D'année en année, le paysage culturel marocain s'enrichit de nouvelles manifestations et infrastructures qui traduisent une réelle volonté de faire de la culture un levier de développement.
LE MATIN
30 Juillet 2011
À 15:06
Riche d'un patrimoine ancestral, jalousement préservé, le Maroc ne s'est pas contenté d'entretenir son folklore allant petit à petit vers la mise en place d'une industrie de la culture dont les bienfaits socioéconomiques ne sont plus à démontrer. Grâce à des événements d'envergure internationale, le Royaume a su beaucoup gagner en visibilité sur la scène mondiale, ce qui le conforte davantage dans sa situation de pays où la culture s'érige en choix stratégique pour l'épanouissement du citoyen et la dynamisation de différents genres culturels.
C'est le cas, à titre d'exemple, du festival Mawazine qui permet, le temps d'une semaine, à la ville de Rabat de meubler la vie culturelle et de drainer une assistance cosmopolite à la grande satisfaction de secteurs comme celui de l'hôtellerie. C'est ainsi que le taux d'occupation des hôtels et autres établissements d'hébergement à Rabat ont tenu la dragée haute, le temps de cette manifestation, à ceux de Marrakech et Agadir. Cela sans oublier l'impact économique et commercial indéniable de pareils événements. D'autres rendez-vous, tel le Festival international du film de Marrakech, propulsent le pays au devant de la scène culturelle internationale, grâce à la présence de légendes vivantes du 7e art et à la large couverture médiatique internationale qui s'ensuit. Une notoriété qui a pour corollaire d'impulser la production du septième national, en dépit du problème endémique de la disparition continue des salles obscures, question qui mérite qu'on se penche dessus sérieusement.Un autre festival, comme celui de Gnaoua, a par exemple permis à Essaouira de changer de statut et de devenir une des destinations les plus prisées, tant par les Marocains que par les étrangers. Une attraction qui a permis à cette petite ville de se développer en se dotant d'importantes infrastructures.
Il y a toute une série d'initiatives à citer dans ce sens, dont la création récente du Musée du Rif qui a pour but la «réhabilitation de la mémoire du Rif en particulier, et des Marocains en général, et entend également contribuer au développement global de la région». Il en va de même de la mise en place des «Archives du Maroc», une institution dédiée principalement à la sauvegarde du patrimoine archivistique national, assurer la constitution, la conservation, l'organisation et la communication des archives à des fins administratives, scientifiques, sociales ou culturelles. Une initiative qui fait d'ailleurs suite aux recommandations de l'Instance équité et réconciliation en matière d'histoire, de mémoire et d'archives.
Quant à la lecture, elle demeure le parent pauvre du paysage culturel, en raison essentiellement du manque d'engouement des Marocains pour le livre. Un désintérêt que le foisonnement des nouvelles technologies ne fait qu'accentuer. Seuls quelques best-sellers arrivent à trouver preneur dans les librairies, malgré un intérêt croissant porté au livre, grâce notamment à l'organisation d'un Salon international de l'édition et du livre (Casablanca) qui, malgré une affluence remarquable, reste incapable de résoudre la crise de la lecture dans le Royaume, en l'absence d'actions et d'initiatives à fort impact dans ce domaine.
La Constitution au service de la culture
Toutes les réalisations citées, parmi tant d'autres, sont en effet le fruit d'une politique de promotion de la culture, entamée il y a plus d'une décennie et promue, aujourd'hui, à un rang encore plus élevé à la faveur de la valorisation de la culture dans le texte constitutionnel, notamment par l'officialisation de l'amazigh en tant que langue officielle, aux côtés de l'arabe. Mieux encore, la nouvelle Constitution reconnaît les multiples «affluents» de la culture marocaine (arabe, africain, Hassani ou encore amazigh), corroborant ainsi le choix irréversible du Maroc de s'ouvrir sur son entourage régional et international tout en préservant le cachet qui est le sien. Car en parallèle à cette «révolution de la culture», le Royaume ne cesse de déployer des efforts pour préserver d'autres manifestations, plus anciennes qui, elles, constituent une mémoire vivante du Maroc et des Marocains.