Naissance de SAR Lalla Khadija

La rude bataille des bastions

Fès, considérée comme vivier électoral du parti Istiqlal depuis de longues années, s'avère, dans le contexte politique actuel, une ville où plusieurs formations politiques se disputent les circonscriptions et le vote de ses habitants.

Fès n'est pas la ville d'un seul parti politique ni d'un seul homme politique.

22 Novembre 2011 À 17:55

Fès est-il encore le vivier électoral dans lequel le parti Istiqlal pouvait puiser à pleines mains ? La question s'impose dans un contexte politique marqué par une nouvelle Constitution et de nouvelles donnes. La ville est, en fait, dominée par le Parti Istiqlal mené par le président du Conseil de la ville Hamid Chabat. Il mène une guerre sans merci contre ses adversaires de l'USFP, du PJD et du PAM, torpille leurs projets et promet un nouveau raz-de-marrée de l'Istiqlal à Fès. Pour Mehdi Idrissi, enseignant chercheur en sciences politiques à l'Université de Sidi Mohamed Ben Abdellah, il s'avère difficile de faire des pronostics partant du contexte politique actuel, avec notamment l'apparition de nouveaux acteurs et courants politiques. Fès, selon lui, n'est pas la ville d'un seul parti politique ni d'un seul homme politique même si elle est appuyée par un solide réseau de partisans. C'est une ville plurielle malgré la prédominance du parti Istiqlal. «Il y a l'entrée en scène du parti PAM qui n'existait pas lors des dernières élections législatives. Il y a aussi l'USFP qui entame son retour dans la scène politique de la ville avec deux poids lourds, en les personnes des ministres Ahmed Réda Chami et Mohamed Ameur. Et puis, le PJD qui perce sur la scène politique depuis 2002. Il ne faut pas non plus oublier les autres partis qui mènent aussi le combat électoral. Et en fin, personne ne connait, en l'absence de sondages, les intentions de vote des habitants de Fès», explique-t-il.

En effet, l'USFP à Fès, après les échecs essuyés et un passage à vide, tente de se repositionner sur l'échiquier politique. Il table sur deux ministres pour redorer son blason. «Nos concurrents essentiels ont commencé à perdre le terrain et c'est l'USFP qui va y récupérer sa place normale et historique. Au niveau régional, nous sommes très optimistes d'obtenir cinq à six sièges», affirme Aouraghe Mohamed, secrétaire régional de l'USFP. De son côté, le PJD à Fès, vaincu dans plusieurs batailles électorales face à Chabat, s'impose aujourd'hui comme une force avec une expérience électorale de plus de 14 ans. Ses candidats se disent confiants des choix des Fassis. Abdellah Abellaoui, tête de liste à Fès Nord, reconnaît toutefois son «inquiétude face à l'accréditation par plusieurs partis à Fès, des mêmes symboles de la corruption et de l'utilisation de l'argent sale».

«La balle est dans le camp des électeurs pour faire barrière à ces candidats …. Elle est aussi dans celui de l'Etat qui doit veiller au respect des règles du jeu et à la lutte contre l'utilisation de l'argent sale», ajoute-t-il.
Pour Omar Fassi Fihri, tête de liste à Fès Sud, les habitants de la ville ne sont pas dupes et sont las des promesses électorales sans lendemain. «Ils ont le choix d'être un acteur déterminant dans la constitution du prochain gouvernement …», précise-t-il lors d'un récent meeting à Fès piloté par Abdelillah Benkirane le secrétaire général du PJD.

A signaler aussi que le PAM tente de s'imposer. « Nous avons effectué beaucoup de ménage en interne pour finalement mettre en avant des candidats plus crédibles. Et cela devrait augmenter nos chances pour ces élections législatives. Nous tablons aussi sur le vote sanction à l'encontre des candidats symboles de la corruption et ceux qui veulent asseoir leur emprise sur la ville avec l'utilisation de l'argent sale», souligne M'hamed Loukmani, inspecteur des finances et candidat du PAM à Fès-Nord.

Pour sa part, le PPS joue la carte de la jeunesse. Son jeune candidat de 28 ans, Mohamed Bekkali, tête de liste à Fès Nord, se dit confiant même face aux poids lourds de la politique. «J'ai rejoint les rangs du parti et il y a juste trois mois. Mais j'ai l'avantage de naître et de grandir dans le quartier Al Marinyine qui enregistre à chaque épreuve électorale un taux de participation élevé», précise-t-il au journal le Matin.
Pour haranguer les foules, l'UC a choisi une grande marche dimanche, du quartier Ben Debbab jusqu'à son siège au centre-ville au Boulevard Allal Ben Abdellah. «Nous avons opté pour cette marche qui a mobilisé près de 3.500 partisans pour inciter les gens à voter et faire barrière à ceux qui appellent au boycott des élections…», indique Driss Adel, coordinateur régional de l'UC à Fès.

Les autres partis comme le RNI, le MP mènent aussi campagne, chacun à sa manière, avec leurs vieux routiers de la politique pour gagner confortablement un ou deux sièges au Parlement.

Répartition des sièges par circonscription lors des législatives en 2007

Le parti Istiqlal a prédominé les élections législatives en 2007 en reportant trois sièges : un à la circonscription Fès-Sud par Hamedoun Jaouad et deux à la circonscription de Fès-Nord par Hamid Chabat et Mohamed Haddad. Il est talonné par le PJD qui a remporté deux sièges par Lahcen Daoudi (PJD) à Fès Nord et Abdellaoui Abdellah à Fès Sud. L'USFP s'est contenté d'un seul siège remporté par Jawhar Mohammed à Fès Sud alors que le candidat à l'époque du RNI, El Bekkali Abdeslam, a remporté l'autre siège de Fès Sud. Le PPS a, de son côté, remporté un seul siège à Fès Nord.
Copyright Groupe le Matin © 2024