employés qui ramassent les ordures, et des sauveteurs partout». Khadija et Naima sont des habituées de la plage, et viennent en famille dès les premiers jours des vacances scolaires pour «passer des journées impeccables, et pas chères ! ». Elles sont munies d'un sac plastique pour leurs ordures. «On ne laisse jamais venir les enfants tous seuls.
Les surveillants ont l'œil, mais c'est toujours dangereux ici, à cause des courants». Les enfants et les ados sont de grands adeptes d'Aïn Diab. Il suffit d'observer l'arrêt de bus, complètement assailli en fin d'après-midi par les jeunes à la corniche. Le bémol reste l'absence de panneaux d'éducation à l'environnement et au tri des déchets, comme le préconise le Pavillon bleu. Yasmina, venue avec ses amies, regrette «le manque d'éducation des gens. Beaucoup ne jettent pas leurs déchets dans les poubelles». La balle est alors dans le camp éducatif aujourd'hui. «A l'école, on nous dit beaucoup de choses à ce sujet, mais on ne passe jamais à la pratique». Réticente à la baignade, elle confie que «seules les écoles privées apprennent à nager à leurs élèves».
20 plages labellisées
Cette année, la Fondation Mohammed VI pour la protection de l'environnement a attribué le Pavillon bleu à 20 plages, soit 4 de plus qu'en 2009. Les plages concernées sont: Saidia municipale, Mdiq, Fnideq, Achakar, Sol plage, Asilah, Skhirate, Bouznika, Sablette (Mohammedia), Ain Diab, Mme Choual (Ain Diab extension), Haouzia, Oualidia, Sidi Rahal, Safi municipale, Souiria Lkdima, Essaouira, Agadir, Mireleft et Foum el Oued/Laâyoune. Créé en France en 1985, le label Pavillon Bleu vaut au départ seulement pour la qualité des eaux de baignade et l'assainissement. Son attribution a été élargie à trois autres grands critères : hygiène et sécurité, aménagement et gestion, éducation à l'environnement.
Le label s'étend rapidement sur de nombreux rivages et littoraux européens, et devient mondial en 2001 avec l'entrée de l'Afrique du Sud. Le Maroc est un des 39 pays aujourd'hui concernés depuis 2005. Pour l'Association marocaine pour l'éco-tourisme et la protection de la nature (AMPEN), ce label est une gageure. On assiste à une «conscientisation des acteurs pour entrer dans ce projet afin de l'intégrer dans la planification communale qui, certainement, sera généralisée au cours des prochaines années».