Epuisement et bâclage, voilà ce qui a caractérisé les derniers épisodes des séries marocaines diffusées pendant le mois de Ramadan. Loin des efforts consenties dans les premiers épisodes des productions locales, ceux qui devaient marquer la fin et clôturer les différentes histoires proposées ont été concoctés à « la va vite » pour baisser le rideau et… passer à autre chose.
Le hic dans ce beau tableau est encore une fois la faiblesse des scénarios des derniers épisodes.
LE MATIN
12 Septembre 2010
À 11:12
La plus grande déception a été due à «Dar lwarata» le sitcom à succès qui a réussi à accrocher les téléspectateurs durant la première saison au point de pousser les producteurs à récidiver avec une deuxième partie. Bravant les risques qui entourent la reconduction d'une production réussie, Hicham Jebari et son équipe ont relevé le défi et pris le risque d'hypothéquer leur premier succès. Enthousiaste, le public marocain ne demandait qu'à en avoir encore et encore. L'idée de la série, la prestation des acteurs et la qualité de l'œuvre en général n'étaient pas pour déplaire à nos compatriotes par trop gavés par les productions venues d'ailleurs. Les personnages trop près d'eux et auxquels ils se sont identifié sont parvenus à avoir leur sympathie.
Plébiscitée et donc attendue, la série a un tantinet déçu par la qualité de la deuxième partie. Ayant placé la barre trop haut au début, il n'était pas aisé au réalisateur de garder le même niveau. Les personnages, ayant forgé chacun son caractère propre, n'ont pas réellement évolué. Certains, comme «Salmi» (Bachir Wakin) ou encore «Bouchra» (Souad Retbi) ont sombré dans la fadaise parce que s'étant enlisé dans les clichés qui les ont piégés.
L'action, quant à elle, s'est limitée à une succession de scènes sans réel intérêt. Profitant du talent des comédiens de la sitcom dans le domaine musical, le réalisateur a abusé de cet atout. En fait toutes les occasions étaient bonnes pour que les membres de la famille se transforment en orchestre. Encore une fois, le problème de la carence scénaristique est remonté à la surface pour freiner l'élan d'une sictom qui avait pourtant très bien démarré.
Autre produit ramadanesque qui n'a pas pu tenir la route jusqu'au bout du mois, la série « Okba lik » de Yassine Fennane. Adapté du téléfilm qui porte le même nom, cette série narre une histoire. Elle raconte les périples d'une jeune femme accomplie (Sanae Akroud), la trentaine, qui occupe un bon poste dans une grande agence de communication. En apparence, la jeune femme a tout pour être heureuse : moderne, cultivée, intelligente… Seul Hic, elle n'arrive pas à trouver l'âme sœur. La thématique du mariage, très présente dans les fictions arabes programmées durant le mois sacré, était au centre de « Oqba lik ».
Ce thème traité avec légèreté a été servi par un traitement dédramatisant qui donnait la part belle à la comédie et à la dérision. Un casting de choix a bien su communiquer cette légèreté de ton. Le hic dans ce beau tableau est encore une fois la faiblesse des scénarios des derniers épisodes. Après avoir confortablement installé le téléspectateur au cœur d'une action qui a réussi à l'accrocher, ce dernier s'est habitué au dynamisme des personnages et à leurs dialogues percutants. Cette ardeur s'est vue baisser à l'approche de la fin.
Relâchement de ton et essoufflement ont empreint les derniers épisodes de la série. Ce qui n'a pas manqué de leur donner un goût de bâclage et de remplissage. A cours d'idées et probablement d'imagination, le réalisateur s'est contenté de jongler avec des histoires futiles où le bavardage faisait office de dialogue. En l'absence (injustifiée d'ailleurs) de l'héroïne de la série, «Oqba lik» le réalisateur a pris une autre direction et s'est focalisé sur les péripéties insignifiantes des personnages secondaires.
Il faut dire que l'exercice des séries télévisées, surtout celles à caractère comique, n'est pas de tout repos. Il demande un travail de longue haleine et une application particulièrement laborieuse. Les efforts de nos jeunes réalisateurs sont donc à encourager.
Vous avez dit scénario ?
Un scénario est un récit technico-littéraire destiné à être filmé, dessiné dans le cas d'une bande dessinée ou modélisé en 3D dans le cas d'un jeu vidéo ou d'un film d'animation. Il constitue l'une des étapes de la fabrication d'un film, étape importante qui conclut la phase de développement du projet (phase comprenant le travail sur des pitches, synopsis, séquenciers, traitements) et va permettre sa mise en production (pré-production, réalisation, post-production). L'écriture scénaristique se démarque de l'écriture littéraire par sa présentation de faits visuels et auditifs, toujours au présent, et se rapproche en cela de l'écriture théâtrale. Un scénario est censé décrire ou suggérer ce qu'on verra et entendra dans un film, ou ce qu'on lira dans une bande dessinée. En plus des dialogues, le scénario contient aussi des descriptifs (les indications visuelles et auditives), que l'on appelle des didascalies. Une œuvre de fiction, cinématographique ou télévisuelle, nécessite évidemment l'écriture préalable d'un scénario racontant l'histoire sortie de l'imaginaire d'un ou plusieurs scénaristes.