Débattre des mesures nécessaires pour l'instauration d'une carte sanitaire au Maroc était l'objet du Forum national qui a débuté hier et qui se poursuit jusqu'au 3 mars à Rabat.
LE MATIN
01 Mars 2010
À 18:20
Organisé par le ministère de la Santé, cette rencontre s'inscrit dans le cadre des préparatifs à la mise en œuvre du projet de la loi 34-09 sur le système de santé et l'offre de soins. Intervenant à cette occasion, le Premier ministre, Abbas El Fassi a souligné l'importance qu'accorde son gouvernement au secteur de la santé dévoilant l'intention de l'Exécutif d'augmenter progressivement le budget réservé à ce secteur afin d'atteindre les objectifs tracés dans le cadre de la nouvelle stratégie sanitaire de 2008-2010. Evoquant la question de la coopération entre le secteur public et privé, le chef de l'Exécutif a indiqué que ce volet figure parmi les priorités de la stratégie sectorielle de 2008-2012 ayant pour but le repositionnement stratégique des différents intervenants dans le dispositif de santé.
Ladite stratégie vise aussi à renforcer la coopération entre les deux secteurs à travers l'instauration d'un cadre consensuel qui implique la société civile. Pour sa part, la ministre de la Santé, Yasmina Baddou a fait remarquer, lors de son intervention, la nécessité d'instaurer un système de santé équilibré et solidaire qui vise d'une part, la réponse aux besoins en santé et de l'autre part, la garantie du droit aux soins pour toutes les catégories sociales et ce à travers des mécanismes qui assurent l'accessibilité équitable aux soins efficaces et de qualité à la majorité en fonction des moyens disponibles.
Mme Baddou a indiqué que la mise en place de la carte sanitaire et des schémas régionaux de santé privés s'inscrivent dans le cadre du projet de loi cadre 09-34, relatif au système de santé et l'offre de soins. Le texte de loi définit aussi les objectifs et missions de ces deux outils et impose la conformité à ces derniers en ce qui concerne l'implantation des établissements de santé et des équipements bio-médicaux lourds et prévoit même des incitations au profit des intervenants qui respectent cette conformité. Pour rappel, le projet de la carte sanitaire dont le lancement a été annoncé durant les années 1990 n'a jamais pu aboutir. Ainsi le développement de l'offre de soins publique et privée est resté caractérisé par une anarchie dans sa répartition, ce qui a débouché sur une situation prédominée par des déséquilibres et des dysfonctionnements.
Parmi ces déséquilibres on peut relever une mauvaise répartition géographique des ressources disponibles, une insuffisance dans le rendement des établissements de santé et une absence de complémentarité entre les différents intervenants dans le secteur. L'offre de soins ne répondait pas, par conséquent, aux besoins de la population. Le secteur souffrait en outre d'une absence d'accompagnement en matière de gestion et d'investissement. Ce n'est qu'en 2007 que le projet a été relancé. D'après la ministre de la Santé, la mise en place de la carte sanitaire permettra l'optimisation de l'utilisation des ressources par le système de santé et la détermination du cadre le plus approprié pour le développement des différentes composantes de l'offre de soins.
Cette situation contribuera à éviter l'anarchie dans l'offre du secteur privé et imposera la complémentarité dans les services de soins entre les établissements publics et privés au sein des régions sanitaires. La carte sanitaire est un outil de régulation de l'offre de soins. Elle détermine à l'échelon national, la catégorie et l'importance des équipements et des services de soins indispensables pour répondre aux besoins de la population dans le domaine de +la santé.
De nombreux pays ont utilisé d'ailleurs la carte sanitaire comme outil efficace pour réaliser l'équité et une répartition appropriée de l'offre de soins qui assure une amélioration de l'accessibilité aux soins. Le niveau de couverture sanitaire atteint actuellement par certains pays est justifié par l'adoption de la carte sanitaire. Au Maroc, la mise en place de la carte sanitaire passera par la détermination des besoins de la population et leur développement sur la base des spécificités démographiques et épidémiologiques ainsi que sur les améliorations technologiques atteintes sur le terrain, et ce, en partant, d'une part, de l'analyse quantitative et qualitative de l'offre de soins disponible et d'autre part, des besoins des populations en la matière.