Malgré le froid glacial et les averses de pluie, les Casablancais se ruent vers les magasins à l'affût de bonnes affaires.
LE MATIN
08 Janvier 2010
À 17:25
Dans les grandes enseignes comme les petites boutiques, c'est la cohue ! Tout le monde veut profiter des premiers jours de soldes d'hiver en espérant que les prix auront fondu. «J'attends ce moment de l'année avec une grande impatience. Certes ce ne sont pas les mêmes rabais qu'en Europe mais au moins on peut faire des achats sans se ruiner », affirme une cliente. En effet, si les soldes consistent dans d'autres pays à vendre avec une forte réduction sur le prix et le déstockage des invendus de la saison précédente, au Maroc, cette définition change au gré des commerçants.
En l'absence d'un réel contrôle des soldes, les boutiques inventent leurs propres règles. Certains magasins fixent parfois l'attention de l'acheteur sur une remise souvent timide en comparaison avec d'autres pays. «Certaines franchises respectent les réglementations et normes internationales alors que d'autres organisent les soldes à leur guise», explique un autre client. Il suffit de faire un tour dans les magasins pour constater que certaines échoppes inventent leurs propres règles. «A l'exception de certains magasins qui affichent les anciens et les nouveaux prix, plusieurs vendeurs font le solde oralement en essayant de convaincre le consommateur sur l'occasion exceptionnelle à saisir. Pis, les modèles exposés sont souvent très démodés», déplore une autre consommatrice. «En période de soldes certains magasins gonflent le premier prix pour montrer une grande marge de réduction alors qu'en réalité il n'y a pas de rabais», ajoute une autre casablancaise frustrée par les manigances de certains commerçants. En absence de tout contrôle, les consommateurs doivent, ainsi, faire preuve de beaucoup de vigilance.
Il faut bien vérifier que la remise annoncée correspond à une véritable diminution par rapport au prix pratiqué précédemment. Certes, la période des soldes est l'occasion rêvée pour de nombreuses personnes pour refaire une partie de leurs garde-robes, mais il faut être bien futé dans cette chasse aux bonnes affaires. «Normalement les soldes sont faits pour booster notre chiffre d'affaire et vendre les articles de l'ancienne collection. Malheureusement, certains commerçants croient qu'en trompant les consommateurs ils peuvent faire plus de bénéfices alors qu'en réalité ils font fuir les clients et nuisent à leur réputation », explique le gérant d'une franchise internationale. Et de préciser qu'on ne peut pas se permettre de tricher avec le client marocain qui est de plus en plus avisé de ses droits et très au courant des normes de vente en Europe et ailleurs. Face à ce constat, les associations de protection des consommateurs appellent à plus de vigilance et surtout à la dénonciation des pratiques qui mettent la lumière sur l'autre revers des soldes.
« Il s'agit surtout de vérifier le rapport qualité/prix et le pourcentage de réduction avant de se laisser séduire par les publicités attrayantes. Souvent écrites en gras ou avec une couleur captivante, les étiquettes des articles soldés veulent surtout fixer l'attention de l'acheteur sur une remise souvent timide en comparaison avec d'autres pays», souligne un membre d'une association de défense des consommateurs. Selon lui, le travail de sensibilisation mené par les acteurs associatifs, la concurrence des franchises étrangères et surtout l'adoption du projet de loi pour la protection des consommateurs pourrait obliger les commerçants de mauvaise foi à se plier aux nouvelles lois du marché appliquant ainsi des baisses de prix attrayants. ------------------------------------------------------------------------
Projet de loi
Actuellement, il n'y a aucune loi qui régit la protection du consommateur. Le seul projet de loi qui existe n'a pas encore trouvé son chemin pour l'adoption. Cette loi devrait combler un grand vide juridique qui caractérise le système de consommation au Maroc. Ce texte a pour objectif de réglementer la publicité, la vente à distance, le démarchage, la vente en solde, la vente des produits d'occasion ou usagés, les primes adossées aux ventes, la vente à la boule de neige, le refus de vente, l'abus de faiblesse… le projet de loi définit les frontières légales de l'ensemble de ces pratiques commerciales. A titre d'exemple, en période de solde, le fournisseur est tenu d'afficher non seulement les nouveaux prix appliqués et ceux anciens, mais aussi la durée du solde. La réduction de prix doit être réelle comparativement au prix habituellement pratiqué.
Questions à:Ali Bouftass •président de l'association Assafaa des commerçants des professions libérales et des services du Centre-ville.
«On essaie d'imposer une seule et unique période des soldes sans concurrence déloyale»
• Comment définissez-vous les soldes ?
Les soldes favorisent un écoulement accéléré de marchandises en stock dont les exemplaires ont été déjà proposés à la vente et comportent une réduction de prix.
• Que pensez-vous du solde au Maroc ?
On voit aujourd'hui des magasins qui affichent les rabais tout au long de l'année avec des pancartes de moins 20%, 50% pour attirer les clients. Certains annoncent même la liquidation totale alors qu'en réalité cette méthode ne peut se faire qu'en cas de changement d'activité ou de fermeture du magasin.
• Qu'est-ce que vous faites contre ces agissements ?
Actuellement, on essaie d'imposer une seule et unique période des soldes sans concurrence déloyale. Au niveau de la rue piétonne du Prince Moulay Abdellah, on veut instaurer une réglementation qui soit respectée par tous.
• Est-ce que le solde équivaut la vente perte ?
Les vendeurs sont libres de fixer le taux de réduction qu'ils veulent. Généralement les rabais commencent par 15 à 20% jusqu'à 50 ou 70%. Les gérants de magasins adaptent ces pourcentages selon leur stock de marchandises. Quand ils n'ont plus qu'une petite quantité d'articles, ils préfèrent les vendre au prix d'achat plutôt que de les garder en dépôt.