Ramadan tombe cette année en plein été. C'est un état de fait lourd de conséquences pour les Marocains qui auront à s'acquitter du quatrième pilier de l'Islam dans la période la plus redoutée de l'année. Les ''vagues de chaleur ne font pas de quartier'' et le mercure atteint des degrés de température insupportables dans certaines régions du Royaume. Dans ces conditions, jeûner pour plus de 15 heures d'affilée relève vraiment d'une prouesse. Soif, transpiration, déshydratation et fatigue générale sont au rendez-vous et l'eau devient l'unique objet de convoitise des jeûneurs.
LE MATIN
26 Août 2010
À 15:34
Il en va ainsi pour Nabila, fonctionnaire à Rabat et jeune mère de famille, qui dit n'avoir qu'une seule envie pendant les journées de ce Ramadan: boire jusqu'à ne plus avoir soif. « Pour moi, la soif l'emporte toujours sur la faim. Je m'en tiens à un seul repas, celui du ''Ftour''. Par contre, je bois tout le temps ''à pleines mains'' », témoigne-t-elle. Motorisée et quittant rarement son bureau, Nabila est bien plus chanceuse qu'autres salariés amenés à travailler en pleine canicule pendant le mois sacré. C'est le cas notamment des maçons, des ouvriers de chantiers et des éboueurs qui souffrent le martyre pendant le mois sacré, exposés en permanence aux rayons du soleil brûlant. Abdeljalil, éboueur au quartier Hassan de Rabat, traîne les pieds, éreinté par la chaleur. Bien qu'il soit encore 10 heures du matin, l'atmosphère est étouffante. « La première journée du Ramadan était la plus dure à supporter », confie Abdeljalil en donnant, sans énergie, un coup de balai dans la rue. « Mon travail également n'est pas de tout repos et favorise la déshydratation. Après 8 heures de travail continues sous un soleil de plomb, je ne vous dis pas combien la sensation de soif devient-elle insoutenable. Pour la réprimer, je prends une petite sieste en entrant chez-moi. Mais une fois que j'étanche ma soif après l'''Adane d'Al Maghrib'', je me remets d'aplomb », raconte cet homme quadragénaire.
Le sujet du Ramadan et l'été est sur toutes les bouches. Même sur Internet. Sur un célèbre forum des jeunes, une internaute décrit ce qu'elle appelle sa « phobie » du jeûne en pleine saison estivale. Une phobie qui l'a atteinte bien avant le Ramadan. « Je sais que je m'y prends un peu tôt, mais depuis deux ans, je ne fais qu'y penser. J'ai d'avance peur d'avoir soif en été. Comment supporter les longues et chaudes journées du jeûne ? C'est devenu désormais ma phobie », atteste-t-elle, et de conclure en priant pour « que Dieu nous inspire patience ». A l'opposé d'elle, un autre internaute fait montre de beaucoup de sérénité en abordant la question du jeûne pendant l'été. « C'est plus psychologique qu'autre chose. Croyez-moi, au début, c'est dur, mais après, on finit par s'y habituer », rassure-t-il. Tous comptes faits, il est hors de question pour les Marocains, en tant que musulmans pratiquants, de faillir à leur devoir religieux, peu importent les conditions climatiques dans lesquelles ils doivent l'accomplir. Mais faut-il accepter la chaleur et ses corollaires la soif et la déshydratation comme une fatalité ? Absolument non.
Il existe des moyens pour pallier ces désagréments ou, au moins, en atténuer l'effet. « Il est important de bien s'hydrater et de s'alimenter correctement au cours de la période de rupture du jeûne car les journées sont plus longues et plus chaudes en été », prescrit le docteur Khaled Dembri, docrinologue, diabétologue et nutritionniste. Et de préciser qu' « il faut boire en grande quantité, environ 1,5 litres d'eau par jour et bien s'hydrater dès la rupture du jeûne et avant la reprise du jeûne ». Parer la soif passe aussi par l'adoption d'un mode alimentaire plus sain. Docteur Dembri conseille à cet égard de « ne pas débuter par un repas trop copieux, boire à petites gorgées et s'hydrater avant de manger ». L'idéal selon lui serait de « débuter par une soupe et attendre au minimum deux heures pour prendre un repas plus conséquent ». Dans tous les cas de figure, il est primordial, si l'on ne veut pas avoir trop soif pendant la journée, de « ne pas se jeter à corps perdu sur les pâtisseries et les sucreries », prévient-il.
Outre la bonne alimentation, il existe de petites astuces pour atténuer au maximum l'impact de la chaleur sur l'organisme. Le spécialiste recommande aux jeûneurs de faire une petite sieste, d'éviter autant que faire se peut le soleil et de privilégier les pièces fraîches à l'intérieur et l'ombre à l'extérieur pour ne pas s'affaiblir rapidement. Ramadan et les efforts physiques intenses sont incompatibles. C'est pourquoi docteur Dembri conseille de réduire au maximum les efforts physiques pendant le ramadan et met en garde les sportifs contre les excès en ce mois sacré.
De la déshydratation...
On le sait tous, les deux tiers environ du corps humain sont composés d'eau. A partir du moment où il perd 3% de son stock hydrique, les symptômes de déshydratation apparaissent. C'est à ce moment là que l'organisme tire la sonnette d'alarme et que le mécanisme de la soif se déclenche. Faire trop longtemps la sourde oreille à cet appel de détresse s'avère mortel. C'est le cas quand le corps épuise de 15 à 20% de son stock hydrique. La quantité d'eau perdue est évacuée, entre autres, à travers la transpiration. Celle-ci sert à réguler la température de l'organisme et à la conserver à un degré normal. Bien évidemment, la transpiration devient plus importante en été et entraîne une forte déshydratation. Pour la prévenir en ramadan, la règle d'or est de boire en abondance en soirée et d'opter pour les aliments riches en eau. Pour savoir comment vous y prendre, il existe une petite astuce : divisez votre poids corporel par 2, vous obtiendrez la quantité (en grammes) de l'eau dont vous avez besoin chaque jour. Par exemple, si vous pesez 60 kilos, vous devez boire 30 grammes d'eau par jour. Divisez votre poids corporel par 8, vous aurez le nombre de verres d'eau qu'il vous faut chaque jour.