Spécial Marche verte

Je sens que mon enfant dort mal

Depuis toujours, Salim, 8 ans, donne du fil à retordre à sa mère quand il doit dormir. «Presque chaque jour, c'est la même histoire. J'aimerai bien voir ses yeux qui clignotent, qu'il commence à bâiller, qu'il devienne grincheux ou bien simplement qu'il me dise maman, je veux aller au lit. Malheureusement, les choses ne se présentent jamais de cette manière. Faire dormir Salim est un calvaire quotidien», confie la maman.

29 Juillet 2010 À 16:17

Il faut savoir que les troubles du sommeil perturbent autant les parents que les enfants. Ces troubles sont souvent liés aux étapes du développement de l'enfant. En grandissant, il traverse des difficultés qui l'angoissent et retentissent sur son sommeil. Mais, il ne faut pas s'inquiéter, c'est tout à fait normal. Certains enfants dorment peu et d'autres se comportent comme des loirs. Tout comme chez l'adulte, la durée du sommeil diffère d'un individu à l'autre.

Rares sont les enfants qui ne connaissent pas, à un moment ou à un autre, des troubles passagers du sommeil ou des difficultés à s'endormir ou encore des réveils nocturnes. Ces soucis n'ont rien d'inquiétant s'ils sont limités dans la durée. Ils peuvent correspondre à un événement particulier ou à une étape particulière du développement de l'enfant. Généralement, si on est à l'écoute de la difficulté que traverse l'enfant et si on adopte une attitude compréhensive, tout ira bien. Cependant, si ces troubles s'installent, s'intensifient et provoquent chez l'enfant une vraie fatigue, il peut s'agir de véritables troubles du sommeil. Il sera alors plus prudent de consulter un spécialiste pour essayer d'analyser la cause de ces troubles et voir ensemble comment aider l'enfant à retrouver un sommeil de bonne qualité.

Les conséquences de ses troubles de sommeil peuvent être importantes. Un mauvais sommeil chez un enfant peut entraîner plus d'agitation ou de fatigue. De leur côté, les parents se plaignent aussi de fatigue due à la détérioration de leur propre sommeil et d'irritabilité. Dans des cas extrêmes, des nuits chroniquement mauvaises pourraient entraîner un retard de croissance. En effet, le sommeil chez l'enfant est d'autant plus essentiel qu'il constitue un élément important de son développement. Lorsque l'enfant dort, il ne fait pas que se reposer, cela va bien au-delà.

D'abord il récupère, ce qui lui permet de se réveiller reposé. Aussi il grandit parce que c'est principalement pendant le sommeil que l'hormone de croissance est sécrétée. Son système nerveux s'organise et se perfectionne. C'est également lorsqu'il dort que tout ce qu'il a vécu, appris, expérimenté, va s'inscrire dans sa mémoire. Sans oublier qu'il fait des rêves, ce qui l'aide notamment à évacuer les tensions accumulées au cours de la journée. Et enfin, son système immunitaire se renforce car c'est au cours de la nuit que le taux de globules blancs est à son maximum. Pour bien jouer ce rôle, le sommeil doit être suffisant, mais aussi de bonne qualité.

L'enfant qui ne veut pas s'endormir a besoin de points de repères, d'habitudes, de positions précises qui l'aideront à se plonger dans un long sommeil. Pour faciliter le coucher, il faut par exemple essayer de prévenir l'enfant quelques minutes avant que l'heure d'aller se coucher arrive . Une fois le délai écoulé, il faudrait être ferme et ne pas accorder de délai supplémentaire. S'il a peur de rester seul ou peur du noir, il ne faut surtout pas se moquer de lui, mais il faut discuter de ces peurs. Il faudrait que les parents le rassurent, lui disent qu'ils sont tout près de lui et qu'ils laissent même la porte de la chambre entrouverte. Une fois qu'il est couché, il ne doit plus se relever. C'est une règle à fixer et appliquer dès le départ, sinon tous les prétextes seront bons pour faire le trajet de sa chambre au salon pour rejoindre ses parents.
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Explication: DR. Benjelloun

«Le sommeil est une fonction vitale, au même titre que la respiration»

d'heure doit dormir un enfant ?

Tout d abord, rappelons que le sommeil est une fonction vitale au même titre que la respiration par exemple. Le sommeil est un vrai marqueur du bien-être, du bien-vivre, de bonne santé mentale même. Cette grande fonction, qui commence à être comprise, est peu ou pas enseignée sur les bancs des facultés de médecine, ni dans sa physiologie, ni en ce qui concerne les pathologies afférentes à cette question. La question du sommeil ne se pose pas en termes de quantité. Le nombre d'heures de sommeil varie avec l'âge; les bébés dorment quasiment 20 à 22h par jour, puis 18h vers 3 ou 4 mois, puis 14 heures vers un an... Avec aussi des changements au niveau de l'architecture du sommeil. Par exemple, le jeune bébé est incapable de dormir des heures d'affilée, c'est quelque chose qui ne se met en place que vers l'âge de six mois. Si les parents ne le savent pas, ils vont mal réagir, désorganiser le sommeil, et installer un vrai trouble du sommeil.

Est-ce qu'il faut obliger les enfants à dormir quand ils ne le désirent pas ?

Personne ne peut dormir sur ordre, pas plus un enfant qu'un adulte. Il faut néanmoins un cadre; que les familles mettent en place des rituels qui permettent aux enfants d'aller sereinement dans le monde du sommeil: diner tous ensemble , assez tôt, sans télévision allumée, faisant du diner un vrai moment d'échanges et de partage; toujours à la même heure; éviter un milieu familial sonore et bruyant; éviter les cris, les jeux excitants... Il faut également s'obliger, en tant qu'adulte, à respecter un cadre de sommeil...

Comment repérer la meilleure heure pour coucher l'enfant le soir ?

Question difficile pendant l'année scolaire, où les petits croulent sous les devoirs! Les parents se doivent d'être des garde-fous, de dire et d'autoriser l'enfant à dormir tôt (vers 20h30 pour un enfant de 8 ans), même si les devoirs ne sont pas faits, quitte à en parler avec les enseignants. Les vacances ne sont pas un moment où «on fait ce qu'on veut», où des petits ne dorment qu'à minuit sinon plus, abrutis de jeux vidéos et de télévision (ce qui désorganise en plus l'architecture du sommeil, provoque des troubles de l'induction et du maintien du sommeil).

* Journaliste stagiaire
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