Le mystère de la bactérie Eceh toujours pas dénoué
La traque de la bactérie Eceh se poursuivait dimanche alors que des milliers de personnes ont été infectées, sans que l'on sache où et comment, et que 19, dont 18 en Allemagne, en sont mortes.
Selon le laboratoire européen de référence pour l'Escherichia coli (Eceh), les analyses ne permettent pas de dire que ces aliments sont à l'origine de l'infection.
LE MATIN
05 Juin 2011
À 13:28
Des journaux allemands se transformaient en détectives mais aucune de leurs pistes n'était confirmée. Les autorités sanitaires respectaient le week-end et n'étaient pas plus joignables que jeudi, jour férié. Vendredi les spécialistes avaient dit constater une stabilisation de l'épidémie. Selon des quotidiens, la bactérie aurait peut-être fait un 19e mort, dans le Brandebourg (nord-est, Etat fédéré autour de Berlin). Mais la victime, un homme d'une cinquantaine d'année, souffrait de multiples autres infections ce qui ne permet pas d'incriminer l'E.coli entérohémorragique (Eceh) avec certitude. La souche de la maladie a été identifiée par l'Organisation mondiale de la santé comme une forme rare d'une bactérie Escherichia coli, "0104:H4". Cette souche était déjà connue, a affirmé l'organisation mais ce serait la première fois qu'elle est décelée à l'occasion d'une épidémie. Selon l'OMS, 12 pays ont déjà signalé des cas de contamination par cette bactérie qui provoque des hémorragies du système digestif et, dans les cas les plus graves, des troubles rénaux (syndrome hémolytique et urémique, SHU). Des cas tous liés à l'Allemagne.
En revanche, le vecteur de contamination, qui touche plus particulièrement les femmes, reste inconnu. Les légumes ont été rapidement incriminés. Mais rien n'est moins sûr désormais. Selon le laboratoire européen de référence pour l'Escherichia coli (Eceh), les analyses ne permettent pas de dire que ces aliments sont à l'origine de l'infection. "L'alarmisme envers la consommation des légumes est injustifié (...) car les analyses de laboratoire n'ont pas permis de soutenir l'hypothèse que des légumes contaminés étaient à l'origine de l'infection", a-t-il affirmé dans un communiqué vendredi. Ce laboratoire, situé à l'Institut supérieur de la santé (ISS) de Rome, a aussi déconseillé l'usage d'antibiotiques pour lutter contre la maladie, alors que pour l'instant les traitements se sont révélés inefficaces pour enrayer la maladie.
"Pour cette infection particulière, la thérapie antibiotique n'est pas conseillée, elle peut même être contre-productive en causant une augmentation du relâchement de la toxine", précise-t-il. Seule certitude donc pour l'instant: le foyer de l'épidémie se trouve dans le nord de l'Allemagne, où la plupart des décès ont été enregistrés. Ce qui ne signifie pas que la bactérie en est originaire. Tandis que les scientifiques planchent sur des centaines d'échantillons, la police fluviale de la région enquêtait auprès des restaurateurs et grossistes.
L'hebdomadaire Focus évoquait samedi la possibilité que la maladie se soit propagée lors d'une fête à Hambourg qui, du 6 au 8 mai, a rassemblé 1,5 million de personnes. Le premier cas aurait été enregistré une semaine plus tard au centre hospitalo-universitaire de la ville.En raison de cette crise qui provoque des pertes financières abyssales pour les producteurs de légumes, les ministres européens de l'Agriculture seront très probablement convoqués à Luxembourg pour une réunion extraordinaire, mais pas avant le 17 juin, selon des sources diplomatiques à Bruxelles.
La viande pointée du doigt par un expert de l'OMS
L'infection par la bactérie tueuse Escherichia coli serait véhiculée non pas par les légumes mais par la viande, selon un expert de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), cité samedi par le quotidien italien La Repubblica. «Habituellement, ce micro-organisme vit dans les intestins des bovins et peut donc se retrouver dans de la viande crue comme le tartare mais également dans les hamburgers», a expliqué Donato Greco, épidémiologue expert en maladies bactériennes auprès de l'OMS. L'expert, qui a écarté aussi que la contagion puisse être le fait d'une contamination de l'eau, a mis en garde contre l'usage dans le cas d'espèce des antibiotiques comme thérapie. Les antibiotiques «risquent de détruire encore plus la flore naturelle de l'intestin et d'être de ce fait contreproductifs», a-t-il soutenu. Vendredi, un laboratoire de référence européen, dont le siège se trouve à Rome, avait déjà souligné que les analyses de laboratoires ne permettaient pas de dire que les légumes sont à l'origine de l'infection par la bactérie tueuse. «L'alarmisme envers la consommation des légumes est injustifié (...) car les analyses de laboratoire n'ont pas permis de soutenir l'hypothèse que des légumes contaminés étaient à l'origine de l'infection», avait assuré le Laboratoire européen de référence pour l'Escherichia coli (Eceh) dans un communiqué. «Les analyses réalisées sur des échantillons de concombres suspects (...) ont par ailleurs clarifié définitivement qu'ils n'étaient pas contaminés» par la bactérie tueuse, selon cette structure installée auprès de l'Institut supérieur italien de la santé (ISS).