Moutons point com !

Le compte à rebours est lancé. A moins d'une semaine de l'Aïd Al Adha, l'achat du mouton est le sujet qui domine les discussions dans presque tous les foyers marocains, au travail, dans les cafés... La concurrence pour la vente des ovins s'intensifie en cette période dans les souks, les garages et même dans les ruelles…
Seulement, depuis quelque temps, certains vendeurs se tournent vers de nouvelles techniques afin d'attirer une plus grande clientèle. Il s'agit de la vente de mouton par le biais d'Internet.
C'est la dernière tendance au Maroc. Il suffit de faire une petite recherche dans un site d'annonces (section animaux) pour s'apercevoir que ce ne sont pas les offres qui manquent. Des dizaines d'éleveurs ont décidé d'opérer via la toile pour vendre leurs ovins et toucher une nouvelle catégorie de clients.

Cela leur permet d'économiser l'argent du loyer (qui est encore plus cher cette année à cause des élections) et donc de proposer des prix plus intéressants. «De nos jours, tout se fait par Internet. Je me suis donc dit pourquoi ne pas essayer de vendre mes moutons en utilisant cette méthode. Cela va sans doute me permettre de toucher une nouvelle catégorie de consommateurs avisés, et barrer ainsi la route aux intermédiaires «chennaca», qui enflamment le marché par leur spéculation souvent abusive», indique Mohamed, éleveur et propriétaire d'une ferme à Bouznika. «Nous essayons donc, par cette démarche, de maintenir une relation directe entre nous (éleveurs) et les clients (consommateurs). De cette façon, nos clients ne payent que le prix du bétail sans additifs», poursuit-il.
Pour se démarquer, les vendeurs internautes usent de leur savoir-faire et de leur ingéniosité pour attirer plus de clients. «Lorsque je défile les pages des sites des annonces, je me rends compte que nous sommes nombreux à tenter cette expérience. J'essaye donc de mettre en valeur certains arguments pour capter l'attention des futurs acheteurs. En ce qui me concerne, j'offre aux clients l'opportunité d'acheter directement leur mouton à la ferme, élevé dans la pure tradition et sous surveillance vétérinaire. Ils ont un grand choix entre les différentes races de moutons (sardi, bergui, timehdit) et différentes formes à un prix très abordable.

Enfin, mes clients ont également la possibilité de laisser leur mouton à la ferme jusqu'au jour de l'Aïd», explique Mohamed. En consultant les offres de vente d'ovins en ligne, on peut facilement se rendre compte que la tendance, cette année, est aux moutons «élevage bio». Plusieurs vendeurs mettent en avant cet argument. «Afin de satisfaire notre clientèle, nous tâchons de lui offrir du bétail de bonne qualité, alimentés bio : orge, blé, maïs, soja, fève, pulpe de betterave, son de blé… Nous leur proposons également la livraison de leur mouton. Certains clients, avec qui nous avons établi une relation de confiance, ont même commandé leur mouton sans l'avoir vu», indique Hassan, éleveur et propriétaire d'une ferme dans la région de Benslimane. Est-ce que cela marche? Apparemment oui. Les éleveurs confirment avoir reçu beaucoup de clients depuis la publication de leurs annonces en ligne. Houcine, jeune ingénieur et père de famille, est également prêt à le confirmer.

Cette année, il tente l'expérience pour la deuxième fois après avoir été satisfait l'an dernier. Il fait partie de ceux qui trouvent qu'acheter son mouton par Internet est bien plus efficace que parcourir les marchés traditionnels. «Au début, l'idée m'a paru bizarre, mais j'ai quand même tenté ma chance et je n'ai pas été déçu, donc c'est à refaire. Je trouve que sur le web, les prix sont plus raisonnables, alors que dans les souks, ils varient fortement d'un vendeur à un autre et restent très chers à cause des intermédiaires qui font flamber les prix à leur guise», explique-t-il.

Approvisionnement national

Les offres en ovins et caprins destinés à l'abattage de l'Aïd sont estimées à 6 millions de têtes cette année alors que la demande est estimée à 5,1 millions de têtes, dont 4,7 millions d'ovins, a annoncé le ministère de l'Agriculture et de la Pêche maritime, la semaine dernière dans un communiqué. La comparaison entre l'offre et la demande montre que les disponibilités couvrent la demande, précise-t-on de même source. Le ministère souligne que les transactions commerciales des animaux d'abattages à l'occasion de l'Aïd Al Adha 1432 permettront de réaliser un chiffre d'affaires dépassant les 7,8 milliards de dirhams, dont la grande partie sera transférée au milieu rural, permettant ainsi aux agriculteurs de faire face aux dépenses des autres activités agricoles. S'agissant des prix des animaux destinés au sacrifice de l'Aïd Al Adha, ils sont soumis à la loi de l'offre et de la demande et varient selon la qualité, la race, l'âge des animaux et en fonction du lieu de vente et de la date de rapprochement du jour «j».