Spécial Marche verte

Nouveau traitement au Maroc

Dans les semaines à venir, le ministère de la Santé annonce l'utilisation, pour la première fois dans le monde arabe, de la Méthadone pour traiter les cas d'addiction à la drogue.

21 Mai 2010 À 15:43

Une première dans le monde arabe. La méthadone sera utilisée au Maroc à partir du mois de juin pour traiter les cas d'addiction à la drogue.
Ce stupéfiant est actuellement utilisé dans de nombreux pays occidentaux notamment en cas d'une dépendance à l'héroïne. Selon la définition disponible dans plusieurs articles scientifiques, la méthadone est un narcotique synthétique ou opiacé de synthèse, utilisé pour le traitement des personnes dépendantes aux opiacés. Elle se distingue essentiellement de la morphine (opiacé naturel) et l'héroïne (opiacé semi-synthétique) par son action prolongée. Ainsi, les principales indications d'un traitement à la méthadone sont le soulagement du syndrome de sevrage aux opiacés au cours d'une cure de désintoxication et le traitement de substitution aux opiacés.

Ce traitement, disponible sous forme de poudre soluble administrée par voie orale, est reconnu efficace pour diminuer la consommation illicite de drogues dures. L'un des avantages majeurs de la méthadone est qu'elle occupe les récepteurs morphiniques. Résultat : l'effet d'un stupéfiant sera diminué ou annulé si le patient en consomme.

Blocage
Autrement, la méthadone bloque l'effet euphorisant produit par une drogue comme l'héroïne. Contrairement à d'autres drogues qui donnent des sensations intenses, la méthadone amène un sentiment de légère euphorie, de l'indifférence et du repli sur soi.
Par ailleurs, elle prévient lorsqu'elle est administrée en dose suffisante, l'apparition du syndrome de sevrage habituellement lié à la privation d'héroïne et bloque l'envie irrésistible de consommer.
La décision prise par les responsables marocains d'introduire la méthadone dans la liste des traitements tombe à point nommé. La situation est devenue préoccupante ces dernières années vu le nombre des personnes en proie à l'addiction. L'alcool, le hachich et les psychotropes, mais également la cocaïne et l'héroïne sont autant de matières qui se sont banalisées notamment parmi les jeunes.

Des mafias internationales spécialisées dans le trafic des drogues ont commencé à utiliser le pays comme une zone de transit pour acheminer leurs poisons vers les pays européens. Malheureusement, une partie de ces drogues est écoulée dans le marché local. La situation est d'autant plus préoccupante qu'une faible diffusion des connaissances et outils permettant de réduire les risques encourus parmi les usagers des informations est relevée. Selon l'enquête nationale de 2004 sur la prévalence de l'abus et de la dépendance aux substances narcotiques, 4,1% des personnes interrogées ont reconnu avoir utilisé une substance psycho-active durant les 12 derniers mois qui ont précédé l'enquête.

Par ailleurs, 2,8% des enquêtés sont dépendants à une ou plusieurs drogues. Dans les villes du Nord, à titre d'exemple, où le prix d'une dose ne dépasse guère les 20 dirhams, le nombre des personnes s'adonnant à des drogues intraveineuse a sensiblement augmenté. Outre l'impact sanitaire, psychique et économique de la dépendance à ces stupéfiants, ces dernières facilitent également la diffusion de maladies virales dangereuses comme le VIH-Sida et les hépatites.
Bien évidemment, une approche sécuritaire même si elle est importante n'est pas suffisante à elle seule. Un grand effort reste à fournir concernant la sensibilisation des populations cibles et les prestations offertes dans les structures de santé. Pour rappel, le coût quotidien d'une cure de désintoxication dans une unité publique s'élève à 200 dirhams. Un tarif hors de la portée de nombreuses familles. Pour contrer l'invasion des drogues, une stratégie nationale est mise en œuvre actuellement au Maroc pour la prise en charge des dépendants.

Le pays dispose déjà de plusieurs unités spéciales à Salé, Casablanca, Fès, Tanger, Tétouan, Al Hoceima et Nador. Les responsables affichent l'ambition de créer dans deux années 14 unités couvrant tout le territoire national. Le ministère a procédé également à la formation de 53 addictologues, en partenariat avec les Facultés de Rabat et Casablanca. L'objectif est d'assurer annuellement la prise en charge de 10.000 personnes "addictes".

Effet
La méthadone supprime les symptômes de sevrage. L'injection d'héroïne est remplacée par une dose équivalente de méthadone prise par voie buccale. Cette dose est ensuite réduite pendant une période d'environ deux semaines.
Les personnes dépendantes sont par la suite stabilisées avec une dose d'entretien. Une stabilisation qui peut durer de six mois à deux ans. Sans un suivi thérapeutique, il a été démontré que les programmes de méthadone sont inefficaces. Son activité maximale se situe entre 2 et 4 heures post-ingestion.
La demi-vie de la méthadone est relativement longue et l'effet d'une seule dose chez un patient stabilisé peut durer de 24 à 36 heures, ce qui lui permet de fonctionner normalement sans symptôme de sevrage ni de somnolence.
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