Un festival pour le Metal
Le Metal existe au Maroc, en dépit de toutes les difficultés. C'est la certitude de la Moroccan metal community, qui organise un festival ce weekend à Casablanca.
LE MATIN
29 Juin 2010
À 17:14
«On existe et on sait qu'on est nombreux. », affirme la Moroccan metal community (MMC), créée il y a peu. Cette communauté organisera un festival samedi 3 juillet au complexe culturel du Maarif. La MMC collabore avec Musique Espoir, une association de la région de Settat qui organise un festival de rock du même nom. Cinq groupes plus ou moins récents, de Casablanca et Tétouan sont invités.
Despotism sont les plus connus. Classés « death trash », ils ont fait leurs débuts en 2003. Ils ont remporté le premier prix en rock/metal au Tremplin du Boulevard des jeunes musiciens de Casablanca et celui du meilleur groupe aux Maghreb Music Awards en 2007. Les Wanted, originaires de Tétouan et créateurs d'un style très marocain, le « technical death metal progressive oriental », ont commencé la même année. Vicious Vision n'en est pas non plus à ses débuts. La formation réunit des membres d'anciens groupes. Ils sont dans le « power trash » et le « death metal ». Holly Angel et Infected Corpse sont aussi au programme. Ces derniers sont plus jeunes.
Ils existent depuis 2007 et se sont reformés en 2009, et sont en quête de leur identité musicale. Elle n'a pas beaucoup d'espace, mais la scène rock metal existe bel et bien au Maroc. Selon Yassine Bourial, membre de la MMC, « on compte 58 groupes » dans le pays. Problème, « la situation de la scène marocaine n'a pas changé depuis des années », se plaint la MMC. Pour les groupes, les occasions de jouer leur musique se font rares, ce qui n'encourage pas le public. « On peut facilement organiser un concert de n'importe quelle musique, mais c'est très compliqué pour le Metal. Les autorisations sont difficiles à obtenir. Et il ne faut pas s'afficher comme un concert de rock metal, mais comme une « soirée musicale ».
Depuis quelques années, le Boulevard des jeunes musiciens et le festival Mawazine à Rabat sont les seules scènes dont ils profitent. Ce ne sont pas les seules difficultés. « Les groupes de Metal n'arrivent pas à trouver des maisons de production. » Pour sortir un disque et le distribuer, les metalleux marocains doivent donc compter sur leurs propres moyens. « C'est complètement injustifié. On vit comme tout le monde, des musiciens sont pères de famille… », commente Yassine Bourial. Selon lui, le simple fait de s'afficher comme un féru de musique metal n'est pas non plus bien perçu. « Quelqu'un qui porte un t-shirt de Metal est tout de suite qualifié de satanique ».
C'est cette situation qui a poussé 5 musiciens marocains, issus des groupes Zakaria Latouri et Sakadoya, à créer la MMC. Un site myspace a vu le jour, ainsi qu'un groupe sur le réseau social Facebook. Censé rassembler tous les metalleux marocains, il compte plus de 4.000 membres.
Et d'après Yassine Bourial, ce n'est pas le public qui manque : « Des gens sont capables de se déplacer d'Agadir à Casablanca pour voir un concert de Metal !»
La MMC prévoit la venue d'un millier de personnes samedi. Et compte sur l'événement pour que « de nouveaux groupes et styles se créent » au sein de la scène rock metal marocaine.
Le Metal au Maroc
L'émergence s'est produite au milieu des années 90. La nouvelle génération s'est emparée de la culture metal, qui faisait des adeptes dans les pays occidentaux depuis une trentaine d'années. Comme dans d'autres pays qui ont adopté cette musique, la plupart des musiciens chantent en anglais. Peu ont choisi la darija ou l'arabe. Néanmoins, quelques uns se sont orientés vers des sonorités marocaines et orientales. C'est le cas du groupe Wanted, une des formations invitées samedi soir. La musique fusion, particulièrement développée au Maroc, est aussi plébiscitée et fonctionne avec le Metal. Souvent, ce sont des musiciens qui font un ou deux morceaux en solo. Des membres des groupes Reborn ou Sakadoya par exemple.
*journaliste stagiaire