Des désaccords de fond persistent entre les deux puissances. Le "Dialogue stratégique et économique" entre la Chine et les Etats-Unis, qui devait se conclure par une déclaration commune mardi à Pékin, a montré que les désaccords de fond persistent entre les deux puissances, malgré leur insistance sur l'importance mutuelle de leur relation. "Le dialogue a été très productif", a assuré la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, le ministère chinois des Affaires étrangères évoquant de son côté "des résultats dans de nombreux domaines". Mme Clinton a toutefois souligné que la réunion n'était que "le début d'un processus".
Le "Dialogue" n'a pas permis de progrès substantiels sur les relations économiques et la crise coréenne, les deux sujets qui dominaient ces deux jours d'entretiens. Lundi, le président chinois Hu Jintao a réitéré la volonté de Pékin de poursuivre à son rythme la réforme de son taux de change, sans fixer de calendrier. Le dossier irrite fortement Washington qui juge que le yuan est sous-évalué au détriment de la compétitivité de l'économie américaine. La partie chinoise a déploré pour sa part la réticence des Etats-Unis à exporter vers la Chine des produits et des technologies de pointe. "Il y a un profond sentiment de méfiance envers l'Amérique parmi le peuple chinois", a écrit mardi le Quotidien du Peuple dans un éditorial appelant Washington à lever le contrôle de ces exportations.
Et le puissant organe du parti communiste chinois de conclure que "les Etats-Unis doivent agir concrètement pour montrer leur sincérité au peuple chinois". Côté diplomatique, Pékin a évité de prendre partie dans la crise coréenne, malgré les appels de Mme Clinton à soutenir Séoul et les nombreux entretiens à ce sujet pendant deux jours. Après le naufrage d'une corvette sud-coréenne imputé à la Corée du Nord, la Chine, l'un des rares soutiens de ce pays, s'est contentée d'appeler "toutes les parties" à la retenue avant de répéter mardi préférer "le dialogue à la confrontation". Mme Clinton et Timothy Geithner, le secrétaire au Trésor, présidaient une imposante délégation américaine de pas moins de 200 personnes à ce "Dialogue", dont c'était la deuxième édition après 2009.
Faute d'avancées sur les grands dossiers, Pékin et Washington ont annoncé des décisions touchant aux "échanges entre les peuples", selon l'expression consacrée lors du sommet. Une initiative pour augmenter d'un quart le nombre d'étudiants américains en Chine, via des bourses gouvernementales, a ainsi été annoncée. Restent aussi les déclarations répétées de part et d'autre sur l'importance de la relation pour les deux pays eux-mêmes et pour la santé de l'économie mondiale. Après le vice-Premier ministre chinois Wang Qishan qui avait jugé lundi "inséparables" la 1re et la 3e économie mondiale, Mme Clinton s'est félicitée mardi de "tous les domaines dans lesquels notre relation s'approfondit". La secrétaire d'Etat s'est faite aussi pédagogue dans une interview à la chaîne CCTV.
"La décision du gouvernement chinois d'investir dans les instruments de la dette américaine et dans les entreprises américaines a été judicieuse, mais il est vrai que la Chine a besoin d'investir plus en interne", a déclaré Hillary Clinton. "C'est la bonne chose à faire pour que l'économie mondiale soit plus équilibrée", a-t-elle assuré. Les discussions ont aussi porté à Pékin sur la croissance, l'énergie, le réchauffement du climat, l'éducation, le développement et tous les grands dossiers diplomatiques. Le "Dialogue" devait s'achever dans l'après-midi sur une déclaration conjointe.
Mme Clinton doit avoir ensuite des entretiens bilatéraux avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao et le président Hu Jintao. Elle achèvera sa tournée asiatique mercredi soir, après des entretiens à Séoul.
Domaine militaire
De hauts responsables militaires américains et chinois ont eu des entretiens mardi à Pékin lors de la première rencontre de haut niveau depuis l'affaire de la vente d'armes américaines à Taïwan, intervenant sur fond de tensions dans la péninsule coréenne. Cette rencontre, en marge du Dialogue stratégique et économique bilatéral (DS&E) lundi et mardi à Pékin, est la première depuis que Pékin a suspendu tout échange militaire bilatéral pour protester contre une vente d'armes américaines de 6,4 milliards de dollars à Taïwan, île de facto séparée de la Chine depuis l'avènement du pouvoir communiste sur le continent en 1949, que la Chine considère comme une province rebelle. L'amiral américain Robert Willard, chef de la région militaire du Pacifique, a rencontré le général Ma Xiaotian, chef d'état-major général adjoint de l'Armée populaire de Libération, a indiqué un porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis à l'AFP.