Spécial Marche verte

La chirurgie esthétique gagne du terrain

Depuis quelques années, les interventions chirurgicales esthétiques connaissent un essor impressionnant dans notre pays. Les Marocains n'hésitent plus à casser leur tirelire pour changer leur apparence physique.

La chirurgie esthétique est devenue une source de bien-être personnel, une thérapie pour laquelle on est prêt à dépenser de coquettes sommes et même contracter des crédits.

15 Décembre 2011 À 18:04

"Remodeler sa silhouette, effacer ses rides, se refaire le nez, hausser les pommettes, augmenter sa poitrine… sont des actions qui étaient, il y a quelques décennies, impossibles, mais qui sont devenues aujourd'hui assez fréquentes. Même si certains restent réticents, faute de moyens ou de peur de se retrouver avec un visage qui ressemble à celui de Mickey Rourke, Meg Ryan ou encore Donatella Versace, qui ont tous affreusement raté leur «chirurgie esthétique», d'autres sont preneurs sans hésitation. Les Marocains ne dérogent pas à la règle. En effet, les préjugés qui entouraient la chirurgie esthétique disparaissent petit à petit dans notre société marocaine. Ce genre de pratique commence à se démocratiser. «Sincèrement, je trouve qu'il n'y a aucun mal à vouloir être beau.

Quand la chirurgie esthétique a pour but de corriger légèrement un visage ou une partie du corps, pourquoi pas ? Tant qu'on n'en abuse pas, et que le médecin est réputé pour la qualité de son travail, autant en profiter.
Aussi, quand une personne, très complexée par une partie de son corps et qui en souffre beaucoup, peut être soulagée et retrouver confiance en elle par une intervention chirurgicale, à mon avis, il faut tenter le coup», témoigne Jihane, jeune casablancaise.

Loubna Lemseffer, psychologue, explique cet engouement pour la chirurgie esthétique au Maroc par une augmentation du culte de l'apparence qui ne permet aucun défaut, qui sévit dans le monde et qui a atteint le pays depuis quelques années. «La multiplicité des médias, nationaux et internationaux, avec leur lot de stars «parfaites» incite les Marocains à ressembler à cet idéal. De plus, la démocratisation de ces pratiques, auparavant exclusives à une élite, favorise cela», indique-t-elle.
Pour répondre à la demande croissante, on assiste à une prolifération des chirurgiens plasticiens au Maroc. Cette spécialité séduit davantage de praticiens. Il suffit de taper «Chirurgien esthétique Maroc» sur le moteur de recherche Google, pour qu'une longue liste de noms de médecins s'affiche sur l'écran. Rien qu'à la ville de Casablanca, une dizaine de cliniques esthétiques existent. Il est presque impossible de joindre les médecins le matin. Ces derniers sont débordés de travail. Ils sont soit dans le bloc opératoire soit en consultation. «Le planning du médecin est trop chargé aujourd'hui. Elle sera au bloc toute la journée. Elle ne rentrera qu'au coup de 16h», répond une assistante d'une chirurgienne plasticienne.

La chargée de communication d'une clinique esthétique à Casablanca confirme aussi l'engouement des Marocains pour la chirurgie esthétique. «Nous recevons des clients étrangers mais aussi beaucoup de Marocains, hommes et femmes, toutes catégories d'âge confondues. Il nous arrive de recevoir des adolescents qui souffrent de complexe et qui veulent s'en débarrasser, comme nous pouvons recevoir des quinquagénaires ou sexagénaires qui souhaitent effacer les traces du temps. Les interventions varient selon le besoin du patient (implants mammaires, greffes de cheveux, rhinoplastie, lifting... Cependant, la liposuccion reste l'intervention la plus demandée», explique-t-elle. La chirurgie esthétique n'est plus une pratique réservée aux catégories aisées de la population. Même les moins aisés recourent à la chirurgie esthétique. C'est devenu une source de bien-être personnel, une thérapie pour laquelle on est prêt à dépenser de coquettes sommes et même contracter des crédits. C'est le cas de Mouna, une commerciale dans la trentaine qui n'a pas hésité à prendre un prêt pour «exaucer son rêve» et augmenter le volume de sa poitrine. Avoir recours à la chirurgie esthétique n'est plus une obsession féminine. Le sexe fort s'adonne aussi, sans complexe, au culte des apparences.

Selon des statistiques révélées récemment par l'Association marocaine de la chirurgie plastique, reconstructive et esthétique, le pourcentage des hommes marocains fréquentant les cliniques esthétiques serait passé de 5% à 25% (par rapport aux femmes) lors des dernières années. Selon l'association, les préoccupations des Marocains qui consultent sont généralement semblables à celles des Marocaines. Lifting, comblement des rides, rhinoplastie, liposuccion, greffes de cheveux telles sont les interventions les plus sollicitées par les patients.

Les éternels réticents

Si la chirurgie esthétique séduit aujourd'hui beaucoup de Marocains, il convient d'indiquer qu'elle ne fait pas l'unanimité. Certaines personnes sont réticentes et le resteront. «Je ne ferais jamais une chirurgie esthétique. On doit s'accepter tels que nous sommes. Les rides, par exemple, marquent notre vécu. Idem pour les changements corporels. Je suis comme je suis, un point c'est tout», indique Karima. «Ma meilleure amie a refait le nez et le menton, ratage total. Le chirurgien lui a fait un nez trop petit par rapport à son visage. De plus, elle était très jolie avant. C'est vraiment dommage. Le naturel a toujours son charme et même s'il y a quelques petites imperfections, sur lesquelles nous avons tendance à faire une fixation ; la plupart du temps, les autres ne les remarquent même pas», poursuit-elle."
Copyright Groupe le Matin © 2024