Dans le cadre des Journées du patrimoine, des portes ouvertes sont organisées à la Place Mohammed V, l'ancienne médina, les Habous et le boulevard Mohammed V autour du Marché central.
De nombreux monuments livreront leur histoire à travers des parcours de découverte et des visites guidées.
LE MATIN
05 Avril 2011
À 15:57
Pendant trois jours, les Casablancais pourront découvrir quelques édifices mythiques de leur métropole. Les 15, 16 et 17 avril, le quartier des Habous et le centre-ville seront investis par les amoureux de l'architecture de «Dar El Beïda» ainsi que par les passionnés de l'histoire d'une ville exceptionnelle comme Casablanca. «De nombreux monuments livreront leur histoire à travers des parcours de découverte et des visites guidées. Des animations jalonneront cette découverte originale permettant au grand public de s'approprier cette mémoire collective», affirment les organisateurs.
Ainsi les 16 et 17 avril seront réservés à la découverte de la richesse et de l'authenticité des monuments de Casablanca. Une occasion de voir la ville autrement, de l'appréhender par son histoire, ses anecdotes, son architecture et ses hommes. Selon les organisateurs, le patrimoine «bidaoui» qui fait école pour une ville en mouvement est malgré tout vulnérable. D'où le souci incessant de faire découvrir au plus grand nombre de personnes, cette richesse architecturale «qu'il faut protéger et sauvegarder parce que ce patrimoine appartient à notre mémoire collective».
Afin d'imprégner les visiteurs de l'histoire de chaque monument intégré au programme, 150 guides bénévoles et volontaires seront mis à la disposition du public de 11h à 17h. Mieux encore, des guides touristiques auront une formation spécifique sur le patrimoine Art Déco afin d'encourager les touristes à découvrir l'autre face de la capitale économique.
«Les hommes d'affaires qui visitent Casablanca avec leurs familles ont envie de visiter les monuments architecturaux de la ville, mais l'absence d'un programme spécifique fait souvent défaut. Ainsi, la formation des guides touristiques s'avère actuellement nécessaire », indique Abderrahim Kassou, architecte et président de l'association Casamémoire.
Même son de cloche chez Said Mouhid, directeur général du Conseil régional du Tourisme (CRT): «La culture est essentielle pour développer le tourisme au sein d'un espace urbain. Les hommes d'affaires en visite à Casablanca doivent y trouver un riche programme culturel mais aussi un patrimoine architectural intéressant,d'où le besoin de donner une formation complémentaire aux guides touristiques casablancais ainsi qu'à ceux qui viennent des autres villes».
Outre la valorisation du patrimoine Art déco, les organisateurs de cette 3e édition des journées du patrimoine visent également à sensibiliser les citoyens, notamment la nouvelle génération à l'importance des joyaux architecturaux de la ville. Et ce pour mieux les protéger. Ainsi, le vendredi 15 avril, tout un programme d'initiation au patrimoine et à l'histoire architecturale a été mis en place au profit des écoles en collaboration avec l'Académie régionale de l'éducation et de la formation (AREF).
Des activités éducatives autour de la ville et de ses monuments seront proposées aux jeunes enfants. Ces derniers pourront aussi exploiter avec les enseignants des pistes pédagogiques mises à leur disposition. «On insiste sur le travail de sensibilisation avec les écoles pour avoir une génération qui s'intéresse au patrimoine », explique Abderrahim Kassou.
Il est à noter que les visites de cette 3e édition concerneront la Place Mohammed V, l'ancienne médina, les Habous et le boulevard Mohammed V autour du marché central. Néanmoins, Casamémoire pense à intégrer d'autres sites dans son programme au cours des prochaines éditions. «On a la volonté d'ouvrir l'évènement sur d'autres quartiers mais pour l'instant on ne veut pas éparpiller nos efforts et on préfère offrir aux visiteurs un évènement de qualité en attendant d'avoir les moyens d'organiser d'autres circuits», souligne A. kassou. En attendant de pouvoir découvrir l'histoire du Hay Hassani ou Hay Mohammadi, les participants aux journées du patrimoine ont actuellement l'occasion de visiter le laboratoire expérimental d'architecture de Casablanca qui trouve son origine et son essor dans sa Médina.
Casablanca en 1913
La Grand'Place constitue la première place administrative de Casablanca, ville dont la vocation est, dès les années 1900, le commerce et les affaires. Elle réunira les principales administrations et édifices de la ville. Pôle des loisirs officiels, civils ou militaires, cette place, initialement dénommée Grand'Place, rebaptisée Place de la Victoire, puis Place Lyautey, ensuite Place Administrative, Place des Nations unies pour s'appeler aujourd'hui place Mohamed V, répond au programme d'aménagement d'Henri Prost. Au départ, de vastes terrains de camps militaires constituent cet espace qui se verra affecté dès 1913 à la création de cette place où devront être centralisés tous les organes directifs militaires et civils de la cité moderne. C'est sur cette place, articulation idéale entre les quartiers d'affaires et la médina, que s'élèveront le Palais de Justice, l'hôtel du commandement militaire, l'hôtel de ville, l'hôtel des postes, le Cercle militaire et plusieurs immeubles qui accueillent bureaux, commerces et restaurants installés aux rez-de-chaussée dont la particularité est de surplomber l'esplanade. Proche de l'architecture publique de la Turquie kemaliste des années 20, la démarche consiste à élaborer des ordonnances modernisées pour les parties centrales des bâtiments, associées parfois à un traitement plus abstrait des annexes. La rencontre entre la lecture de l'art islamique pratiquée par l'équipe de Lyautey et la vision d'une architecture moderne inscrite dans la tradition se révèle féconde et novatrice. Une assimilation nouvelle des types locaux apparaît.